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Apprendre au travail. Inscription sociale de la didactique professionnelle.

Olry, Paul 19 December 2008 (has links) (PDF)
Ce travail aborde successivement trois dimensions interdépendantes et imbriquées de mes préoccupations actuelles, qui m'apparaissent comme utiles dans ma contribution à l'étude des apprentissages professionnels en situation de travail. Je présente ici les directions qui résultent d'obstacles et d'interrogations auxquels mes travaux empiriques m'ont confrontés. - Les changements, comme les apprentissages s'inscrivent dans le temps long des positions à tenir dans l'entreprise, conditions que l'organisation du travail ne garantit pas toujours (Pialoux, 1990). - Les positions, instituées au travail, ne sont tenables qu'à condition de prendre et de tenir sa place sur la scène quotidienne du travail. Les parcours et trajectoires se construisent ainsi dans cette dialectique de l'institué et du quotidien dont les apprentissages au travail témoignent et dont les interactions au travail manifestent la reconnaissance (Kunegel, 2006). - Les activités au travail s'analysent avec difficulté dès lors qu'elles concernent les rapports avec un pair, un client, un patient, toutes situations qui mobilisent des significations de l'action peu stabilisées puisqu'elles se construisent dans l'interaction (n°). - Les dispositifs d'acquisition de compétences visent une inscription sociale des apprentissages au travail. A cette fin, ils organisent l'appropriation de significations selon plusieurs registres : l'engagement dans des actions possibles, au regard d'un cadre aménagé ; la proposition, identitaire, de caractéristiques attendues de chaque sujet " après transformation " ; le design de situations emblématiques d'évolutions /transformations redoutés ou non de l'environnement. En d'autres termes, la recherche en didactique professionnelle me semble majoritairement centrée sur l'aménagement des " scènes " d'apprentissage (Sensévy, 2005) où l'activité se déploie, travaillant ainsi beaucoup la situation didactique mais négligeant la situation de travail et partant les conditions méso et macro d'un apprentissage. Au regard de ces points, la conceptualisation dans l'action, fondement essentiel de la DP, est donc soumise à de fortes tensions (par exemple l'intensification du travail) auxquelles une théorisation des dispositifs de formation ne saurait à elle seule remédier. C'est pour quoi cette HDR tente de souhaite poursuivre des travaux de recherche qui contribuent à la clarification des conditions sociales des apprentissages (voire d'un développement) par les situations de travail et de formation. Trois axes y sont particulièrement travaillés. Le premier, épistémologique, consiste à travailler les apports de la didactique professionnelle en la confrontant par exemple à ceux d'une sociologie pragmatique appliquée à l'engagement dans les apprentissages. La prise d'appui, massive, sur l'activité comme support des conceptualisations, ne saurait faire l'impasse sur les dispositions des sujets (Lahire, 1997) et les configurations des situations qui les mobilisent (et notamment lorsque l'activité étudiée concerne les services). Cet ensemble, dont il je souhaite encore comprendre les articulations, contribue à inscrire la théorie de la conceptualisation dans l'action dans le système de dispositions partagées qui font des acteurs du travail collectif une communauté d'apprentissage (Olry, 2008). Je mets ainsi l'accent sur un cadre symbolique d'apprentissage en relation aux conceptualisations de l'activité qu'il " autorise ". Dans cette perspective les concepts ne sont plus seulement les objets du développement des sujets, mais du collectif dans leurs relations au travail. La situation de travail, parce qu'elle est lieu de l'action, est l'espace de genèse des transformations des sujets, objet de l'analyse du travail dans notre domaine. Le deuxième, théorique et méthodologique, consiste à poser l'étude des liens entre la conception des médiations sociocognitives et apprentissages professionnels comme moyen de mieux comprendre les conditions sociales de possibilité, de faisabilité et d'efficience d'un développement professionnel, à l'aide de la notion de régime d'apprentissage, que je propose pour rendre simultanément compte de l'engagement d'un sujet capable (Rabardel, 2005) et des coordinations qu'il suppose dans l'espace travail/formation. De mon point de vue, " l'apprendre en situation de travail " s'étudie par une théorie de l'usage des " mouvements de signification " (Barbier, Durand, 2004), occasions