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L'aveugle ébloui : lecture intertextuelle de Blanche ou l'oubli de Louis AragonSimard, Mathieu January 2009 (has links) (PDF)
Après avoir été l'une des figures de proue du surréalisme, à l'avant-garde artistique européenne, Louis Aragon battra longtemps le pavillon du réalisme socialiste. En 1956, trois ans après la mort de Staline, on ne peut plus fermer les yeux sur les atrocités du régime soviétique, alors que ses chars entrent en Hongrie, écrasant une nouvelle velléité de proposer un socialisme plus ouvert. Aragon, à l'aube de la soixantaine, brûle ses vaisseaux : son Roman inachevé, autobiographie poétique, révèle une lucidité tranchante à l'égard du totalitarisme soviétique, en même temps qu'il défend l'intégrité de son engagement pour une humanité revue et corrigée.
Pour exprimer sa désillusion et sa mélancolie, Aragon utilise alors dans "ses textes une image déjà exploitée, avant lui, par les poètes romantiques : le « soleil noir », figure qu'on désigne en poétique sous le nom d'oxymore, composée de deux mots dont les sens comportent une opposition. Elle sera particulièrement utilisée dans Blanche ou l'oubli (1967), où l'écrivain, par l'entremise d'un double narratif, Geoffroy Gaiffier, qu'il identifie explicitement comme tel dans le roman, aborde les limites de l'engagement sur les plans amoureux et politique, cette conscience de l'aveuglement que partagent, au temps des regrets, l'amant et le militant.
L'intérêt sémiotique de Blanche ou l'oubli réside en grande partie dans la présence de nombreuses références à d'autres romans sous formes de citations, commentées par les personnages qui les lisent, ou d'allusions de la part du narrateur. La plupart des lectures critiques de Blanche ou l'oubli s'y sont intéressées sous l'angle d'une définition psychologique de l'intertextualité. En citant d'autres auteurs, Aragon chercherait à liquider ses drames personnels en contournant l'impossibilité morale de les exprimer lui-même.
Sans nier la valeur de cette explication, elle me paraît trop générale pour rendre compte d'un roman, voire de toute pratique artistique, considérée alors pour sa seule fonction compensatoire. Ce mémoire s'opposera à cette réduction en faisant observer que si la totalité des références à Flaubert et Hôiderlin ont bien en commun de mettre en scène des situations narratives ou des images qui consistent à représenter la perversion d'un idéal, l'échec d'une passion, elles emploient toutes, pour ce faire, des variations d'un « soleil noir » : ce cliché poétique, élément de cohésion qui fonde la lecture littéraire du psychodrame, me servira à ramener l'intertextualité à sa dimension sémiotique.
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Le rôle de la mémoire phonologique dans le processus d'acquisition du genre en français langue secondeDulude, Jennifer January 2008 (has links) (PDF)
II y a de plus en plus d'études qui confirment un lien entre la mémoire phonologique (MP) (ou l'habileté à retenir de l'information orale de façon temporaire) et l'habileté à apprendre des notions de grammaire (par ex : French, 2006; O'Brien et al. 2006). Toutefois, très peu d'études se sont penchées sur le rôle de la MP dans l'acquisition du genre grammatical, et plus particulièrement du genre en français langue seconde (FLS). Cette étude, élaborée auprès d'apprenants adultes de FLS de niveau débutant, avait pour but de déterminer si une MP efficace coïncidait avec une facilité à apprendre le genre de noms communs français inconnus et avec une capacité à inférer le genre grammatical de noms communs français inconnus. L'habileté des sujets à apprendre des mots de vocabulaire (Dét. + N) et leur genre respectif (féminin ou masculin) ou leur facilité d'apprentissage, ainsi que leur capacité à attribuer le bon genre à des noms communs inconnus ?et donc, leur capacité à inférer des règles phonologiques de genre? ont été évaluées par le biais de deux (2) tâches auditives. La MP a été évaluée à l'aide de deux (2) mesures : une épreuve de répétition de pseudo-mots français (tirée de Poncelet, 2002) et une épreuve de discernement entre des paires de listes de pseudo-mots français (inspirée d'O'Brien et al, 2006). Les résultats ont montré que la facilité à apprendre le genre était liée à l'efficacité de leur MP, telle que mesurée par l'épreuve de discernement, mais seulement lorsque l'on tenait compte de deux variables additionnelles soit, le niveau de connaissances lexicales des sujets en FLS et l'absence d'instruction préalable en FLS.
