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Fondements théoriques et origines de l’Union européenne : la récursivité de l’élargissement comme principe ordonnateur du modèle communautaire

Cette thèse suggère que l’avènement d’un discours proprement européen au milieu du XXe siècle a pour corollaire la genèse d’un espace dénationalisé : la communauté politique européenne. L’Union européenne est donc envisagée comme la performance et le produit de l’européanité. Définie comme « les Européens en train de parler Europe », l’européanité est l’acte de langage (Austin, 1970) qui associe le « nous » au territoire communautaire, suscitant ainsi les conditions de possibilité de son existence. Cas tout à fait particulier dans le monde interétatique contemporain, cet espace, fondé de manière intersubjective par les Européens en train de discuter collectivement des modalités du vivre ensemble, n’est pas délimité par la ligne de partage des souverainetés (Raffestin, 1986). À l’image d’une communauté européenne jamais stabilisée et existant toujours dans un devenir politique (Deleuze, 1975), le territoire européen est en constante expansion, systématiquement plus étendu dans le discours que dans ses frontières administratives temporaires.

Depuis la Déclaration Schuman (1950) proclamant la communauté « ouverte à la participation des autres pays d’Europe » jusqu’aux négociations d’adhésion en cours avec les États de l’ex-Yougoslavie, l’européanité déborde littéralement des frontières étatiques. Ce surplus (Derrida 1979) est périodiquement cristallisé, mais jamais endigué, par l’élargissement. L’analyse synchronique du discours (Saussure, 1972) montre que plus l’européanité est partagée, plus elle crée de sens et plus elle s’étend de manière à la fois verticale (approfondissement) et horizontale (élargissement). Cet excédent permet la récursivité de l’élargissement pacifique des frontières de l’européanité, causant une rupture dans le cycle de la nécessité de répondre à la violence par la violence, caractéristique du fondement de l’État (Benjamin, 2012). La construction européenne est fondée dans la performance politique de la communauté européenne. L’ordre européen qui en découle repose sur la construction du premier « nous » politique moderne débarrassé de sa contrainte étatique. Cette recherche se veut une contribution à la réflexion sur l’élaboration d’une théorie fondamentale de l’UE.

Grâce à l’étude approfondie des élargissements de l’espace politique européen entre 1972 et 2012, c’est un cadre pour l’étude de la nature de la construction européenne qui est développé à travers la démonstration que l’analyse du discours n’est pas un simple outil méthodologique, mais qu’elle constitue une véritable théorie de la construction du politique, et, partant, de l’intégration européenne.

Identiferoai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/30428
Date January 2014
CreatorsBélanger, Marie-Ève
ContributorsPaquerot, Sylvie
PublisherUniversité d'Ottawa / University of Ottawa
Source SetsUniversité d’Ottawa
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThesis

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