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Quand le mouvement communautaire se fait entrepreneur : tensions et limites de l'économie sociale

La montée de l'économie sociale au Québec depuis les années 1990 a fortement interpelé les mouvements sociaux. Bien qu'il ait contribué au développement de l'économie sociale, le mouvement communautaire a pour sa part insisté pour que l'action communautaire soit différenciée de l'économie sociale dans les politiques gouvernementales. Cette demande était motivée principalement par deux raisons : premièrement, le mouvement craignait que son association à l'économie sociale l'oblige à générer des revenus autonomes, ce qui aurait facilité le désengagement de l'État à son endroit; deuxièmement, le terme « économie » était plutôt incompatible avec son identité. Or, l'engouement pour l'économie sociale a marqué l'imaginaire des milieux communautaires et a, dans certains cas, influencé les pratiques des groupes sur le terrain. Des organismes communautaires ont eux-mêmes mis sur pied des projets d'économie sociale pour tenter de développer de nouveaux services de proximité. La littérature indique effectivement que certains organismes ont adopté une démarche plus entrepreneuriale au cours de la période qui coïncide avec l'essor de l'économie sociale (Dumais, Camus et Tremblay, 2011; Rochefort, 2004; Caillouette, 2002). Mais comment un organisme, qui n'avait pas à l'origine d'activités marchandes, peut-il négocier un virage économique? Ce mémoire aborde de front cette question. À l'aide d'un cadre théorique s'inspirant de la sociologie des organismes communautaires et de la sociologie des mouvements sociaux, nous analysons la transformation d'un organisme communautaire sous l'effet de sa démarche entrepreneuriale. La transformation est traitée selon trois dimensions : la dimension institutionnelle, la dimension organisationnelle et la dimension identitaire. Le cas sélectionné est une table de concertation à Montréal qui a démarré un marché de fruits et légumes. L'analyse s'appuie principalement sur deux corpus : 11 entretiens individuels semi-dirigés réalisés avec les acteurs directement impliqués dans l'initiative du marché et une cinquantaine de documents internes de la table de concertation. Une séance d'observation participante a également été menée durant la tenue du marché. Les résultats montrent que la démarche entrepreneuriale crée des tensions importantes au sein de l'organisme. Cinq tensions ressortent davantage : 1) la difficulté à intégrer les usagers du marché dans les structures politiques, 2) le manque de compétences économiques, 3) la nouvelle dépendance aux ressources marchandes, 4) le malaise face à la tarification, et 5) la réticence à diversifier la clientèle du marché pour rentabiliser l'initiative. Ces éléments nous amènent à comparer le modèle organisationnel de l'organisme communautaire avec celui de l'entreprise d'économie sociale afin de voir ce qui les distingue. Finalement, nous tâchons d'identifier les limites de l'économie sociale, dans l'idée de jeter un regard critique, mais nuancé, sur ce phénomène.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : mouvement communautaire, organisme communautaire, économie sociale, démarche entrepreneuriale, sécurité alimentaire.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.5927
Date12 1900
CreatorsBergeron-Gaudin, Jean-Vincent
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeMémoire accepté, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://www.archipel.uqam.ca/5927/

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