L’étude qui nous concerne vise à mieux comprendre la violence en milieu carcéral. C’est à l’aide d’entrevues menées auprès de treize hommes incarcérés à l’Unité spéciale de détention, une unité canadienne spécifiquement conçue pour loger des personnes qui ont fait usage de violence intra murale ou sont soupçonné de l’avoir fait, que nous avons tenté d’atteindre l’objectif principal de ce projet. Plus spécifiquement, le point de vue des participants a été recueilli sur l’incarcération, sur les moyens utilisés afin de s’accoutumer aux défis de l’enfermement ainsi que la manière dont les individus justifient l’usage de violence dans ce contexte.
Les résultats de nos analyses suggèrent que le milieu carcéral est un monde hostile et imprévisible où les individus se perçoivent constamment vulnérables à de multiples formes d’agression. Placés en hyper vigilance et orientés vers la survie, les détenus font usage de diverses stratégies d’adaptation afin de répondre aux situations difficiles qu’ils rencontrent en contexte de perte de liberté. La violence représente donc un des moyens dont disposent les individus pour survivre à l’intérieur des murs. Les diverses formes d’adaptation violente rencontrées en milieu carcéral peuvent ainsi informer sur les enjeux de survie présents dans un milieu et donc, du risque de violence ou de victimisation dans ce milieu, que cette violence soit interpersonnelle, collective, auto dirigée, axée sur la fuite ou contre les biens. Puisque l’usage de violence par une personne engendre une possibilité accrue de choisir la violence pour une autre, et ce, avec les conséquences qui s’en suivent pour les détenus et les membres du personnel, nous avons tenté d’identifier et de comprendre les diverses logiques d’action qui motivent le choix d’avoir recours à la violence dans les institutions carcérales.
Or, il appert que certaines caractéristiques des individus tendent à faire augmenter le risque pour une personne d’avoir recours à la violence carcérale. De même, il semble que certaines institutions sont davantage propices à l’usage de violence que d’autres. De surcroît, des éléments appartenant aux individus et au milieu en interrelation semblent favoriser la possibilité qu’un condamné fasse usage de violence intra murale. Ainsi, le recours à la violence est davantage probable si elle est légitimée par les individus et le milieu, si le niveau d’adhésion aux valeurs des sous-cultures délinquantes des individus est élevé et si la philosophie du milieu en favorise le maintien, si des groupes influents en quête de contrôle et de pouvoir sont présents dans le milieu et qu’un individu désire y être affilié, s’il y a présence de marchés illicites comme réponse à la privation et qu’un individu y participe ou encore, si le milieu et l’individu sont pris dans l’engrenage d’un climat de survie. Par conséquent, une réflexion concernant le sentiment de sécurité préoccupant les reclus, sentiment qui est un besoin fondamental chez tous les êtres humains, un retour sur les divers modèles théoriques en fonction des données que nous avons obtenues ainsi qu’une réflexion portant sur les moyens dont disposent les individus et le milieu afin de diminuer les possibilités que la violence soit utilisée, ont été amorcées en conclusion. / The purpose of this study is to gain a better understanding of prison violence. To meet this goal, thirteen men were interviewed at the Special Handling Unit, a Canadian unit specifically designed to accommodate the security needs of individuals who have previously used, or are suspected of having used, serious acts of violence within a correctional setting. More precisely, the point of view of these men was collected regarding general prison life, the means they use in order to adapt to imprisonment as well as the way they justify the use of violence in this environment.
The results of this research project suggest that prisons are hostile and unpredictable environments. Incarcerated individuals perceive a constant threat of violence to themselves. In a constant state of alert to survive, inmates use different strategies to deal with the difficult situations they encounter within the prison walls. Violence is only one of the means used by inmates to adapt to their environment and has many different forms such as interpersonal violence, collective violence, self-directed violence, escapism or destruction. Such violent acts may serve as signs that violence and victimization are taking place in an environment. Since the violent conduct of an individual tends to increase the risk of using violence for another, with the subsequent consequences to inmates and correctional personnel, we attempted to comprehend the different logics that support violent action within prisons.
As such, it appears that certain individual traits tend to increase the likelihood that a person will resort to violence as a solution. The data also suggests that violence is a more common response in some institutions rather than in others. Furthermore, this study has found relationships between individual and prison environmental characteristics that tend to highly increase the possibility that an inmate will choose violence. More precisely, it is more probable that violence will be used by a person: if it is legitimized by that individual as well as the environment; if the individual’s level of compliance to the values of delinquent subcultures is high and these subcultures are supported by the philosophy of the environment where he is placed; if influential groups seeking power and control are present within the institution and the individual wishes to associate with such groups; if illicit markets were created in the prison as a response to deprivation and the inmate has involvement in such markets; and if both the individual and the environment are in a state of helplessness due to their focus on survival. In conclusion, a reflection concerning the inmate’s need for safety, which is a common basic need for all human beings, an overview of the data obtained in this project pertaining to theoretical models offered by past literature on prison violence as well as thoughts on strategies available to inmates and prisons to limit the risk of violence being used are presented.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/11479 |
Date | 10 1900 |
Creators | Phillips, Trina |
Contributors | Vacheret, Marion |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
Page generated in 0.0033 seconds