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Analyse de deux textes du recueil Poisson soluble à la lumière de l'esthétique d'André BretonDorier-Tambourgi, Jacqueline January 2010 (has links) (PDF)
Notre propos est d'illustrer certains points de l'esthétique de la poésie surréaliste par l'analyse de deux historiettes de Poisson soluble d'André Breton.
Les deux textes que nous avons retenus pour analyse - le texte n°16 et le texte n°23 - font partie des trente-deux « historiettes » sélectionnées par Breton parmi une centaine d'écrits automatiques qu'il a rédigés dans sept cahiers d'écolier, entre mars et mai 1924 (exception faite du texte n°32, qui parut dans la revue Littérature (nouvelle série), en mai 1922). Tout en qualifiant trente et un de ces textes comme « purement automatiques », Breton se défend qu'une structure volontaire ait présidé à leur disposition et précise que « tout au plus un souci de variété et d'aération entre eux, comme dans les colliers, a décidé de leur enchaînement ». Poisson soluble est une illustration poétique de la théorie surréaliste exposée dans le Manifeste du surréalisme que Breton publia le 15 octobre 1924 pour donner officiellement vie au mouvement. On retrouve dans les historiettes les grands thèmes chers au surréalisme : la femme, le désir, l'amour, le rêve et le mythe, le tout véhiculé par une image poétique libérée de toute contrainte logique, étant entendu que « l'image est une création pure de l'esprit, [qu']elle ne peut naître d'une comparaison mais du rapprochement de deux réalités plus ou moins éloignées [et que] plus les rapports des deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l'image sera forte - plus elle aura de puissance émotive et de réalité poétique [...]».
Au départ, le Manifeste ne devait être que la simple préface d'un ouvrage réunissant les historiettes de Poisson soluble. Cependant, parce que Breton souhaitait garder la préséance du nom « surréalisme » au mouvement émergeant parmi d'autres qui revendiquaient ce titre, le Manifeste prit plutôt la forme d'une défense de la théorie surréaliste, et le recueil des trente-deux textes automatiques sélectionnés et colligés par Breton sous le titre Poisson soluble devint alors l'illustration de cette théorie.
Avec Poisson soluble, Breton nous invite à nous plonger au coeur d'une poésie débarrassée des scories que des siècles de dictature de la raison avaient accumulées autour de chaque tentative du procès d'écrire. Nous avons fait l'étude de ces textes pour vérifier jusqu'à quel point ils rencontrent les nouveaux critères poétiques que Breton avait élaborés dans le Manifeste de 1924. Nous avons montré, dans chacune des deux parties que comporte notre mémoire (l'analyse de chaque historiette en constituant une partie), comment s'organise et se réalise cette esthétique poétique et, par le biais d'une approche intratextuelle, dans quelle mesure elle rejoint les écrits ultérieurs de Breton, tant il est vrai que ce dernier est toujours resté d'une fidélité absolue, dans sa pratique littéraire, envers les principes esthétiques de ses débuts.
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Médecin ou comédien : analyse de l'acquisition et de l'emploi du rôle dans voyage au bout de la nuit de CélineGosselin, Pascal January 2010 (has links) (PDF)
Ma recherche est une analyse de la fonction de médecin qu'occupe le narrateur du roman de Céline : Voyage au bout de la nuit. Bien qu'on ne puisse ignorer la profession médicale du personnage de Bardamu, le choix de celle-ci plutôt qu'une autre laisse planer quelques questions qui ont nourri ma curiosité.
L'introduction explique le pourquoi d'un tel questionnement après avoir fait un bref résumé du récit. Elle indique aussi le choix de la théorie d'Erving Goffman qui a servi à l'analyse et a permis de mieux saisir le fonctionnement du rôle de médecin. Le premier chapitre fait un survol des travaux du sociologue en énumérant quelques outils de base qui ont été utilisés au cours du travail.
Le deuxième chapitre montre comment Bardamu, à travers une multitude d'expériences et d'observations, développe une attitude particulière envers l'existence et comment celle-ci influence les choix à venir. Ainsi, je passe en revue les trois étapes de son périple autour du monde, soit la guerre, l'Afrique et l'Amérique, et je montre comment chacun de ces moments participe à l'acquisition d'un rôle ultérieur. J'analyse donc chaque événement en fonction du rôle de médecin à venir et des caractéristiques singulières qu'il présente. Le troisième chapitre utilise la théorie de Goffman pour voir comment Bardamu, une fois le rôle adopté, l'utilise, en demeurant toujours en lien étroit avec les quelques idées dégagées du premier chapitre. Se déployant aussi sur trois parties, le chapitre aborde la figure de médecin sur trois tableaux : le médecin de banlieue à la Garenne-Rancy; le médecin mêlé à l'intimité de la famille Henrouille; et le médecin travaillant au sein d'une équipe de collègues dans une institution.
