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Mémoire d’une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir et La Bâtarde de Violette Leduc : performance d’un genre intellectuel féminin à l’ère du prêt-à-porter

Khribi, Yasmine 12 1900 (has links)
La littérature entretient un rapport à la mode, non seulement dans ses formes qui sont en dialogue avec l’époque, mais aussi dans ses sujets où la mode devient partie prenante du récit. L’avènement du prêt-à-porter en tant qu’« événement majeur » de l’après-guerre (Grau, 2007) remet en conflit les termes d’élégance et d’émancipation. La représentation de la femme du XXe siècle change ainsi au gré des tendances. Alors que le vêtement informe de moins en moins sur les repères sociaux culturels (il se neutralise et s’universalise), l’idéal féminin est fortement requestionné entre autres par les femmes de lettres françaises, témoins privilégiés de cette époque. Simone de Beauvoir et Violette Leduc rédigent deux ouvrages imprégnés de ce profond questionnement du soi féminin intellectuel et de la performance du genre. Mémoires d’une jeune fille rangée (Simone de Beauvoir, 1958) et La Bâtarde (Violette Leduc, 1964) en tant que romans d’apprentissage écrits par des femmes dans la France de l’après-guerre mettent de l’avant ce rapport à la mode comme construction du genre ; construction qui entre cependant en conflit avec la représentation de la femme intellectuelle de l’époque. La perception du genre chez Beauvoir et Leduc se manifeste alors et surtout à travers une tension relevée entre mode (exhibition de la féminité) et intellectualisme (exhibition de la neutralité) ; tension perceptible à travers les alternances du dit et du non-dit. Est-il possible de performer un genre féminin intellectuel ? Et de quelle manière cette performance se manifeste-t-elle ? Pour répondre à cette problématique, les études menées sur le Bildungsroman féminin (Labovitz, 1986 ; Šnircová, 2015) nous permettront d’observer le phénomène de l’apprentissage d’un idéal de la féminité. L’on relèvera par la suite à l’aide d’études entreprises sur la mode et son influence (Baudot, 1999 ; Craik, 1994 ; Evans, 1999) de même qu’à travers les concepts de performance et de performativité (Féral, 2013 ; Kollnitz et Pecorari, 2021), les diverses tentatives de réappropriation par les deux intellectuelles à l’étude de cet idéal féminin véhiculé. Enfin, il s’agira de révéler, au regard des études sur les identités sexuelles (Butler, 1999 ; Lipovetsky, 2006), la présence d’un rapport inédit et complexe entre la femme intellectuelle du XXe siècle et le genre. / Literature maintains a relationship with fashion not only through its forms, which are in conversation with the era, but also through its subjects as fashion becomes a necessary part of the narrative. The advent of ready-to-wear clothing as a “major event” of the post-war period (Grau, 2007) brings the terms “elegance” and “emancipation” into conflict. The representation of the 20th century woman thus changes according to trends. While the garment is losing its impact on cultural social landmarks⁠ by becoming neutral and universal⁠, French women of letters—the privileged witnesses of this era—are strongly questioning the conveyed feminine ideal. Two of them, Simone de Beauvoir and Violette Leduc, wrote important novels challenging the notions of the female intellectual self and gender performance: Mémoires d’une jeune fille rangée (Simone de Beauvoir, 1958) and La Bâtarde (Violette Leduc, 1964). These two Bildungsroman written in post-war France make the case for fashion as an active component in gender construction; a construction that, however, conflicts with the representation of the female intellectual at the time. Indeed, Beauvoir and Leduc’s perception of gender manifests through a tension between fashion (the exhibition of femininity) and intellectualism (the exhibition of neutrality); a tension noticeable through the alternations of the verbal and the non-verbal. Therefore, is it possible to perform a feminine intellectual gender? If so, how does this performance manifest? To answer these questions, we will first look into studies on the female Bildungsroman (Labovitz, 1986; Šnircová, 2015); this will help us understand how an ideal of femininity is not simply an inherent phenomenon but one that is learnt. Then, we will focus on fashion studies (Baudot, 1999; Craik, 1994; Evans, 1999) and the concepts of performance and performativity (Féral, 2013 ; Kollnitz et Pecorari, 2021); this will allow us to show the various attempts at reappropriation of the feminine ideal conveyed to the two intellectuals considered in this thesis. Finally, we will turn to gender studies (Butler, 1999; Lipovetsky, 2006) to reveal the presence of an unprecedented and complex relation between the intellectual woman of the 20th century and gender.

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