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Responsabilité sociale des entreprises envers les employés et performance financière

Dans un contexte où les entreprises font face à des ressources limitées, à des contradictions entre les demandes des parties prenantes et à des impératifs de performance sociale et financière, cette thèse se penche sur la problématique de la relation entre la responsabilité sociale des entreprises et la performance financière. Particulièrement, cette recherche se focalise sur le conflit d’intérêts reconnu entre les actionnaires et les employés en étudiant la dimension « employés » de la responsabilité sociale des entreprises et sa relation avec la performance financière. Savoir si c’est la performance financière d’une entreprise qui lui donne les ressources nécessaires pour investir en responsabilité sociale envers les employés ou bien si c’est la responsabilité sociale envers les employés qui contribue à la prospérité financière de l’entreprise, ou les deux à la fois est un questionnement fondamental dans ce domaine.

Pour l’approfondir, cette thèse développe un cadre d’analyse original qui regroupe différents fondements théoriques et les adapte au cas spécifique de la responsabilité sociale envers les employés. Nous partons du cadre de référence traditionnel qui unit l’hypothèse de disponibilité des ressources et la théorie des parties prenantes que nous complétons avec les apports de la théorie des ressources et de la théorie néo-institutionnelle. Cette thèse innove alors en mobilisant la théorie néo-institutionnelle non seulement pour expliquer les déterminants de la responsabilité sociale envers les employés, mais aussi pour éclairer les mécanismes institutionnels reliant les diverses dimensions de la responsabilité sociale des entreprises à la performance financière.

Sur le plan méthodologique, cette thèse par article adopte un devis quantitatif qui mobilise plusieurs bases de données de responsabilité sociale des entreprises et de performance financière permettant d’inclure différentes approches d’opérationnalisation de ces deux concepts. Les méthodes d’analyse utilisées impliquent des régressions linéaires multiples, la méthode des études événementielles et les régressions sur des données de panel incluant la modélisation en vecteurs autorégressifs et le test de causalité de Granger.

Les résultats de cette recherche montrent en premier lieu que la performance financière influence positivement la responsabilité sociale envers les employés qui apparait comme un investissement nécessitant des ressources financières. En deuxième lieu, cette recherche montre que l’influence de la responsabilité sociale envers les employés sur la performance financière est positive sur le long terme (lorsque la performance financière est évaluée par des mesures boursières) mais négative sur le court terme (lorsque la performance financière est évaluée par des mesures comptables). En effet, alors que les actionnaires réagissent positivement à l’annonce de pratiques de responsabilité sociale envers les employés sur le marché boursier, la performance financière comptable d’une année donnée est influencée négativement par le niveau de responsabilité sociale envers les employés des trois années précédentes. On peut alors dire que la tension entre les intérêts contradictoires des employés et des actionnaires se confirme sur le court terme, mais que les intérêts finissent par se rejoindre sur le long terme. Ceci suggère que les gestionnaires doivent faire preuve de patience pour observer les retombées positives de la responsabilité sociale envers les employés. En troisième lieu, notre recherche montre une relation bidirectionnelle entre la responsabilité sociale envers les employés et la performance financière qui s’influencent mutuellement.

Cette thèse répond à plusieurs critiques adressées aux études sur la responsabilité sociale des entreprises notamment en désagrégeant le concept de responsabilité sociale des entreprises et en mettant de l’avant sa dimension « employés » qui est souvent occultée. Au niveau de la pratique, les résultats de cette recherche ont plusieurs retombées pour les entreprises, les investisseurs socialement responsables, les défenseurs de la responsabilité sociale des entreprises et les gouvernements. Par exemple, au-delà de renseigner les acteurs sur les facteurs qui amènent les entreprises à agir d’une manière socialement responsable envers leurs employés, les résultats montrent qu’il est possible d’être à la fois « un bon citoyen corporatif » et une entreprise capitaliste rentable, du moins sur le marché boursier. / In a context where companies face limited resources, conflicts between stakeholders’ claims and social and financial performance imperatives, this thesis examines the relationship between corporate social responsibility and financial performance. This research is particularly interested in the recognized conflict of interest between shareholders and employees and focuses on the « employees » dimension of corporate social responsibility and its relationship to financial performance. It aims to better understand this relationship and to investigate whether it is the firm financial performance that provides resources to invest in corporate social responsibility towards employees or whether it is the social responsibility towards employees that creates the resources and contributes to the financial prosperity of the company, or both.
This thesis develops an original conceptual framework that brings together different theoretical foundations and adapts them to the specific case of corporate social responsibility towards employees. The main framework combines slack resources hypothesis and stakeholder theory and is complemented with contributions from resource-based view and neo-institutional theory. In this thesis, neo-institutional theory is employed not only to explain determinants of corporate social responsibility towards employees, but also to describe the institutional mechanisms linking various dimensions of corporate social responsibility to financial performance.
The research design includes three quantitative studies use several databases of corporate social responsibility and financial performance. The analysis strategy involves multiple linear regressions, event study methodology and regressions on panel data including vector autoregressive models and Granger causality test.
Research results show that financial performance positively influence social responsibility towards employees, which appears as an investment requiring financial resources. The results also suggest that corporate social responsibility towards employees positively influence long-term financial performance (when financial performance is evaluated by stock market measures) but influence negatively short-term financial performance (when financial performance is evaluated by accounting measures). In fact, while the stock market reacts positively to the announcement of socially responsible practices towards employees, the bottom line of a given year is negatively influenced by the level of social responsibility towards employees of the previous three years. The conflicting interests of employees and shareholders are confirmed in the short term, but they seem to become reconcilable in the long term. This suggests that managers must be patient to be able to observe the positive effects of corporate social responsibility towards employees. This research also shows a bidirectional relationship between corporate social responsibility towards employees and financial performance.
This thesis responds to several corporate social responsibility studies’ limits. It disaggregates the corporate social responsibility concept and highlights its « employees » dimension, which is often overshadowed. This research also has several implications for companies, socially responsible investors, advocates of corporate social responsibility and governments. For example, beyond informing actors about the factors leading companies to act responsibly towards their employees, the results show that being a good corporate citizen and a profitable capitalist company can coexist, at least in the stock market.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/24663
Date01 1900
CreatorsAbid, Raja
ContributorsJalette, Patrice
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse

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