Les circonstances déterminent la bonté de l’action. Elles sont infinies en nombre. Chacune d'entre elles peut être autrement qu'elle n'est et, en plus, il est impossible de la décrire dans tous les détails. Ainsi, lorsque l'autorité responsable légifère, sont inscrites dans la loi l'action et les circonstances qui déterminent la bonté de cette action. En vertu des caractéristiques propres à chacune des circonstances et de la signification qu'elle a pour l'action, la loi écrite comporte nécessairement une part d'erreur. En appliquant la loi écrite, il arrive que la qualité de solertia ait rapidement saisi qu'un cas hic et nunc n'a plus de correspondance avec la circonstance-mesure concernée, et cela, en aucune manière (car le cas lacunaire ne peut pas être ramené à son état initial), et que cette application - elle continue à être maintenue - conduira certainement à un état de crise. L'équité veut éviter cet état-de-choses tout en voulant le but que vise habituellement la loi écrite : la justice et le bien commun. L'application de la loi écrite, devenue déficiente, est ainsi suspendue. La solertia, par l'intermédiaire de l'équité, inspire la prudence politique à produire les ea quae sunt ad finem. Cette production - le mot production doit être pris ici dans son sens passif - par rapport à la vertu de gnômé s'appelle jugement de la vertu de gnômé. Par rapport à l'équité, elle correspond à l'acte équitable et, dans ce contexte, elle est le correctif de la loi écrite. Une fois statuée par l'autorité responsable, elle devient décret, respectant les légitimités de l’ethos. L'équité est donc la justice qui, ayant inclus la solertia, implique nécessairement le jugement de la vertu de gnômé.

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L'objet de ce mémoire est d'étudier, à travers l'examen de deux difficultés majeures qui divisent les exégètes, la relation de la phronesis et de la sophia dans les Éthiques d'Aristote. La première difficulté consiste à savoir si la phronesis détermine uniquement le moyen d'atteindre la fin de l'agir moral, ou si elle est également affectée à la recherche discursive de la fin. La difficulté ne se limite toutefois pas à cette alternative. Certains pensent que la phronesis possède seulement une aperception de la fin, d'autres, que c'est la sophia qui fournit la fin. La deuxième difficulté consiste à préciser quelle est la place de la phronesis et de la sophia dans la conception du bonheur dans les Éthiques d'Aristote.

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