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Sujet et représentation : essai sur le transcendantalisme, son sens problématique, topologique et relationnel

La philosophie classique va trouver chez Sartre, malgré les prétentions les plus révolutionnaires de ce dernier, son plus grand défenseur. S'il faut parler, à propos de Descartes, d'un centrement "cartésien" du sujet, et ce, en pleine révolution Copernici enne, il importe de comprendre que Sartre va redoubler, par sa théorie de l'intentionnelité, l'effet de centrement opéré par Descartes, lui aussi en pleine époque de décentrements. En effet, à l'instar de Descartes qui assure la primauté ontologique de la conscience contre le malin génie, le Dieu trompeur, la folie et le rêve, Sartre va réassurer la primauté ontologique d'un être qui , dorénavant, n'est que "pour-soi", et ce, contre tout déterminisme, qu'il soit d'ordre psychanalytique, sociologi que, économique ou autre. Par sa théorie du néant, Sartre ne fait au fond qu'infi ni ti ser la substance cartésienne à un degré d'être qui manque justement de tout ce qu'il faut pour "être". Ainsi, cet être ne saurait être déterminé autrement que par une reprise intentionnelle. Par là, et bien qu'il évacue de la conscience toute représentation pour laisser ouvert le vide stratégique qu'est le néant, Sartre n'en garde pas moins toute sa portée à la pensée représentât!ve, dans la mesure justement où le substrat de la Représentation, à savoir le Sujet, est maintenu intact, comme est demeurée intacte la théorie de l'adéquation qui assure que le connaissant "n'ajoute rien à la nature du connu". En ce sens, dans la mesure où l'ordre des valeurs prime sur l'ordre du réel , il nous faut parler, sur le plan épistémologique, du cartésianisme de Sartre. Sartre demeure un penseur pré-critique et ce, jusqu'au tout dernier tome de son étude sur Flaubert. Il faudra attendre le transcendantalisme kantien, la constitution philosophique de la finitude, pour que le sujet cartésien soit véritablement ébranlé et le régime de l'adaequatio bouleversé, par le schématisme notamment. Nous voulons dire par là, et d'une manière plus générale, que la révolution copernicienne opérée par Kant constitue le seuil de notre modernité. l'épistémè structurale y trouve ses premiers fondements, ceux justement que Sartre va chercher à contourner. La philosophie du sujet se voit chez Kant retirer tout privilège. On ne retrouvera donc pas, comme chez le penseur de Koenisberg, d'"assomption du sujet" comme on a trop souvent l'habitude de le répéter, mais bien, comme le diront Lacoue-Labarthe et Nancy, son "exténuation". La subjectivité transcendantale ne doit pas être soumise à une lecture cartésienne. Il nous est apparu que par le transcendantalisme se trouve ouverte une problématique du sens en dehors de la pensée représentative, le sens comme "production de sens”. C'est là, dans ce qui nous semble constituer une "théorie générale des productions" (Deleuze), que la pensée structurale trouve son unité la plus profonde, désinvestissant le sujet libre, conscient et volontaire ainsi que le régime classique de l 'adaequa t i o. Ainsi, sur un même sol, ou si l'on préfère, dans un même espace, vont converger des penseurs aussi différents que Foucault, Deleuze, Lévi-Strauss, Bourdieu, Faye, Althusser... Nous croyons, en effet, que le "recours" au transcendanta l i sme kantien permet d'éclairer, comme le montre J. Petitot, d'un regard nouveau les apories constitutives des sciences de l'homme en leur caractère structural et dynamique, à condition d'admettre que l'anthropologie kantienne qui constitue la première grande représentation de l'homme, fonctionne aussi comme son désinvestissement systématique. Le sujet kantien répondant à l'exigence première de sa philosophie est "problématique". A fortiori, nous ne saurions retrouver chez Kant, après la première Critique, quelque retour en force de la théologie. Celle-ci se verra, comme le sujet, transcendantalisée. seront soumis au règne d'une analysis situs. Di eu et l'homme Dès lors, le sens devra répondre à des exigences topologiques et relationnelles. Kant a ouvert une époque, la nôtre.

Identiferoai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/64640
Date January 1991
CreatorsQuinn, Andrew.
ContributorsGiroux, Laurent
PublisherUniversité Laval
Source SetsUniversité Laval
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typeinfo:eu-repo/semantics/doctoralThesis
Format2 volumes (761 feuillets), application/pdf
Rightsinfo:eu-repo/semantics/openAccess, https://corpus.ulaval.ca/jspui/conditions.jsp

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