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Pour une mystique du corps conjugalPlamondon, Steven 12 November 2021 (has links)
Le moment où le pôle d'attraction se déplace des prescriptions alimentaires aux prescriptions sexuelles est un moment majeur dans la construction de la culture occidentale chrétienne; le repas s'y dévoile nuptial. Or l'ordre et la raison théologiques sont trop souvent complices de la raison sociale et de l'ordre symbolique. Ils se fondent et "originent" de la même violence, de la même souffrance et du même crime. Tous altèrent et mettent à mort le "soma", le corps. Tous occultent la jouissance. Dans la sphère théologique, on aboutit alors à la surenchère des mystères douloureux et glorieux et à une méconnaissance des mystères joyeux. La mystique conjugale autorisant notre tradition de vie religieuse vient alors introduire la jouissance dans l'ordre théologique, l'ordre social et l'ordre symbolique et langagier, la soustrayant ainsi à leurs normes. La jouissance travaille, traverse et menace ces ordres. S'il est une tension entre la version positive des passions et sa traduction négative en christianisme, elle n'illustre que davantage l'insurmontabilité de l'obstacle passionnel. La passion conjugale, la chair duelle est le lieu physique du symbole. Le corps conjugal est ce morceau de réel d'où émergent nos corps symboliques; il est "géno-symbole", "géno-langage" et "géno-sacrement". L'attachement conjugal est le modèle de l'attachement croyant. Cette thèse évalue l'impact du langage de la passion, de la séduction dans le langage théologique; la mystique conjugale vient introduire une linguistique auto-référentielle et dialogique dans une linguistique théologique où le référent est conçu en rapport avec un langage univoque et monologique. C'est le propre de la mystique nuptiale d'avoir nourri cette expérience où Dieu se connaît sous le mode de la passion, l'aventure d'une mutuelle séduction. Saisir le dévoilement historique comme l'histoire d'une passion, comme le suggère l'Écriture. La séduction est fondatrice de tout croire et de tout savoir. Si le corps duel est le lieu où est assumée la tension entre les corps propres et le corps communautaire, c'est en ce qu'il assume la triple séparation dont veut nous libérer notre corps symbolique, à savoir le propre ou la réserve dans l'espace ecclésial, la séparation sexuelle et la séparation de la mort. Le corps duel assume la "négativité'' inhérente au procès amoureux et ne la déporte pas dans le symbolique. C'est une même passion, une même séduction qui autorise notre corps scripturaire. La rhétorique biblique remet toujours en scène la séduction instauratrice, la promesse et l'alliance non tenues. Nous en appelons donc à cette mystique du corps conjugal dont s'est plus qu'abondamment nourrie la révélation judéochrétienne.
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