Le vieillissement est une expérience irréversible vécue par tous les êtres vivants. Au Canada, des changements démographiques importants sont à prévoir au cours des prochaines années avec l'arrivée des premiers baby-boomers à l'âge de 65 ans et l'espérance de vie accrue. Pour l'être humain, le vieillissement amène une dégénérescence des fonctions sensorimotrices et cognitives. Même les individus en bonne santé subissent un déclin de leur capacité. Toutefois, chaque individu vieillit et subit le vieillissement d'une façon différente et à un rythme différent. Avec les changements démographiques importants, le questionnement à propos de la capacité des personnes âgées à conduire est très actuel. L'objectif principal de cette thèse est de documenter la performance des conducteurs âgés en bonne santé et asymptomatiques dans différents contextes de conduite simulée. L'originalité repose sur le fait que toutes les études ont été réalisées dans un environnement dynamique et bien contrôlé. Dans un premier temps, une méthode efficace et non intrusive permettant de quantifier la charge cognitive imposée par un contexte de conduite simulée a été développée. Cette méthode nous a permis de mener deux études qui ont montré que la conduite d'un simulateur de conduite est loin d'être une tâche automatique et que la charge cognitive augmentait significativement lors des contextes complexes de conduite comme la négociation d'une intersection ou les manoeuvres de dépassement. Dans l'ensemble, les personnes âgées ont montré une charge cognitive plus importante que les conducteurs plus jeunes dans tous les contextes de conduite, mais les différences étaient exacerbées pour les manoeuvres de dépassement. La performance de conduite a également été modifiée par l'augmentation de la charge cognitive. Une vitesse moins importante et une variabilité plus grande du déplacement latéral ont notamment été observées. Le résultat le plus intéressant concerne toutefois les comportements de freinage des participants qui ont montré un nombre d'événements de freinage (pic de décélération excédant 0.1 g) plus élevé pour les intersections imposant une charge cognitive élevée. Ces résultats montrent une relation directe entre la performance et le niveau de charge cognitive imposée par la situation de conduite. Les conducteurs âgés ont montré la même dégradation de la performance que les jeunes conducteurs, mais à un niveau plus important. Par la suite, les comportements oculaires et les stratégies visuelles des conducteurs ont été étudiés. Notre objectif était de documenter les stratégies de recherche visuelle des conducteurs incluant les conducteurs âgés dans des contextes dynamiques de conduite et d'évaluer si les déficits oculaires et de recherche d'informations habituellement rapportés chez les personnes âgées étaient exacerbés dans des situations où la charge cognitive était plus importante. Cependant l'analyse des comportements oculaires n'a pas montré de différences importantes entre nos deux groupes de sujet même si une diminution du champ visuel des conducteurs âgés a été observée et que certaines tendances ont été relevées notamment au niveau des patrons de balayage visuel de la scène. L'absence de différences probantes peut avoir été causée par la population de personnes âgées évaluées qui étaient relativement jeunes et en bonne santé. Malgré tout, nos résultats ne supportent pas totalement l'opinion de certains auteurs (Ball, Owsley et al. 1993; Underwood, Phelps et al. 2005) voulant que les personnes âgées relativement jeunes et en bonne santé ne constituent pas un risque augmenté pour la sécurité routière puisque plusieurs altérations de la performance de conduite ont été notées.

La conduite nécessite un traitement constant de l'information visuelle environnante. Le vieillissement engendre des modifications du système visuel et cognitif qui pourrait affecter la recherche d'information visuelle en conduite. L'objectif de ce projet de maîtrise était donc d'évaluer les comportements de recherche visuelle de conducteurs âgés dans différentes situations de conduite simulée. Dix conducteurs âgés (65 à 75 ans) et 10 conducteurs jeunes (20 à 31 ans) ont conduit un scénario comprenant des sections de conduite rurale et urbaine. Comparativement aux conducteurs jeunes, les conducteurs âgés ont montré une amplitude horizontale plus petite et une variabilité des amplitudes moins grande entre les fixations. De plus, les conducteurs âgés ont montré un plus petit nombre de fixations par seconde pour les contextes de conduite plus complexes qui ont été analysés (par exemple, la conduite sur route droite vs manœuvres de dépassement). 11 importe de déterminer si ce champ visuel diminué amène à une omission de traitement d'informations importantes pour la conduite.