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Insécurités. Une interprétation environnementale de la violence au Ouaddaï (Tchad oriental)Favre, Johanne 26 November 2008 (has links) (PDF)
Quelle est, dans l'est du Tchad, la validité des théories néo-malthusiennes sur les « conflits environnementaux » ?<br />Les pénuries alimentaires y sont structurelles, mais ne s'expliquent qu'incomplètement par des facteurs démographiques et environnementaux. C'est le contexte sociopolitique qui détermine l'occurrence de la violence. A partir de 2003, la guerre du Darfour provoque un afflux de réfugiés dont la présence accroît la pression sur les ressources. L'aide internationale d'urgence nourrit des tensions, alors que les multiples projets de développement échouent à sortir la région d'une insécurité plutôt politique qu'alimentaire.<br />Le rapport au pouvoir central est déterminant. Ancien centre, le Ouaddaï est devenu un Far est marginalisé dans l'Etat construit par la colonisation. La région pâtit de l'absence d'aménagement et d'administration. La frontière soudanaise est propice à la fuite et à l'insoumission. Berceau du régime, l'est tchadien est le territoire où se fomentent les rébellions qui le menacent. L'accaparement du pouvoir et des récentes ressources pétrolières par le groupe dirigeant suscite la réapparition d'une opposition armée victime d'un processus continu de scissions et de recompositions. Les affrontements intercommunautaires qui explosent en 2006 et le déploiement en 2008 d'une force de sécurisation ONU/UE sont à interpréter dans ce contexte.<br />La violence s'enracine dans l'histoire de la région. L'empire précolonial du Ouaddaï – monarchie de droit divin – est le point de ralliement identitaire d'une population agressée par la colonisation. Après l'indépendance, la région est au cœur d'une guerre de Trente ans qui achève de corrompre les relations intercommunautaires. <br />Le refuge est dans l'adhésion au monde arabo-musulman. Elle se manifeste par un refus des modèles de développement importés d'Occident et par un rejet de l'enseignement laïc. L'école publique tchadienne, en crise, ne permet pas de dépasser ce conflit culturel : elle est à la fois le réceptacle et le catalyseur des violences sociales.<br />Au Tchad, la gestion des ressources et la gestion de la pénurie sont également facteurs de violence. L'établissement de la paix passe par une exigence de justice sociale, économique et politique. La nation se forge dans ce combat, et dans l'appropriation d'une histoire commune.
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Political ecology des engrillagements de Sologne - Tentative de défragmentation du paysage écologique, politique et disciplinaire / The Political Ecology of fencing in the Sologne region in France - An attempt to re-unify the ecological, political and disciplinary landscapeBaltzinger, Marie 23 March 2016 (has links)
Quoi de plus naturel qu’une clôture ? Parmi les images d’Epinal qui nous viennent spontanément à l’esprit, le bocage avec ses haies bien ordonnées, évoque une relation apaisée, rationnelle, arcadienne avec une nature nourricière et bienveillante. Pourtant, la prolifération des clôtures en milieu rural depuis un siècle a suscité la curiosité de nombreux chercheurs dans des disciplines variées. Qu’il s’agisse de protéger la nature de dégradations engendrées par les populations humaines - dans le cas d’espaces protégés -, ou à l’inverse de protéger les humains contre des dangers « naturels » - comme dans le cas de la prévention routière, ces clôtures semblent répondre à une nécessité absolue de ségrégation spatiale entre les hommes et la nature : Quoi de moins naturel qu’une clôture ? Vu sous cet angle, le conflit politico-environnemental engendré par la propagation récente des engrillagements forestiers en Sologne reflète assez bien l’ambiguïté de nos perceptions vis-à-vis du caractère naturel ou non de ces clôtures. La Sologne est une région naturelle Française couvrant près de 500 000 hectares délimitée au nord par la vallée de la Loire et au sud par la vallée du Cher. Fruit d’une occupation humaine attestée depuis le XIe siècle, conjuguée à des contraintes écologiques spécifiques, le paysage Solognot est aujourd’hui caractérisé par son couvert boisé important (environ 50% de la surface) et ses populations importantes de grand gibier, qui entretiennent la longue réputation cynégétique de cette région ; la propriété privée y est largement majoritaire (plus de 90% de la surface forestière). En 2012, une agitation médiatique (film, articles de presse, sites internet) cristallisent un conflit environnemental latente, faisant intervenir des éléments écologiques – les effets supposés bénéfiques ou néfastes de ces engrillagements sur la grande faune, mais aussi politiques – la nécessité de réglementer les engrillagements, et culturels - la sauvegarde du « paysage Solognot ». Afin d’analyser ce conflit, une approche interdisciplinaire de type Political Ecology a été menée, mêlant travail d’enquête auprès de la population et étude du fonctionnement écologique des espaces engrillagés. Ces travaux ont montré que les engrillagements modifient la répartition spatiale des cerfs. La recherche d’effets