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Les générations dans l'histoire littéraire

Avant d’être une réalité sociale, la génération vit dans les représentations et les discours. Elle souffre des transformations, même des mutations radicales, et ses différentes formes d’existence s’influencent mutuellement. L’histoire littéraire connaît surtout la notion controversée de « génération littéraire », entendue le plus souvent comme un critère de périodisation, qui ne tient guère compte de la présence ou de l’absence de vrais regroupements de (jeunes) écrivains. Pourtant, quand ceux-ci se manifestent, il s’agit plutôt de groupes restreints, faisant partie d’une unité discursive d’une génération très diverse. Ce qui donne une certaine cohésion aux jeunes écrivains qui ont à peu près le même âge à un moment donné, c’est le manque de reconnaissance à l’intérieur du champ littéraire. De plus, le même manque est ressenti par les jeunes en tant que membres d’une génération littéraire, mais aussi en tant que représentants d’une génération intellectuelle, historique ou sociale. Ces différentes formes d’existence d’une génération deviennent le sujet de prédilection de maints récits des jeunes écrivains. Afin de légitimer leurs produits culturels, ils utilisent une série de rhétoriques justifiant leur nouveauté et leur contemporanéité. Au bout du compte, le discours générationnel des jeunes écrivains est responsable de la persistence d’une représentation de la génération littéraire comme instrument nécessaire pour le « progrès » d’une littérature. Et, si la génération littéraire n’a parfois qu’une réalité discursive, le fait d’appartenir aux différents autres types de génération offre aux jeunes auteurs assez d’inter-reconnaissance pour reprendre, périodiquement, leur discours contestataire qui vise à imposer un nouvel ordre des positions à l’intérieur du champ littéraire. / Apart from their being a social reality, generations exist in discourses and in social representations. They bear transformations, radical mutations even, and their various forms of existence influence one another in the process. Literary history has so forth used especially the controversial concept of “literary generations”, generally understood as a criterion for periodization, regardless of the actual presence of groups of (young) writers. Yet, when these come to the fore, they are usually limited congregations belonging to a particular discursive unit of an otherwise very diverse generation. It is the lack of recognition inside the literary field that gives some sort of cohesion to these young writers. Moreover, they feel the same kind of privation not only as members of a literary generation, but also as part of an intellectual, an historical, or a social generation. As a consequence, these different forms of existence of a generation become a favorite topic in many stories written by these young writers. In order to legitimize their cultural products, they make use of a series of rhetorics that justify their novelty and their contemporaneousness. Ultimately, the generational discourse of young authors is responsible for the persistance of the representation of literary generations as a necessary tool for the “progress” of literature. And if literary generations are sometimes nothing more than discursive realities, the very fact of belonging to different other types of generation enables young writers to get enough mutual recognition to take up again, periodically, their discourse against literary authority and in favor of a new order of things inside the literary field.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QQLA.2009/26155
Date04 1900
CreatorsMoraru, Viorel-Dragos
ContributorsMoser Verrey, Monique, Saint-Jacques, Denis
PublisherUniversité Laval
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation
Formattext/html, application/pdf
Rights© Viorel-Dragos Moraru, 2009

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