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La reconnaissance des musulmans en contexte de laïcité : médiation et dialogue chez Mohammed Arkoun et Tariq Ramadan

Certaines demandes de reconnaissance formulées par les musulmans sont parfois perçues comme autant de potentielles atteintes à la neutralité des États qui se veulent laïcs. Face à une population de plus en plus diversifiée sur les plans religieux et culturels, ces États doivent-ils repenser la place à aménager à cette diversité grandissante et parfois déconcertante? La religion musulmane encourage-t-elle une confusion des pouvoirs temporels et spirituels au point qu’il serait impossible pour un musulman de pratiquer son culte dans un contexte laïc?
Rejetant cette dernière hypothèse, qu’il attribue à une interprétation désuète de l’islam, Tariq Ramadan affirme qu'il est tout à fait possible d'être à la fois un musulman fidèle et un bon citoyen européen ou nord américain. De son côté, Mohammed Arkoun (2007) considère que cette confusion n’est pas de nature théologique, elle est plutôt le résultat du travail de l’histoire. Ramadan et Arkoun proposent chacun une pensée reliant islam et laïcité. Quelle est la contribution de ces penseurs dans le cadre des conflits entourant les demandes de reconnaissance des musulmans dans un contexte laïc?
Afin de penser le dialogue démocratique dans des sociétés contemporaines de plus en plus caractérisées par une « étrange multiplicité », James Tully (1999) s’inspire de L’Esprit de Haïda Gwaii, une œuvre du sculpteur haïda Bill Reid. Au milieu d’un canot, avec à son bord un équipage hétéroclite, se trouve le Chef (conçu comme un médiateur) qui prête une oreille attentive aux perspectives des uns et des autres. Par le biais de cette métaphore, Tully suggère un type d’accord constitutionnel respectueux des aspirations de chacun, tant à la liberté critique qu’à l’appartenance.
Inspirée par le travail de Tully et guidée par des principes herméneutiques tirés de la pensée de Gadamer, cette thèse propose d’approfondir l’analyse du rôle et de la contribution du médiateur. Ainsi, ce travail s’articule autour de l’hypothèse suivante : Soucieux d’apaiser ces conflits, le médiateur agit comme un critique social. Il propose de repenser le rapport entre islam et laïcité et cherche à faciliter le dialogue entre les parties en conflit. Dans ces circonstances, les notions de « subversion » et de « réforme » respectives à Arkoun et Ramadan incarnent toutes deux une pensée de la médiation. Cependant, la réforme de Ramadan s’appuie davantage sur la dimension de l’appartenance (médiation identitaire), tandis que la subversion chez Arkoun fait davantage appel à la liberté critique (médiation critique).

Identiferoai:union.ndltd.org:uottawa.ca/oai:ruor.uottawa.ca:10393/31632
Date January 2014
CreatorsFournier, Priscilla
ContributorsKarmis, Dimitrios
PublisherUniversité d'Ottawa / University of Ottawa
Source SetsUniversité d’Ottawa
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThesis

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