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Le complot dans l'imaginaire Arabo-Musulman

La notion du complot dans l'imaginaire arabo-musulman trouve son origine dans la Fitna (la Grande Discorde) vers 656. Les guerres entre les compagnons du prophète ont été imputées par plusieurs érudits musulmans à un seul homme: Abdallah Ibn Sabaâ (un Juif converti à l'Islam). C'est lui qui, d'après plusieurs théologiens et même des intellectuels musulmans actuels, a monté le complot contre le troisième calife Othman en 656 et du coup il était responsable des divergences des musulmans pendant cette période. Cette mentalité d'imputer ses erreurs historiques à l'Autre trouve son expression dans la culture arabo-musulmane. Cela est fomenté le plus souvent par un refus catégorique d'expliquer rationnellement les bouleversements historiques. En effet l'histoire politique musulmane retient que le concept de l'Umma repose sur le rêve d'une société homogène, où toute contestation, politique ou religieuse, est rejetée car suspecte. Ce qui explique le développement de la rhétorique du complot dans la culture arabo-musulmane, depuis la Fitna, en passant par les croisades, les invasions mongoles... etc. Plusieurs événements, tragiques certes, sont expliqués par "un complot contre la nation musulmane". Cette idéologie fut acceptée par la population musulmane comme idéologie de ressentiment et d'amertume, car elle se dégage de toute responsabilité. Par ailleurs, elle était machiavéliquement cultivée par la classe dirigeante musulmane, à des fins politiques. L'idée de la conspiration va atteindre son point culminant dans les guerres israélo-arabes à partir de 1949 et même avant. Le discours nassérien et nationaliste arabe, après la guerre de 1967, pour expliquer la défaite, avance qu'Israël et les Etats-Unis ont comploté contre la nation arabe pour entraver sa renaissance et son développement. D'autre part, les facteurs les plus importants de la crise culturelle contemporaine du discours culturel arabo-musulman se situe dans la tentative d'identifier les composantes de la culture occidentale mondialisée, avec la peur ou la hantise pour sa culture nationale, son identité culturelle, et sa spécificité nationaliste héritière d'un legs historique important. D'où une culture arabo-musulmane contemporaine perçue comme un rapport déséquilibré entre la perception et l'action, entre le "penser" brouillé et l'agir vague. En outre, on peut ajouter que depuis la marginalisation de la réflexion philosophique et du rationalisme, vers le 11ème siècle, la culture arabo-musulmane a été paralysée par la persistance des superstitions. Ajoutons à cela l'analphabétisme et la primauté du fatalisme, sans oublier le manque d'esprit critique, la propagation de la mentalité du déni, où les erreurs ne sont pas avouées, et le verrouillage du système politique. C'est ainsi que la mentalité du complot s'érige comme un raccourci mental et un détour de la critique interdite et une liberté limitée, absente ou étouffée. Elle est même devenue un paravent pour celer toutes les difficultés, dont souffre la société arabo-musulmane. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Arabe, Complot, Imaginaire, Islam, Juif, Musulman, Théorie.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.1065
Date January 2008
CreatorsOurya, Mohamed
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeMémoire accepté, PeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://www.archipel.uqam.ca/1065/

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