Ce travail de thèse étudie l’improvisation socio-motrice, entre deux personnes. Nos capacités d’improvisation reflètent notre faculté à interagir avec autrui en adaptant nos réponses comportementales à celles de l’autre. Deux paramètres rendent compte de ces capacités : la créativité motrice, c’est-à-dire la richesse des mouvements, et la coordination interpersonnelle. Bien que fondamentaux dans le succès de nos interactions sociales, leur investigation conjointe, jamais réalisée, semble nécessaire. Le but de cette thèse était donc d’investiguer les comportements moteurs inter- et intra-personnels en situation d’improvisation. Pour cela, nous avons d’abord : (i) recueilli et défini les méthodes d’analyse de la créativité motrice et de la coordination, (ii) analysé les capacités d’improvisation et leur acquisition, (iii) mesuré l’effet de l’improvisation sur l’organisation posturale de chacun, et finalement (iv) évalué les capacités d’improvisation en présence d’un déficit d’interaction sociale (associé à la schizophrénie). Pris ensemble, nos résultats indiquent que l’improvisation socio-motrice est un bon témoin de nos interactions sociales. Nous montrons précisément que les capacités d’improvisation permettent de discriminer un individu sain d’un individu souffrant de déficit social. La coordination interpersonnelle semble jouer un rôle fondamental, aussi bien dans l’acquisition de l’improvisation que dans la stabilité posturale qui la sous-tend. Ces résultats sont discutés à travers l’approche des patrons dynamiques de coordination. Nous proposons un modèle simplifié de l’improvisation intégrant la coordination et la créativité. Nos conclusions offrent des perspectives permettant de mieux comprendre et améliorer nos interactions sociales, en présence ou non de désordres sociaux. / This work investigates the socio-motor improvisation that occurs between two people. Improvisation capacities rely on our ability to interact with others by adapting our own behavioral answers to those of the other. Two parameters display these capacities: motor creativity (i.e., the richness of our movements) and interpersonal coordination. Although these two parameters are fundamental in the success of social interaction, they were never investigated jointly. This was the goal of our thesis. We aimed to explore intra- and interpersonal motor behaviors during improvisation. To do so, (i) we reviewed existing methods analyzing creativity and coordination, and proposed new ones, (ii) we measured improvisation capacities and their possible acquisition, (iii) we evaluated the influence of improvisation on postural organization of each person and (iv) we assessed the ability to improvise in presence of social deficits (associated with schizophrenia). Taken together, our results demonstrate that socio-motor improvisation is a good candidate to capture our social interactions. More precisely, we show that such capacities could discriminate healthy people from patients suffering from social deficits. Interpersonal coordination seems fundamental since it improves improvisation capacities and postural stability during social interaction. These results are discussed in the conceptual framework of the dynamical approach to movement coordination. We propose a simplified model of socio-motor improvisation including creativity and coordination. Finally, our conclusions offer new perspectives for the understanding and the improvement of social interactions, in presence or not of social disorders.