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Le devoir syndical de représentation sous l'angle de la Charte des droits et libertés de la personne: le cas des clauses" orphelin"

En raison des présentes transformations du marché du travail, le mouvement syndical est à la recherche d’un nouvel équilibre. Dans ce contexte plutôt changeant, réorganisations et flexibilité se négocient en échange d’une protection accrue pour ceux qui demeurent en emploi. Si d’une part, ceci mène à une prolifération de nouvelles formes d’emploi atypiques et de disparités de traitement, d’autre part la constitutionnalisation du droit du travail change le rapport quant à l’universalisme syndical. Nous nous sommes alors interrogée sur les impacts que cela peut avoir sur le devoir syndical de représentation. Prenant cela en considération, nous avons voulu au cours de notre recherche faire la lumière tant sur certains impacts de la négociation de clauses de disparité de traitement dans les milieux de travail syndiqués que sur les défis contemporains du droit du travail et de l’emploi. Cette thèse propre au champ d’études que sont les relations industrielles se distingue des autres recherches dans le même domaine en se concentrant sur l’effet empirique de la mise en œuvre d’une norme, par l’étude de deux cas suggestifs. Plus précisément, notre thèse avait comme principal objectif de répondre à la question suivante : Quels sont les effets sur l’acteur (action) syndical du recours à la norme d’égalité, à la suite la négociation de clauses « orphelin »? Pour y parvenir, nous avons dû reconstituer comment les acteurs syndicaux s’étaient approprié l’espace ouvert par la constitutionnalisation du droit du travail. Nous avons utilisé une méthode qualitative, impliquant une revue de la littérature sociohistorique, théorique et juridique, une analyse de la jurisprudence existant à ce sujet et l’étude de deux cas portant sur la négociation d’une clause « orphelin » le tout représentant soixante entrevues semi-dirigées dans plusieurs casernes et palais de justice.

Les connaissances acquises permettent au plan empirique une meilleure compréhension des interactions possibles entre acteurs, institutions et stratégies lors de la mise en œuvre de la norme d’égalité ainsi que des déterminants de l’action (ou de l’inaction) syndicale. Sur le plan pratique, nous espérons que notre thèse puisse guider toute personne ou tout groupe de personnes désirant mettre en œuvre des mesures égalitaires, tant pour éviter certains écueils reliés à ces actions ou réactions suscitées par la mise en œuvre du droit à l’égalité, que pour mesurer l’efficacité des actions entreprises. De surcroît, sur le plan théorique, nous croyons que de mettre à l’épreuve un modèle théorique recoupant stratégies et institutions permettra d’aborder les problèmes à la fois au niveau de l’acteur et au niveau structurel.

Les résultats obtenus aident à comprendre en quoi et comment peut se construire l’action syndicale dans certains (2) cas de mise en œuvre de la norme d’égalité. Le choix de différentes stratégies ne peut pas être dissocié des différents contextes économiques, sociaux et juridiques, ni des capacités stratégiques des différents acteurs en cause. Les principales contraintes identifiées ont pu être imputées tant aux structures de l’association syndicale qu’aux différents univers normatifs mobilisés. Les sources de tensions vécues dans les milieux à l’étude ont été rattachées notamment aux perceptions d’injustice et à la méconnaissance des différentes normes juridiques. En conséquence, il faut conclure que pour les associations syndicales (sans se restreindre à celles à l’étude), la question d’iniquité pourrait avoir de graves conséquences et non seulement sur le devoir de représentation. Nous avons spécialement souligné la fragilisation de leurs assises, dans leurs deux pôles d’actions : d’acteur économique (faille dans la capacité d’action traditionnelle) et d’acteur politique (climat hostile au syndicalisme). Nous souhaitons que l’acteur syndical puisse mobiliser, à la lumière des résultats de notre recherche, des arguments concourant à repenser l’action syndicale, que nous croyons être plus pertinente que jamais. Nous croyons également que les différents acteurs du monde du travail pourraient s’approprier certaines de nos recommandations afin de favoriser une citoyenneté au travail plus inclusive. / As a result of the present transformation of the labour markets, trade union movements are in constant search for a new equilibrium. If in this context of instability, reorganizations and flexibility are negotiated in exchange for increased protection for those who remain in employment. If on the one hand, this leads to a proliferation of new atypical forms of employment and disparities of treatment, on the other hand, the entrenchment of human rights law in the field of labour relation changes the relationship with the union majority rule. This has raised an important question about the impact this will have on the union's duty of fair representation. Taking this into consideration, we wanted in the course of our research to shed light both on the impacts of the negotiation of disparity of treatment (two-tier wage plan) clauses have on unionized workplaces and on the contemporary challenges of labour and employment law. While still being specific to our field of research (industrial relations), our work differs from other studies that have been carried out on this matter by focusing on the empirical effects of the implementation of the norm of equality through the analysis of two suggestive cases. More specifically, the main objective of our thesis was to answer the following question: What are the effects of the implementation of the norm of equality in unionized work environments in the province of Québec? In order to achieve this goal, we had to recreate how the trade union actors can fit within the entrenchment of human rights law. We used a qualitative approach, involving a review of historical, theoretical and legal literature, analysis of the existing jurisprudence on this matter and the study of two selected cases involving the negotiation of a "orphan" clause (representing sixty semi-structured interviews in total).

It was in our intention to demonstrate that gained knowledge from previous applications provides a better understanding on the empirical level of possible interactions between actors, institutions and strategies during the implementation of a strategy, as well as important determinants concerning the union action (or inaction). On a practical level, we hope that our thesis can guide any individual (or group of individuals) wishing to implement equality measures, both to avoid some of the pitfalls related to these actions or reactions to the implementation of the right to equality, and to measure the effectiveness of undertaken actions. Additionally, on a more theoretical level, we believe that testing a conceptual model overlapping different strategies and institutions will address these problems both at actor and structural level. The results we obtained provide insights into how and to what extent trade union action can be built in the case of equality norm implementation. The selection of different strategies cannot be disembodied from its economic, sociological and legal contexts, nor from the strategic capacities of the different actors involved.

The main constraints identified could be attributed both to the structures of the union association and to different normative spaces. The tensions experienced in the studied cases were linked to particular perceptions of injustice and lack of knowledge of different legal standards. Subsequently, we must come to the conclusion that the question of iniquity may have some serious repercussions for trade unions far beyond the duty of fair representation. We specially emphasize the weakening of their foundations, mainly in their two poles of action: as economic players (loophole in the traditional ability of action) and political actors (cultivating a climate that is hostile to unionism). Based on the results of our research, we want union actors to be able to mobilize concurrent arguments to rethink union action altogether, something we believe is more relevant than ever. We also believe that the different actors of today's working world could take ownership of the recommendations set forth in our work to foster a more inclusive citizenship at work.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/11074
Date04 1900
CreatorsGagné, Diane
ContributorsCoutu, Michel
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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