Return to search

Le roman du délire. Hallucinations et délires dans le roman européen [années 1920-1940] / The delirious novel. Hallucinations and delirium in the European novel [1920s-1940s]

Ce travail tente de dégager le rôle de la représentation du délire dans la transformation du genre romanesque en Europe entre les années 1920 et les années 1940. L’étude s’intéresse donc aux crises d’hallucination et de délire qui ponctuent la narration dans plusieurs grands romans de langues anglaise [le chapitre 15 d’Ulysse de James Joyce et Mrs Dalloway de Virginia Woolf], allemande [Die Blendung d’Elias Canetti, Berlin Alexanderplatz d’Alfred Döblin et Le Loup des steppes de Hermann Hesse] et française [Voyage au bout de la nuit, Mort à crédit, Guignol’s band de Louis-Ferdinand Céline et Moravagine de Blaise Cendrars]. Si le délire romanesque est un enjeu dans ces années, c’est que son identification pose problème : les limites entre le réel et le délire sont en effet souvent brouillées. Dans certains romans, la prolifération du délire est telle qu’elle peut faire vaciller l’ensemble de la narration, le récit pouvant être interprété dans sa globalité comme le fruit d’un délire. Cette transformation n’est pas sans lien avec la révolution du champ de la psychopathologie qui bouleverse l’époque : les romanciers connaissent souvent assez bien les modes d’observation psychiatrique et s’intéressent de près à la psychanalyse, déjà très reconnue. Reste que le délire romanesque se dérobe aux lectures médicales : composé d’éléments hétérogènes et parfois impossibles, obéissant à des changements imprévisibles et déroutants, il échappe à une logique strictement individuelle, et ouvre à une représentation des troubles de l’époque. Introduisant une brèche dans la frontière entre fiction et réalité, il devient un espace politique où le roman s’interroge sur ses propres pouvoirs. / This study highlights the role of the representation of delirium in the transformation of the European novel between the 1920s and the 1940s. Of central importance are the hallucinatory and delirious episodes that punctuate the narration in several major novels in English [chapter 15 of Ulysses of James Joyce and Mrs Dalloway of Virginia Woolf], German [Die Blendung of Elias Canetti, Berlin Alexanderplatz of Alfred Döblin and Steppenwolf of Hermann Hesse] and French [Journey to the end of night, Death on the installment plan, Guignol’s band of Louis-Ferdinand Céline and Moravagine of Blaise Cendrars]. Delirium is an issue in these years because it can no longer be easily defined: the line between reality and delirium has become blurred. In some novels, the proliferation of delirium is so prevalent that it destabilizes the narration itself, inviting the reader to interpret the whole story as the result of delirium. This transformation is doubtless linked to the revolution of psychopathology that deeply affects the period: the novelists know, often well, the methods of psychiatric observation and follow closely psychoanalysis, which by this time was well established. But fictional delirium eludes purely medical readings: composed of heterogeneous and sometimes impossible elements, submitted to unpredictable and puzzling changes, it resists a singular explanation, and serves as a window into the troubles of the time. By breaching the boundary between fiction and reality, fictional delirium becomes a political space where the novel puts into question its own powers.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2010PA030131
Date10 December 2010
CreatorsSeurat, Alexandre
ContributorsParis 3, Morel, Jean-Pierre
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

Page generated in 0.0041 seconds