d'apprentissage étudiées dans le cadre serré des interactions des professionnels avec le milieu qui est le leur. J'y ajoute une théorie du mouvement des instances propres aux rapports entretenu par un sujet avec le métier (Clot, 2006, 2008) d'une part et d'autre part avec l'institution (Beillerot, 1992). Cet axe d'investigation n'est pas sans incidences méthodologiques. Mettre en lien dispositions des sujets, configurations de situations et régime d'apprentissage invite à considérer le produit de l'activité de recherche en DP non comme extrinsèque, mais comme fruit d'une analyse intrinsèque. Pour s'assurer que la conceptualisation n'est pas avant celle du chercheur, une réflexion méthodologique s'impose et laquelle nous tentons de contribuer (réf.) sur les auto-confrontations. Le troisième considère le couple d'activité formateur/concepteur en tant qu'agent médiateur essentiel entre une culture de métier et l'action du professionnel, ce qui nous invite à réfléchir sur les conditions de l'intervention en didactique professionnelle. En effet, prendre en compte les conditions antécédentes du travail (Schwartz, 1999), repérer des conceptualisations efficaces, structurer des situations d'apprentissage, etc. sont autant de processus qui bousculent sur la vie des professionnels enquêtés. Analyse et conception en didactique professionnelle supposent donc une réflexion construite, si l'on veut que les résultats des analyses amont soient concrétisés dans des dispositifs, et que ces dispositifs soient utilisés (Guibert, 2003). Dans le fond, ma question est celle de l'efficacité de la démarche didactique professionnelle en situation ? L'amorce de réponse proposée dans mes travaux antérieurs est de désigner les modalités issues de l'analyse en didactique professionnelle dans une acception de la " transmission professionnelle ". Celle-ci, prenant en compte les apports des études ethnologiques, invite à une conception large des médiations qui favorise les apprentissages. Avec Astier (2006), nous avons ébauché quatre processus structurant la transmission professionnelle dans l'environnement de travail : - Opérer des transpositions, déjà bien connue (Brousseau, 1999 ; Chevallard, 1984 ; Sensévy, 2006) - Aménager des transitions entre les moments de construction individuelle de l'expérience et de production (Rabardel, 2005) - Instituer des transformations (Beillerot, 1992 ; Boreham, Fischer, Samurçay, Rogalski, 2002) - Ouvrir des médiations (Rabardel, 2005) Ces processus invitent à revisiter la conception les dispositifs de formation s'intéressant au développement des compétences, en lien étroit avec la situation de travail. En résumé, mon intention principale est de contribuer à l'analyse des activités professionnelles entendue à la fois comme un outil de formation (former à partir de l'expérience et du vécu), comme un outil de recherche (tenir compte des contextes, de l'inédit et de l'évolution continuelle des pratiques), et comme un outil d'aide à la décision (changer les pratiques en s'appuyant sur leur analyse). Il en résulte pour une activité de recherche à venir trois axes programmatiques : - Le premier concerne la théorisation d'une didactique professionnelle appliquée aux activités de service, sous l'angle des variables sociales de la didactique professionnelle. Il s'agit, en prenant appui sur les apports théoriques de la sociologie pragmatique, de situer l'effet des cadres symboliques et sociaux du travail (normes, conventions, coutumes, ...) sur les conceptualisations en action. A cet égard les notions de régime d'engagement et de pacte d'apprentissage me semblent devoir être construites plus avant - Le deuxième, dans une démarche plus anthropologique des pratiques de formation, vise à constituer une démarche de recherche axée sur l'analyse des rapports " marges d'action pour apprendre en production " d'une part et " formats d'apprentissage " d'autre part que les dispositifs organisent. La réflexion sur les cadres sociaux et les activités qui les mobilisent trouve ici son usage. A cet égard, l'attention que j'ai de mon côté porté sur la notion de couplage activité/situation recoupe les préoccupations d'autres équipes de recherche dans le champ. - Le troisième porte la permanente interrogation de l'efficacité du dispositif qui fait apprendre. La direction de recherche que je souhaiterais poursuivre porte sur les aménagements de contexte en lien aux caractéristiques du milieu de travail susceptibles d'étayer les apprentissages. A cet égard, les dimensions d'un couplage activité / identité restent me semble-t-il largement à travailler.
