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L'autofiction théorique chez Virginie Despentes, Wendy Delorme et Beatriz Preciado: un genre trouble

La théorie queer et l’autofiction théorique, un statut générique qui recouvre plusieurs écrits postmodernes, sont intimement liées au renouveau féministe et à la résistance envers un essentialisme réducteur imposé tant par le patriarcat que par un féminisme libéral. En redéfinissant leurs rapports à la théorie et à l’action, certaines écrivaines féministes de la nouvelle vague explorent les nombreuses possibilités offertes par le discours postmoderne du soi. Considérant l’émergence de la théorie queer comme un moment charnière de l’évolution du féminisme, la présente recherche interroge les transformations survenues au cours des dernières décennies en ce qui a trait à la bicatégorisation du genre (littéraire et sexuel) et à la refonte des identités (sexe/genre/sexualité) à travers trois œuvres représentatives du genre littéraire qu’est l’autofiction théorique : King Kong théorie (2006) de Virginie Despentes, Insurrections! en territoire sexuel (2009) de Wendy Delorme et Testo Junkie (2008) de Beatriz Preciado. Avec un cadre d’analyse poststructuraliste, regroupant la théorie des scripts de la sexualité (Gagnon), les théories féministes de la performativité et du queer (Butler, Bourcier et Halberstam) ainsi que les théories de l’autofiction (Doubrovsky, Colonna et Lejeune), cette étude vise à évaluer, sur un horizon postmoderne, les effets de l’autofiction théorique sur la construction des rapports identitaires sexe/genre/sexualité des auteures/personnages/narratrices et, réciproquement, les effets de l'identité queer sur l’acte d’écriture féministe. Comme l’autofiction théorique est un genre littéraire très récent, l’un des objectifs de cette recherche était d’abord de le définir. Pour y parvenir, il fallait dresser la généalogie du genre, invoquant ainsi la fiction théorique d'écrivaines féministes québécoises des années 1970 et 1980 telles que Nicole Brossard et Louise Dupré, et en établir les caractéristiques dominantes, soit la radicalité du discours, la prépondérance des micropolitiques queer et l’utopie du devenir-Autre. L’objectif de l’analyse littéraire du corpus choisi était d’identifier, dans un premier temps, les voies empruntées par les autofictionnaires pour marquer leur séparation du discours hétéropatriarcal dominant et de statuer, dans un second temps, des effets réciproques de leur performativité et de leur écriture. Après un chapitre théorique situant précisément l’autofiction théorique au sein du paradigme postmoderne et du renouveau féministe, les trois œuvres du corpus sont étudiées indépendamment dans un second chapitre où l’analyse approfondie de celles-ci montre un éclatement des dyades esprit/corps et réflexion/émotion par une valorisation de l’expérience culturelle de genre. L’objectivité théorique et la subjectivité de l’expression de soi s’unissent dans une expérience concrète tant de l’altérisation des femmes que d’une vision queer du monde. Les discours des trois autofictionnaires constituent ni plus ni moins des voies de contestation des discours hégémoniques – tant sur un plan théorique que pragmatique – alliant ainsi déconstruction radicale et projet utopique. C’est d’ailleurs cet esprit de contradiction oxymorique qui constitue l’une des particularités prépondérantes de ce discours proposant une pensée queer positive qui comble un certain vide laissé par la déconstruction postmoderne.

Identiferoai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/44
Date January 2013
CreatorsLandry, Vincent
ContributorsBoisclair, Isabelle
PublisherUniversité de Sherbrooke
Source SetsUniversité de Sherbrooke
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeMémoire
Rights© Vincent Landry, Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 2.5 Canada, http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.5/ca/

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