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De Aurore à Aurore : la représentation de l'enfant dans le cinéma québécois de fiction pour adultes, 1951-2005

L'enfant est devenu, au cours du XXe siècle, le centre des préoccupations sociales. Les sociétés occidentales en ont fait un objet de recherche en même temps qu'un sujet à chérir et à protéger. En témoignent l'adoption de la Déclaration des droits de l'enfant par l'Organisation des Nations Unies en 1959, la proclamation d'une Année internationale de l'enfance -1979 -, de même que la floraison d'ouvrages scientifiques concernant l'enfant. Le Québec participe de ce même courant: la mise en place d'outils juridiques en faveur de la protection de l'enfance, depuis les années cinquante, ainsi que les diverses réformes qu'a connues le système d'éducation québécois depuis la Révolution tranquille traduisent cet intérêt. Les lieux communs définissant la conception contemporaine occidentale de l'enfant -partagée par le Québec -pourraient s'énoncer comme suit: pureté, innocence, spontanéité, vulnérabilité, droits et protection de l'enfant. Le cinéma québécois, lieu culturel propice au reflet de réalités sociales, donne pourtant de l'enfant une image différente. Celui-ci grandit dans une famille dysfonctionnelle, souffre de négligence parentale et semble excessivement lucide. Dans la mesure où le cinéma participe à la culture d'une société et à la construction de représentations identitaires, la figure de l'enfant, symbole de continuité et de renouvellement, mérite d'être questionnée. Ce mémoire a donc pour but de dégager la représentation de l'enfant faite par le cinéma québécois de fiction pour adultes et de discuter de celle-ci en regard de la vision contemporaine occidentale de l'enfant. Nos recherches nous ont permis d'identifier quatorze films dans lesquels un enfant tient un rôle principal, depuis La petite Aurore l'enfant martyre (Bigras, 1951) jusqu'à Le ciel sur la tête (Lefebvre et Melançon, 2001). Tous ces films constituent notre corpus filmique. Notre recherche s'appuie sur les savoirs relatifs à l'enfant -histoire, psychologie, droit -, à la représentation de l'enfant, à l'histoire du cinéma québécois et au langage cinématographique. Au moyen d'une analyse de type sémiotique, nous interrogerons la représentation de l'enfant sous diverses facettes: le personnage d'enfant lui-même, ses milieux d'appartenance -famille, école, société -, les rapports qu'il entretient avec eux, de même que les thématiques et enjeux qui lui sont liés dans les films. La figure dominante de l'enfant qui ressort de l'analyse porte les traits suivants: il s'agit d'un être égocentrique, asocial, ne fréquentant ni l'école ni ses semblables, capable d'une pensée et d'un discours lucides, grandissant dans une famille aliénante et n'ayant ni passé ni futur. Cette image de l'enfant, en décalage par rapport à la vision contemporaine occidentale de l'enfant, nous amène à dire que le personnage enfantin est un prétexte pour exprimer une vision du monde propre à l'adulte. Elle est en cela tout à fait cohérente avec les valeurs qui caractérisent la génération qui l'a construite, soit celle des baby-boomers: jeunesse éternelle, rupture par rapport au passé, liberté individuelle et amour pour soi-même. L'adhésion de la critique et du public québécois à une telle figure soulève des interrogations quant à la place qu'a l'enfant dans la société québécoise et quant à la valeur qu'ont, pour les Québécois, la continuité et le legs aux générations futures.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.2116
Date January 2006
CreatorsPlante, Mélina
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeMémoire accepté, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://www.archipel.uqam.ca/2116/

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