La conclusion revient sur les principales particularités du personnage de Bardamu et de son rôle tout en montrant comment celles-ci parviennent à rendre à l'acteur une certaine distinction par rapport à son rôle.
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L'esthétique de la mosaique dans Texaco de Patrick ChamoiseauLaberge, Élyse January 2010 (has links) (PDF)
L'univers du roman Texaco de Patrick Chamoiseau est constitué d'éléments venus de tous les imaginaires présents dans ce chaos qu'est, à petite échelle, la société antillaise. Dans ce mémoire, nous souhaitons montrer comment s'harmonise ce chaos grâce à une esthétique propre au roman antillais : celle de la mosaïque. De façon générale, le terme de mosaïque désigne un « assemblage décoratif de pièces rapportées [...] dont la combinaison figure un dessin1 » mais aussi un « ensemble composé d'éléments variés et disparates2 ». L'étude de Lucien Dâllenbach sur la mosaïque nous permettra de donner une définition plus précise de ce concept défini comme « un lieu composite où coexistent, de manière irénique (tolérance envers les croyances différentes), et non contradictoire, toutes les valeurs entassées au cours de l'histoire 3. » Si la « diversité » de la littérature martiniquaise porte sur le caractère de ce qui est divers, varié, la mosaïque nous permet quant à elle d'envisager ces différences comme un tout. Considérant que « l'idée de l'unité antillaise est une reconquête culturelle4 », ce tout dont il est question ici désigne une harmonisation des valeurs historiques, culturelles et langagières; il représente un monde recomposé. Les notions d'agrégat, d'union et de recomposition, buts avoués des auteurs de l'Eloge de la Créolité, nous semblent essentielles pour une compréhension des complexités sociales et de la multiplicité du monde. Envisager Texaco comme mosaïque pose la question de l'esthétique du roman martiniquais qui propose, à sa façon, une harmonisation du divers et de la cacophonie.
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Exercice du pouvoir et intérêts des femmes : une analyse des opinions des représentantes siégeant à des instances de gouvernance de l'Abitibi-TémiscamingueÉmond, Marilyn January 2010 (has links) (PDF)
Plusieurs revendications des groupes de femmes et dossiers de condition féminine se sont déplacés vers de nouveaux espaces politiques. En effet, la réorganisation de l'État québécois entraîne des changements stratégiques pour les femmes et les groupes de femmes puisque les milieux régionaux et locaux sont davantage sollicités pour orienter les interventions de l'État. Ils doivent cibler leurs priorités et veiller sur les programmes pour stimuler et favoriser S e développement des régions, en privilégiant la concertation des acteurs. Les femmes doivent donc investir ces nouveaux lieux de pouvoir, si elles veulent participer à l'élaboration des interventions des instances et de l'État.
Pour en savoir davantage sur la participation des femmes aux instances locales et régionales, cette recherche vise à connaître l'opinion des représentantes siégeant aux instances de gouvernance de l'Abitibi-Témiscarningue en ce qui concerne leur contribution pour favoriser les intérêts des femmes. Elle examine leur opinion selon quatre principaux éléments soutenus par un cadre d'analyse. Ces éléments sont la conception démocratique ainsi que la responsabilité représentative des intérêts des femmes, les actions mises en oeuvre par les représentantes et les arguments pour justifier la place et le rôle des femmes dans les instances.
Pour obtenir les résultats, la parole a été donnée aux femmes. Dix représentantes provenant de différentes instances locales et régionales ont été interviewées afin de mieux comprendre l'exercice de leur pouvoir politique en ce qui concerne les intérêts des femmes.
L'auteure montre que trois tendances caractérisent l'exercice du pouvoir des représentantes interrogées. Ces tendances tiennent compte des quatre angles d'analyse et doivent être considérées avec quelques nuances. Différentes caractéristiques complètent ces tendances en fonction notamment de points communs et de divergences entre les représentantes. Ces dernières se révèlent en fonction des actions mises en ?uvre par les représentantes dans le processus décisionnel et leurs caractéristiques socioprofessionnelles.
