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Les mots étrangers de Vladimir Nabokov / Vladimir Nabokov’s foreign wordsLoison-Charles, Julie 10 June 2014 (has links)
Cette thèse démontre le caractère fondamental du multilinguisme de Nabokov dans son écriture en anglais : après avoir été un auteur prolifique en russe, l’écrivain a opéré une transition linguistique et n’a plus composé ses romans qu’en langue anglaise. Cette dernière ne peut nullement être réduite à une langue seconde puisque Nabokov a su l’écrire avant le russe et la parlait depuis l’enfance. Il a par ailleurs bénéficié d’une éducation polyglotte puisqu’il maîtrisait parfaitement le français. Cette thèse étudie le style de Nabokov en soulignant sa créativité linguistique et en examinant le rôle fondateur que la traduction a joué dans le positionnement de ses différentes langues les unes par rapport aux autres. L’identité bilingue de Nabokov a pour conséquence que son écriture est déviante, mais aussi défiante : elle est marquée d’étrangeté (le caractère de ce qui est étrange) et d’étrangéité (ce qui est étranger). Dans ses romans, la langue anglaise voit surgir en son sein des mots étrangers qui, typographiquement et sémantiquement, déstabilisent la lecture : le phénomène de l’alternance codique (ou code-switching) est au cœur de cette thèse et interroge le rapport entre l’auteur tyrannique (Couturier) et son lecteur. La langue anglaise elle-même perd de sa familiarité et devient étrangère : le bilinguisme de Nabokov lui confère un statut d’étranger dans la langue, ce qui lui permet de voir la violence du langage (Lecercle) et de la faire apparaître, notamment grâce à des calembours et des néologismes. Nabokov est ce que Deleuze appelle un grand écrivain à l’aide d’une formule proustienne : ses livres « sont écrits dans une sorte de langue étrangère ». / This thesis shows how central Nabokov’s multilingualism was to his prose in English: after authoring several works in Russian, the writer changed languages and then only wrote his novels in English. It was not merely a second language for him because Nabokov could write English before Russian and he had spoken it since childhood. Besides, he enjoyed a polyglot education and was fluent in French. This thesis studies Nabokov’s style in English by focusing on his linguistic creativity and by examining the founding role that translation played in how his several tongues were going to position themselves in relation to one another. Nabokov’s bilingual identity means that his writing both challenges and deviates from the norm: it is dappled with strangeness and foreignness. In his novels, foreign words irrupt in the midst of the English prose and, typographically and semantically, they destabilize the reading experience: code-switching is at the heart of this thesis and questions the relation between “the narrator’s tyranny” (Couturier) and his reader. English itself loses its familiarity and becomes a foreign language: Nabokov’s bilingualism means he is like a foreigner in this tongue; therefore he reveals the violence of language (Lecercle) and puts it into play through puns and neologisms. Nabokov is what Deleuze calls, thanks to a Proustian expression, a great writer: his books “are written in a kind of foreign language”.
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