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Identité, déplacement et différence dans trois textes autobiographiques féminins

Les récits autobiographiques modernes se distinguent par
leur hétérogénéité non seulement entre eux rnais à l’intérieur de
chaque texte. Trois textes, de facture autobiographique
équivoque, ont été choisis comme objets de cette étude parce
qu’ils illustrent cette hétérogénéité inter/intra-textuelle.
La Détresse et l’enchantement, de Gabrielle Roy,
représente le récit autobiographique supposérnent conventionnel,
garantissant la ‘véracité’ de son discours narratif par un
certain pacte de lecture; pourtant ce texte révèle une dimension
romanesque. Les Mots pour le dire, par contre, récit à saveur de
confidence de Marie Cardinal, est ambivalent dès le départ quant
à son statut: ii bascule entre des éléments romancés et les
souvenirs vérifiables, “événements vécus”, selon l’auteure.
Enfin, Les Samourals, roman à clefs de Julia Kristeva, s’éloigne
du récit-mémoires, rnais est lu comme une autobiographie à peine
voilée à cause des éléments correspondant à la vie de l’auteure.
La juxtaposition de ces trois récits montre que chaque texte se
situe à un point mobile sur un spectrum entre deux pôles
également impossibles à circonscrire—la fiction ou la ‘vérité’
pure. La fonction plutôt que la structure ou le style du texte
importe ici; esthétique dans le cas de Roy, thérapeutique chez
Cardinal et critique pour Kristeva.
L’autobiographie romancée, genre hybride ou “métissé”, est
privilégiée par ces écrivaines, toutes les trois déplacées
géographiquement et linguistiquement, ayant vécu un “métissage”
culturel. Le déplacement, associé à l’étrangeté, intervient dans
le récit et dans la narration pour engendrer un rnouvement
discursif où la différence entre le même et l’autre, entre l’ici
et l’ailleurs, étoffe la structure du texte. Les trois
écrivaines choisissent d’écrire en français, mais se considèrent
étrangères à la France. Pour ces femmes, leur ‘féminité’ (aussi
bien que leur exil) entre en jeu dans leur projet
autobiographique, cette double altérité se prolongeant dans
l’aliénation du moi/elle que produit la dimension fictive du
récit. L’analyse de ces trois récits montrera d’abord comment la
fiction s’immisce nécessairement dans le discours du ‘moi’
dédoublé et finit par imposer une texture/un métissage inhérent
et essentiel à sa facture. Par ailleurs, l’altérité, envisagée
sous le jour de l’étrangeté des autres et de soi—même, prend une
importance capitale dans le projet identitaire de ces auteures
expatriées. Enfin, l’écriture de ces trois femrnes conscientes de
leur féminité s’avère aussi individuelle que celle des
autobiographes masculins. Les trois parlent de leur rapport à la
mère/la maternité, mais leurs récits révélent des divergences
marquées par leur milieu, leur contexte socio—historique et leur
relation à la psychanalyse. Le passé qu’elles évoquent est
simple, imparfait ou composé, selon la fonction gui prime dans
le texte.
Ce que les trois auteures partagent, cest un désir de se
raconter et une foi dans le texte écrit comme moyen d’atteindre
l’autre à travers soi—même et soi—même à travers l’autre. / Arts, Faculty of / French, Hispanic, and Italian Studies, Department of / Graduate

Identiferoai:union.ndltd.org:UBC/oai:circle.library.ubc.ca:2429/7542
Date11 1900
CreatorsMeda, Marie-Paule
Source SetsUniversity of British Columbia
LanguageEnglish
Detected LanguageFrench
TypeText, Thesis/Dissertation
Format5889402 bytes, application/pdf
RightsFor non-commercial purposes only, such as research, private study and education. Additional conditions apply, see Terms of Use https://open.library.ubc.ca/terms_of_use.

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