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La gestion des experts en entreprise : dynamique des collectifs de professionnels et offre de parcours / Management of experts in industrial companies : dynamics of internal professional communities and career trajectories

Lelebina, Olga 19 February 2014 (has links)
Dans un monde économique caractérisé par la complexification des technologies associée à la mondialisation des marchés, les connaissances techniques et la capacité d’innovation sont des sources primordiales d'avantage compétitif et de différenciation. Ces enjeux sont souvent associés à une figure particulière au sein des organisations : celle de l’expert. En effet, c’est souvent sur ces acteurs que repose la responsabilité de fournir des prestations technologiques de haut niveau et d’être force de proposition pour des solutions innovantes. L'important est alors de les reconnaître et de leur offrir des conditions propices au développement de l’expertise et de l’innovation afin notamment de les retenir sur des temps longs au sein de l’entreprise. Face à ces enjeux le modèle de la double échelle s’est depuis longtemps répandu dans les entreprises technologiques et industrielles, proposant une trajectoire alternative (parcours technique) à celle du management. Néanmoins, cette solution, tout en étant un modèle de référence dans la gestion des experts, n’a pas souvent apporté la satisfaction recherchée, ni pour les personnes en charge de sa mise en place, ni pour les personnes ciblées. En partant de ce paradoxe de la double échelle et en se basant sur les résultats d'une recherche-intervention au sein d’une entreprise technologique, cette thèse a permis de proposer une nouvelle problématisation de la gestion des experts en entreprise, qui ne se limite pas à la reconnaissance des experts déjà présents, mais intègre également les enjeux d’anticipation des besoins futurs en expertise et la création des nouveaux domaines. Elle propose ainsi un cadre d’analyse qui intègre trois volets d’action : la reconnaissance des experts, le renouvellement de l’expertise et la création de nouvelles expertises. Chaque axe d’action a été instrumenté par la proposition d’un outil ou d’un dispositif gestionnaire, expérimenté et validé sur le terrain de thèse. / In a business world characterized by increasing complexity of technologies associated with the globalization of markets, technical knowledge and innovation become crucial assets and primary condition for developing competitive advantage. These issues are often associated with a particular figure within organizations: that of the expert. Indeed, these people are usually considered as a source of technological excellence and innovative solutions. It becomes thus crucial, in order to retain these key people, to value their expertise and to propose adequate conditions for the development of their knowledge and their innovation potential. As a response to this challenge, the dual ladder model was developed and has been soon recognized as a primary solution for the management of experts in the technological and industrial companies. This model proposes an alternative career path (technical ladder) to that of traditional managerial path. However, this solution, while a reference model in the management of experts, has not often brought satisfaction neither for those in charge of its implementation, nor for targeted individuals. Inspired by this paradox of the dual ladder model and building on the results of a longitudinal intervention-research, this thesis proposes a new problematization of the issue of expert’ management in organisations. We argue that not only the recognition policies for current experts should be taken into consideration, but also the issues of anticipation of future needs in expertise as well as the creation of new expertise areas. This thesis thus proposes an analytical framework that incorporates three lines of action: recognition policies for experts, strategic renewal of expertise and creation of new expertise domains. Each line is supported by the associated management tool, which was tested and validated in our fieldwork.
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La communauté professionnelle du secteur de l’intelligence artificielle à Montréal

Houdelinckx, Alizé 08 1900 (has links)
Cette thèse a pour objet les liens sociaux entre les travailleurs du secteur de l’intelligence artificielle (IA) à Montréal, métropole qui connaît depuis les années 2010 un engouement social, économique, politique et médiatique pour ce secteur peu touché par la crise et par l’instabilité en emploi. Les travailleurs de l’IA occupent des emplois aux savoirs et aux savoir-faire hétérogènes et collaborent directement et indirectement pour construire collectivement les passerelles entre la science et la technologie. Au croisement de la sociologie des professions et de la sociologie du lien social, cette recherche interroge les caractéristiques des liens entre ces travailleurs mais aussi l’organisation symbolique dans laquelle ils sont intégrés. Elle mobilise le concept de communauté professionnelle pour désigner d’une part les travailleurs de l’IA dans leur ensemble, et d’autre part, ce pouvoir moral qui unit leurs intérêts individuels autant qu’il les dépasse. En étudiant leurs modes d’intégration, d’engagement dans l’activité, de reconnaissance et de protection, il ressort que l’intérêt partagé pour l’intelligence artificielle et la satisfaction de participer à « l’essor » de son secteur d’activité caractérisent significativement les liens qui les unissent. La popularité politique et économique du label « IA » renforce le prestige des travailleurs, qui doivent en retour continuer de renforcer sa légitimité dans l’espace social. Construites sur une approche mixte, les analyses révèlent en effet que ces liens entrainent des formes de dépendance et des rapports de pouvoir symbolique entre les professionnels et les travailleurs de métier qui composent la communauté professionnelle de l’IA. / This dissertation investigates the social bonds between workers in the artificial intelligence (AI) industry in Montreal. Through the 2010s, this city has manifested a growing social, economic, political and media interest for this sector still rather sheltered from the crisis and job instability. AI workers occupy jobs requiring a variety of knowledge and skills and collaborate both directly and indirectly to build collectively the bridges between science and technology. At the intersection of the sociology of professions and Durkheim’s sociology of the social bond, this dissertation examines the ties that characterize these workers relationships but also the symbolic structure in which they are integrated. I use the concept of professional community to designate, on the one hand, AI workers as a whole, and on the other hand, this moral force that unites their individual interests as much as it transcends them. Through an analysis of their modes of integration, commitment to the activity, recognition, and protection, I argue that the bonds that unite the AI workers are characterized by a shared interest in artificial intelligence and the satisfaction of participating in the AI “boom”. The political and economical popularity of the “AI” label reinforces the prestige of the workers, who in return must continue to strengthen the legitimacy of the sector in the public sphere. Built on a mixed approach, the analyses presented in this dissertation show that these bonds lead to dependencies and symbolic power relationships between the professionals and the workers in the AI professional community.

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