Ces résultats soulèvent quelques éléments nouveaux et plusieurs éléments à approfondir pour en savoir davantage sur la participation des femmes dans les instances. En fait, ils viennent aux mêmes conclusions ou presque que d'autres travaux élaborés depuis 1995 à la suite de la ré organisation de l'État, pour faire en sorte que les interventions de l'État et de ses instances locales et régionales mènent à l'amélioration des conditions de vie des femmes et de l'ensemble de la population. Ces conclusions mettent l'accent sur le rôle complémentaire que doivent jouer les différents intervenants et intervenantes concernés par le développement des régions et l'amélioration des conditions de vie de l'ensemble de la société québécoise.
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Étude de la deuxième personne en narration : identité et altéritéCaron, Jean-François January 2008 (has links) (PDF)
La deuxième personne en narration identité et altérité
Le sujet de ce mémoire de création est la construction de i'identîté. Inspiré par l'esthétique de la réception1 et la philosophie du langage2, nous nous demandons comment l'utilisation de la deuxième personne en narration permet de penser îe rapport à l'altérité comme étant constitutif d'une identité continuellement en construction.
Notre hypothèse est que la deuxième personne du singulier en narration, en réaction à la diffraction de l'unité des grandes idéologies et à la désagrégation des certitudes identitaires dont est la proie notre civilisation, tente de répondre à un besoin de reconstruction de l'identité en lui apportant la solution d'un triple rapport à l'altérité et en imposant au lecteur l'acte de métaréflexion qui l'oblige à continuellement se repositionner dans son rapport au mécanisme de la narration.
Ce mémoire est divisé en deux parties. Une première présente un récit poétique original expérimentant les possibilités de la narration à la deuxième personne du singulier. Dans un lieu aux frontières instables, le personnage principal se questionne sur sa propre identité, il tentera de répondre à ses questions en lisant ce que l'Histoire a fait de lui, en interrogeant ses contemporains, en écoutant la voix d'autres personnages, comme surgie de nulle part. Il devra choisir entre subir une identité imposée, fondée sur ta mémoire et les exigences de sa société, ou se construire à partir de l'expérience sans cesse renouvelée qu'il a du monde.
Enfin, une seconde partie de ce mémoire rassemble deux chapitres théoriques, le premier traitant des possibilités de l'utilisation de la deuxième personne en narration dans le rapport à l'autre, le second abordant la voix identitaire de Sa deuxième personne.
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Jean-Marie Poupart (1968-1970) : ses trois premiers romansSavard, Louis-Martin January 2008 (has links) (PDF)
Ce mémoire s'intéresse aux trois premiers romans de Jean-Marie Poupart. J'ai choisi d'étudier ces textes en un seul bloc parce qu'ils participent d'un même souffle, voire de la première phase de création du romancier. Comme ils partagent sans contredit une esthétique commune, l'approche méthodologique que je privilégie présente ce trio romanesque selon un angle qui se veut globalisant et qui relève de l'histoire des formes littéraires. Sur le plan de la structure, les aspects traités sont regroupés en deux parties. La première se consacre au contexte littéraire, intellectuel et social dans lequel Poupart a commencé sa carrière, de la situation éditoriale qui fut la sienne à la réception critique de ses oeuvres dans les revues universitaires et les grands quotidiens. Une place est également accordée à l'analyse du discours savant québécois et au rapport de ce discours avec les avancées théoriques françaises de l'époque. La deuxième partie présente les romans selon des critères poétiques. Je me questionne sur îe sens à donner à une écriture de déconstraction comme celle de Poupart. Je me demande comment interpréter, d'un point de vue ontologique, une pareille poétique.
Dans ce qui suit, les traits formels de l'écriture sont constamment mis en relation avec l'histoire des idées, afin de montrer de quelle manière, au Québec, dans les années 1970, ces romans d'allégeance formaliste ont prouvé leur capacité à dépasser le cadre strictement textuel. Poupart a affiché son désir de contester les formes établies du roman, mais cette contestation, de manière sous-jacente, a su poser un discours sur le pays. Comme quoi, formalisme et nationalisme peuvent faire parfois bon ménage.
