L’esclavage noir en Amérique espagnole des XVIe et XVIIe siècles à travers les documents juridiques. Dans le cadre de ce travail, nous avons traité dans un premier temps la question des différentes justifications de l’esclavage depuis l’Antiquité jusqu’à l’Époque moderne par les théories aristotéliciennes de l’esclavage par nature, les écrits bibliques ainsi que la question raciale telle qu'elle pouvait être perçue à l'époque. La condamnation officielle de l'esclavage des autochtones américains finalement prononcée par les autorités espagnoles va laisser toutes la place au trafic des esclaves d'origine africaine même si le gros des transactions sera laissé aux marchands portugais qui se lancent dans un commerce à grande échelle qui va durer plus de trois siècles. Dans ce contexte, on analyse comment l’homme noir devient « l’autre » depuis le moment de sa capture et de sa vente en Afrique puis durant sa captivité et durant la traversée avant sa revente en Amérique, comment la personnalité ainsi que le droit naturel à la liberté et se gouverner lui-même lui sont ôtées et niées. Il subit une privation générale de ses droits qu’ils soient naturels ou positifs. Par conséquent, l’esclavage commence par un processus de plusieurs phases de transitions brutales jusqu’à son arrivée en Amérique espagnole.Les traductions et transcriptions de documents authentiques et inédits glanés dans les différents dépôts d'archives nous ont permis de composer un corpus de lois de l’esclavage noir le plus exhaustif possible. Son étude approfondie nous permet de dégager des tendances et observer la complexité du monde colonial. En effet, l’Amérique espagnole des XVIe et XVIIe siècle est un monde violent où la personnalité de l’homme noir est saisie presque uniquement à travers la brutalité, notamment le port d’arme, l’ivresse, les vols, les regroupements dans la rue de jour ou de nuit et les fuites qui le mènent à créer des palenques durablement installés dans les montagnes, ce qui provoque l’inquiétude grandissante chez les Espagnols, en peine pour canaliser cette caste noir et mulâtre toujours plus nombreuse en particulier dans les pôles urbains. Ainsi, il est intéressant de montrer quelles sont les relations qu’entretiennent les différents groupes en présence. Les relations sociales en particulier entre Indiens et Noirs sont d’une dureté inattendue même si parfois des élans de solidarités contre l’ennemi commun apparaissent. Grâce au rôle d’intermédiaires entre leur maître et les Indiens, les Noirs dans un sentiment nouveau de supériorité numérique, s’assimilent aux Espagnols et commettent de nombreux abus et mauvais traitements à l’égard des natifs par mimétisme et phénomène compensatoire. Ainsi que nous proposons à travers l’étude de différents documents juridiques, on ne peut lire ce monde de manière manichéenne où la place de chacun n’est pas figée mais plutôt en perpétuel mouvement est composé d’Espagnols oisifs, de Noirs qui s’enfuient pour échapper à leur maître, d’Espagnols qui les aident en leur fournissant des denrées alimentaires pour survivre, d’autres Noirs qui essaient d’occuper des postes assez haut placés réservés aux Blancs, d’autres encore qui devenus affranchis sont faits soldats par les autorités pour assurer la protection des villes portuaires de l’empire, des relations entre Noirs et Indiens tour à tour conflictuelles et solidaires, des mulâtres de plus en plus nombreux. On notera que dans de rares cas, esclaves ou maîtres font preuve de solidarité, d’empathie et de compassion envers autrui. / In this work, we first dealt with the question of the different justifications of slavery from Antiquity to the Early Modern Age through Aristotelian theories of slavery by nature, biblical writings and the racial question as it could be perceived at the time. The processes that lead to the use of Blacks as labour and leading to large-scale slave trade and the different areas of work in which they are employed have been described. In this context, we analyse how the black man becomes "the other" from the moment of his capture and sale in Africa, then during his captivity and the crossing before his resale in America, how the personality as well as the natural right to freedom and to govern himself are taken away and denied. He is subjected to a general deprivation of his rights, whether natural or positive. Therefore, slavery begins with a process of several phases of brutal transitions until it arrives in Spanish Colonial America.The translations and transcriptions of authentic and unpublished documents gleaned from the various archives have enabled us to compile a body of laws on black slavery that is as exhaustive as possible. Its in-depth study allows us to identify trends and observe the complexity of the colonial world. Indeed, Spanish America of the 16th and 17th centuries was a violent world where the personality of the black man was seized almost exclusively through brutality, including the carrying of weapons, drunkenness, robberies, street gatherings during the day or at night and the fleeing that led him to create palenques permanently installed in the mountains, which caused growing concern among the Spanish, struggling to channel this black and mulatto caste ever more numerous, especially in urban centres. Thus, it is interesting to show the relationships between the different groups involved. Social relations, particularly between Indians and Blacks, were unexpectedly harsh, even if sometimes there were surges of solidarity against the common enemy. Thanks to the role of intermediaries between their master and the Indians, Blacks, in a new sense of numerical superiority, assimilated to the Spanish and committed numerous abuses and illtreatment of the natives by mimicry and compensatory phenomena. As we propose through the study of different legal documents, we cannot read this world in a Manichean way where everyone's place is not fixed but rather in perpetual movement is composed of idle Spaniards, Blacks who flee to escape their master, Spaniards who help them by providing them with food to survive, other blacks who tried to occupy fairly high-ranking positions reserved for whites, others who became liberated were made soldiers by the authorities to ensure the protection of the empire's port cities, relations between blacks and Indians, alternating between conflict and solidarity, and an ever-increasing number of mulattoes. It should be noted that in rare cases, slaves or masters show solidarity, empathy and compassion towards others.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2019UBFCC003 |
Date | 08 February 2019 |
Creators | Perrey, Laura |
Contributors | Bourgogne Franche-Comté, Chaulet, Rudy |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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