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La Fable du favori dans la littérature française du premier XVIIe siècle / The royal favourite in the French literature during the first half of the Seventeenth century

Amstutz, Delphine 16 October 2013 (has links)
I L’objet de cette thèse est de montrer les caractéristiques de la représentation du favori royal dans la littérature française du premier XVIIe siècle. Alors que le mot « favori » entre dans la langue française dès le début du XVIe siècle, il faut attendre le début du siècle suivant pour que le favori devienne une notion politique opératoire et un personnage littéraire topique. Nous nous proposons donc d’analyser, selon une méthode nominaliste et pragmatique, la « fable du favori » à l’âge baroque c’est-à-dire l’ensemble des discours afférents au favori entre 1610 à1664. Cette étude comprend deux versants : archéologique et poétique. Il s’agit d’abord de dégager la généalogie du favori en le confrontant à d’autres types de personnels politiques mieux attestés par la tradition historique et philosophique (le conseiller, le secrétaire, le flatteur, le mignon de cour notamment), puis d’explorer l’imaginaire politique ambivalent de la faveur avant d’examiner les différentes théories politiques qui, à l’âge baroque, utilisent la notion de favori comme pierre de touche. Nous parcourons ensuite, selon un continuum chronologique, les différents genres littéraires que le favori conquiert à mesure que s’écoulent les premières décennies du XVIIe siècle, pour montrer comment les contraintes poétiques propres à chaque genre modèlent le visage du favori. En prolongeant une hypothèse émise par Curtis Perry dans Literature and Favoritism in Early Modern England, nous avancerons que la « fable du favori » aura fourni aux contemporains de Louis XIII un langage commun pour traiter certaines « difficult but inevitable [questions] », pour explorer certaines « gray area[s] in the culture ». Ces questions ne relèvent cependant pas uniquement de la sphère politique. La fable du favori se déploie certes dans ces « années cardinales » où la pensée étatiste triomphe et bouleverse les références de la théorie ou de la pratique politiques, mais elle manifeste avant tout, sous une forme métaphorique et dramatisée, une interrogation sourde et obstinée sur les conditions et les limites de l’agir humain ; elle traduit un souci de comprendre l’individu aux prises avec le monde, la société et l’histoire. Comme parvenu, le favori manifeste la toute-puissance de l’action individuelle mue par la volonté et guidée par la réflexion. Cependant, la trajectoire personnelle du favori semble s’inscrire dans une destinée déterminée, qui trahit l’emprise inexpugnable de la Fortune sur les ambitions humaines. Figure bifrons, le favori incarne donc une allégorie de la prudence. La fable du favori interroge ainsi la pertinence et la relativité de valeurs fondamentales : le mérite personnel et la vertu, la faveur et la valeur. Elle implique une réflexion anthropologique et éthique puisqu’elle sonde les passions politiques, redessine les espaces de l’intimité, les formes de l’affectivité et les contours de l’identité personnelle à une époque où la distinction entre les sphères publique et privée n’est pas acquise. La fable du favori innerve enfin la réflexion historiographique sur « l’absolutisme » et sous-tend la construction du premier champ littéraire : au terme de sa carrière politique, le favori devient, sous l’égide de Mécène, une figure tutélaire de la culture galante. nsérer ici votre résumé en français / The purpose of this PhD thesis is to present the characteristics of the royal favourite as depicted in 17th-century literature. Although the term “favourite” entered the French language at the beginning of the 16th century, the favourite did not become an operating political concept and a topical literary figure until the beginning of the next century. Our intention is to analyse, according to a nominalist and pragmatic method, the “fable of the favourite” during the Baroque period, i.e. the collection of texts relating to favourites written between 1610 and 1664. This study comprises two parts: the first archaeological, the second poetic. It aims first at identifying the genealogy of the favourite by comparing him to other types of political character more present in historical and philosophical tradition – in particular, advisors, secretaries, flatterers and Mignons-, then at exploring the ambivalent political imagination of the favour, before examining the different political theories of the Baroque period that used this concept of the favourite as a touchstone. We will then review in chronological order the different literary genres in which the favourite appeared over the course of the opening decades of the 17th century, demonstrating how the poetic constraints of each genre have shaped the way the favourite is viewed. By extension of an assertion by Curtis Perry in “Literature and Favoritism in Early Modern England”, we suggest that the favourite’s story provided Louis XIII’s contemporaries with a common language in which to address certain “difficult but unavoidable [questions]” and to explore some “grey area[s] in the culture”. Nevertheless, those questions do not only revolve around politics. The “fable of the favourite” does indeed develop during those “cardinal years” where the statist spirit prevailed and upset all references to political theory or practice, however it above all reflected, in a metaphorical and dramatised form, a muffled and stubborn questioning of the conditions and limits of human acting. It marked a desire to understand individuals as they struggled with the world, society and history. As a parvenu, the favourite embodied the omnipotence of individual action driven by will and directed by thought. However, the personal journey of the favourite seems to encompass a determined fate which betrays the unassailable hold of Fortune on human ambitions. Being a dual figure, the favourite embodies an allegory of prudence. The fable of the favourite thus questions the relevance and relativity of fundamental values: personal merit and virtue, favour and value. It implies anthropological and ethical considerations, since it probes into political passions and redefines the limits of privacy, the forms of affection and the boundaries of personal identity at a time when the distinction between the public and private sphere was not yet clear. Finally, the fable of the favourite reinvigorates the historiographical examination of “absolutism” and underpins the assembly of the first literary field: at the end of his political career, the favourite became, under the aegis of Maecenas, a figurehead of the culture of gallantry.

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