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Une exigence de réalité en perception

Pour Edmund Husserl et Maurice Merleau-Ponty, la perception est une voie d’accès fiable à la réalité. Confrontés à certains problèmes qui pourraient remettre en doute la fiabilité de la perception, ils argumentent en faveur de solutions en apparence analogues. En retraçant le détail de leurs solutions à deux de ces problèmes – la transcendance de l’objet et la possibilité de l’illusion –, l’objectif de ce mémoire sera de démontrer qu’il existe, en dépit de leur accord apparent, une opposition fondamentale dans leur manière d’envisager la perception. En effet, pour Husserl, la perception d’un objet réel et la perception d’un objet illusoire sont intrinsèquement indiscernables, et seule une différence contextuelle permet donc de les départager. Nous argumenterons qu’en adoptant cette position, c’est-à-dire en réduisant la différence entre l’illusion et la perception véridique à une simple différence contextuelle, Husserl révoque le privilège ontologique de l’acte perceptif : la perception n’est pas une voie d’accès fiable à la réalité, parce qu’elle est toujours, au final, potentiellement illusoire. Nous verrons cependant que Merleau-Ponty permet de sortir de cette impasse en expliquant qu’il y a une bel et bien une différence intrinsèque entre l’illusion et la perception véridique. Ce faisant, Merleau-Ponty parvient à démontrer la primauté ontologique de l’acte perceptif. Mieux que Husserl, Merleau-Ponty est dès lors à même de montrer en quoi et comment la perception est une voie d’accès fiable à la réalité. / According to Edmund Husserl and Maurice Merleau-Ponty, perception is a reliable path to reality. Confronted with various problems challenging perception’s reliability, they argue toward similar solutions. By comparing their solutions for two problems, namely the possibility of illusion and object transcendence, this Master’s thesis argues that, in spite of their apparent agreement on how to solve the above issues, Husserl and Merleau-Ponty defend fundamentally incompatible views concerning perception. Notably, according to Husserl, genuine and illusory perceptions are fundamentally (intrinsically) indistinguishable. Il follows that only a contextual difference allows the subject to distinguish them. We will argue that, in admitting only a contextual difference between illusion and genuine perception, Husserl revokes perception’s ontological privilege : perception is not a reliable path to reality, since it is always potentially illusory. By way of contrast, Merleau-Ponty avoids such a conclusion, since his account admits a fundamental difference between illusion and genuine perception. Merleau-Ponty can then argue for the ontological primacy of perception, which, in turn, allows him to demonstrate better than Husserl why and how perception is a reliable path to reality.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/19115
Date12 1900
CreatorsGohier Drolet, Laurent
ContributorsDoyon, Maxime
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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