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Les intermédiaires en développement en Afrique subsaharienne : analyse comparative de Cotonou et de Lomé

La présente thèse porte sur les acteurs au sein des organisations non gouvernementales locales (ONG) qui, dans la configuration actuelle de l’aide internationale au développement, jouent un rôle de relais ou d’intermédiaires entre donateurs internationaux et populations bénéficiaires en Afrique subsaharienne. En analysant les trajectoires professionnelles de 32 femmes et hommes « leaders » dans des ONG de Cotonou (Bénin) et de Lomé (Togo), la thèse se propose d’appréhender les processus sociaux à travers lesquels ces individus deviennent intermédiaires dans les activités de développement. La recherche s’inscrit dans une approche théorique construite à la rencontre entre la perspective orientée vers l’acteur en socioanthropologie du développement, la sociologie de l’individuation et le paradigme des parcours de vie. La thèse prend également une posture comparative en contrastant, d’une part, les trajectoires professionnelles des intermédiaires du Bénin et du Togo, deux pays ayant connu entre les années 1990 et début 2000 des « destinées » opposées en ce qui a trait à leurs rapports avec les bailleurs de fonds étrangers. D’autre part, l’analyse compare deux générations d’intermédiaires et contraste l’expérience des intermédiaires féminins et masculins.
L’analyse montre qu’en premier lieu, les conférences nationales en 1990 au Bénin et en 1991 au Togo ont constitué un tournant important dans les trajectoires professionnelles des intermédiaires dans les deux pays, créant subséquemment, d’un côté, un contexte favorable aux intermédiaires du Bénin, et de l’autre, un environnement délétère pour ceux du Togo. Toutefois, au cours des dix dernières années, ces différences de conditions de travail se sont beaucoup atténuées et les défis relevés par les intermédiaires dans les deux pays sont à nouveau similaires; les contextes actuels sont caractérisés par un soutien étatique au minima, un champ d’activités très concurrentiel et politisé, une professionnalisation du champ, et une forte dépendance vis-à-vis des bailleurs de fonds extérieurs. En second lieu, l’analyse des récits de vie a permis de ressortir quatre types de profils des intermédiaires au moment où ils intègrent le champ des ONG : les « reconvertis », les « nouveaux diplômés des années 1990 », les « carriéristes », et les « activistes ». La comparaison générationnelle suggère en outre que les deux premiers types décrivent mieux les intermédiaires ayant commencé leurs activités avant les années 2000, alors que les « carriéristes » sont pour l’essentiel des intermédiaires de la jeune génération qui intègre le domaine de l’intermédiation après 2000.
Aussi, la recherche montre que pour entrer, mais surtout « durer », dans le champ des ONG ces individus utilisent divers réseaux politiques et associatifs et savent « manœuvrer », notamment en choisissant une « thématique porteuse », en veillant à maintenir une constante « visibilité » ou en ayant recours à des formations continues pour acquérir ou consolider des compétences recherchées par les bailleurs de fonds. Par ailleurs, l’analyse des trajectoires professionnelles féminines a révélé qu’alors que le poids des responsabilités familiales a fait que les « pionnières » de l’intermédiation sont entrées de façon tardive dans une profession dominée par les hommes, et se sont toutes focalisées sur des thématiques liées directement aux droits des femmes, les parcours de leurs cadettes sont bien différents. Ces dernières ne travaillent pas dans le traditionnel domaine du « genre », et même si elles reconnaissent aussi leurs difficultés à concilier responsabilités professionnelles et devoir familial, elles ne sont pas prêtes à mettre de côté leur carrière et ont une perception très différente de leurs aînées des rôles genrés au sein de la famille. / This dissertation focuses on individuals in local non-governmental organizations (NGOs) who, in the current configuration of international development, act as relays or intermediaries between international donors and recipient populations in sub-Saharan Africa. By analyzing the careers of 32 female and male "leaders" in NGOs in Cotonou (Benin) and Lomé (Togo), the dissertation aims to understand the social processes through which these individuals become intermediaries in the development arena. The research mobilizes a theoretical approach that combines the actor-oriented perspective in socio-anthropology of development, the sociology of individuation and the life course paradigm. This thesis also takes a comparative approach, first, by contrasting the careers of development intermediaries from Benin with those from Togo, two countries that experienced in the 1990s and early 2000s opposite fates in terms of their relations with international donors. Also, the analysis compares two generations of intermediaries and contrast the experiences of male and female intermediaries.
The analysis shows that, first, the Benin National conference of 1990 and the one in Togo in 1991 were turning points in the careers of intermediaries in both countries, by creating a supportive working environment for intermediaries in Benin, and, on the opposite, a deleterious context for those in Togo. However, over the past decade, these differences in working conditions have dwindled, and the challenges faced by intermediaries in both countries are once again similar; the current contexts are characterized by a limited state support, a very competitive and politicized working environment, a professionalization of the field, and a strong dependence toward external donors. Second, four types of intermediaries’ profiles at the time they enter the NGO sector emerged from the life history analysis: the "converted", the "new graduates of the 1990s," the "careerists" and the "activists". Generational comparison shows that the first two types best describe the intermediaries that started their activities before 2000, while "careerists" are mostly intermediaries from the younger post-2000 generation.
The research also shows that in order to enter, and more importantly to "last", in the NGO sector these individuals use various political and associative networks and develop various strategies such as choosing a “fashionable” field of interest, remaining “visible”, and constantly seeking trainings in order to acquire “marketable” expertise. In addition, the analysis of women's professional trajectories revealed that while “pioneers” female intermediaries entered the male dominated NGO sector late in their life due to their familial obligations and all worked in the area of women's rights, the experience of their younger counterparts are quite different. The latter work outside the traditional “gender” arena; and, although they also have difficulties reconciling work and family duties, they are not ready to give up their career, and they have very different perceptions of gender roles within the family than their older counterparts.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/13575
Date04 1900
CreatorsLawani, Ayemi A.
ContributorsCalvès, Anne
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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