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La musique de l'illisible : une lecture musico-littéraire du Vierge incendié de Paul-Marie LapointeSt-Laurent, François January 2007 (has links) (PDF)
En nous référant à plusieurs théories sur la lecture, nous tentons d'abord dans ce mémoire de fonder une pratique qui permet de faire face à des textes qui s'élaborent en marge des modalités ordinaires de représentation comme Le Vierge incendié de Paul-Marie Lapointe. À la lumière de cette réflexion sur la lecture, nous constatons qu'il est nécessaire de détourner la voie normée de la construction de la signification afin de résoudre cette situation déficitaire qu'est l'illisibilité de ces poèmes. Sans ce détour, l'échec de la signification est patent et la poésie de Lapointe risque de devenir une chose indifférenciée. Ainsi, le lecteur doit reconsidérer ses habitudes de lecture et s'investir d'un projet de lecture personnel et original afin de construire un matériau manipulable.
Nous proposons ensuite d'appliquer ces principes en faisant signifier concrètement un poème de Lapointe. L'essentiel de cette démarche consiste en la mise en relation signifiante et exploratoire du signe avec un autre objet. Dans le cas qui nous occupe, nous proposons la musique comme objet autre issu de notre imaginaire avec lequel le poème entre en relation signifiante, afin de voir si elle peut devenir un opérateur de lisibilité et permettre une meilleure compréhension de cette poésie avant-gardiste. Notre recherche concerne ainsi l'apport de la musique pour la lecture et l'intellection de cette poésie.
Au terme de ce parcours, il s'avère que la mise en relation avec la musique dynamise les signes du poème, ce qui permet des «éclairs de compréhension». Cependant, la lisibilité du poème n'est pas atteinte tant qu'une stabilisation des inferences n'est pas effectuée, quitte à forcer la représentation.
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Duras et Détruire dit-elle : le langage de la révolutionGagnon, Julie January 2006 (has links) (PDF)
Marguerite Duras a été une écrivaine activement engagée dans la vie politique. Entre son adhésion au Parti communiste français, ses articles dans divers journaux ainsi que les nombreuses entrevues qu'elle a données, la politique a toujours occupé une place de choix dans son discours. Influencée entre autres par les événements de Mai 68 en France, elle rédige, dans la même année, Détruire dit-elle. Il s'agit du préambule d'une révolte à la fois politique, sociale et littéraire.
Dans la mesure où Duras a choisi l'écriture comme moyen d'expression, c'est par un remaniement du langage, une déstructuration de nos habitudes langagières et une poétique atypique qu'elle va matérialiser sa pensée politique. Le texte Détruire dit-elle présente précisément plusieurs particularités de cette nature qui complexifient sa lecture ainsi que sa compréhension. Nous cherchons ici à mettre au jour certains aspects de la poétique de Détruire dit-elle pour comprendre la forme littéraire qu'a prise cette volonté d'un double mouvement révolutionnaire: à la fois transformation politico-sociale et reconstruction de la société où l'être, dans toute sa dimension humaine et affective, va primer. Pour ce faire, nous procédons ainsi. D'abord, nous proposons une anamnèse et un bilan de la pensée politique de Duras. Puis nous mettons au jour la poétique durassienne à même le roman par une analyse du statut générique du texte, de l'usage du dialogue et des personnages.
Le premier chapitre est consacré à une récapitulation des événements socio-politiques qui ont marqué l'auteure et qui nous permettront de comprendre l'élaboration de cette critique sociale. Nous étudions ici certains moyens que Duras, à travers divers styles d'écriture, se donne afin d'exprimer sa contestation. Dans le deuxième chapitre, nous montrons que ce texte semble entremêler plusieurs genres à la fois. Il possède des éléments relevant de l'art romanesque, du théâtre et de l'écriture cinématographique, ce qui le rend difficilement saisissable. C'est la complexité plurielle des dialogues durassiens qui nous occupe dans le troisième chapitre. Dans Détruire dit-elle, les lois qui régissent la pratique dialogale dépendent du statut social de l'individu. Certains personnages se comprennent parfaitement bien entre eux, mais il n'en va pas de même pour tous : la «barrière» sociale est également, dans le cadre de ce récit, une «barrière» langagière. Dans le quatrième et dernier chapitre, nous étudions en détail les personnages, et plus particulièrement les protagonistes féminins, qui ont un rôle politique à jouer dans texte : « [...] une femme armée, une femme [...] informée de son aliénation [envers la société], est déjà une femme politique1 », précise Duras. 1 Marguerite Duras et Xavière Gauthier, Les Parleuses, p. 31. Ces quatre dimensions de notre réflexion, qui forment les chapitres du mémoire, contribuent à mettre en lumière les moyens textuels et romanesques d'une déstructuration du langage, elle-même en relation expressive avec une pensée politique.
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