cascades sur les oiseaux forestiers - résultants des surdensités locales de cerfs en espace engrillagé - n’a cependant pas mis en évidence d’effet négatif. A partir des enquêtes, il apparaît que le conflit est pluridimensionnel et que l’aspect écologique – bien réel – ne suffit pas à lui seul pour comprendre l’enjeu de ce débat au sujet des engrillagements. Ces résultats génèrent une réflexion sur la complexité des conflits environnementaux, et la nécessité d’envisager ces conflits sous des angles différents. Cela implique d’utiliser des outils et des approches issues de plusieurs disciplines, mais aussi et surtout de parvenir à mettre en résonance le matériel hétérogène ainsi obtenu, afin de proposer une approche multifacette mais cohérente. Dans ce cas d’étude, les résultats sur les effets cascades se sont par exemple révélés extrêmement marginaux, alors qu’une étude parallèle sur le comportement du sanglier en milieu engrillagé aurait probablement été très pertinente. Cela amène plus largement à réfléchir sur le « cadrage » des problèmes environnementaux, et sur les choix conscients ou non que nous faisons lorsque nous décrivons une situation comme problématique pour « la nature ». Plus généralement, ces résultats incitent à (re)placer le politique au cœur de nos réflexions sur ce qu’est la « nature », y compris dans la façon dont nous écologues posons nos questions de recherches. / What could be more natural than a fence? Among the traditional images in our collective heritage, a pastoral landscape with well maintained hedges evokes a calm, rational, Arcadian relationship between man and a benevolent, sustaining ature. Yet the century-long proliferation of fences in our rural landscapes has attracted the curiosity of numerous researchers from a variety of disciplines. Whether the goal is to protect nature from the degradations caused by human populations - as in the case of natural protected areas, or inversely, to protect humans from “natural” dangers – as in the case of accident prevention and road safety, fences seem to respond to a primordial necessity to segregate man and nature in space: What could be less natural than a fence? With this in mind, the political/environmental conflict over the recent propagation of forest fences in Sologne reflects quite well the ambiguity of how we perceive such fences – or they “natural” or not? The Sologne is an officially designated “natural region” in France. It extends over nearly 500,000 hectares bordered on the North by the Loire valley and on the South by the Cher valley. The Sologne landscape is the fruit of human occupation, certain since the XI century, combined with specific ecological constraints. Today, Sologne is characterized by extensive forest cover (around 50% of the surface area) and by large populations of big game animals, maintaining the region’s a long history of hunting. Furthermore, land ownership in Sologne is mainly private and more than 90% of the forested area is in private holdings. In 2012, some media excitement (film, newspaper articles, internet sites) crystallized an environmental conflict calling on ecological arguments – the supposed beneficial or detrimental effects of the fencing networks on big game, but also on political arguments – the need to regulate these networks, and on cultural arguments – preserving the Sologne landscape. In order to disentangle the structural lines of this conflict, we applied an interdisciplinary, Political Ecology approach; we combined opinion polls among the inhabitants with the study of ecological functions within the fenced zones. We observed that fences induced modifications of deer habitat use. However, our investigations into a possible cascade effect on forest birds resulting from localized deer over-population in fenced areas revealed no evidence of any negative impact. From our opinion polls, we found that the conflict seems to be multi-dimensional and that the ecological aspect – whose existence is indeed supported by fact – is not sufficient alone to understand what is at stake in this fencing dispute. Our results highlight the complexity of environmental conflicts, and the importance of viewing these conflicts from many different angles. Apprehending this complexity implies using tools and approaches from several different disciplines, but also – and above all – making the heterogeneous results obtained resonate together, in order to propose a coherent, multi-facetted approach. In this study for example, the results obtained for potential cascade effects on birds were extremely marginal, whereas a parallel study on wild boar behavior patterns in an environment with a fencing network would probably have been very pertinent. This leads us to the broader question of the “framework” of environmental problems and to the question of the choices we make – whether consciously or not – when we describe a situation as detrimental to “Nature”. More generally, the results from this study encourage us to put politics (back) into the center of our reflections surrounding the question: What is nature? – and to keep this in mind when we as ecologists define our research hypotheses.
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