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Crise et chômage dans la ville de Québec (1929-1939) : Analyse de l'évolution des pratiques d'assistance et du discours idéologique de la petite-bourgeoisie au niveau municipalLégaré, Yves 25 April 2018 (has links)
La crise de 1929 et ses répercussions tant sociales que politiques n'ont suscité jusqu'à maintenant qu'un nombre relativement peu élevé d'analyses. La place qui leur est octroyée dans l'historiographie ne reflète d'ailleurs que bien peu l'impact de ces dix années sur l'histoire du Québec. La crise économique qui sévit actuellement dans nombre de pays, tout comme les réminiscences auxquelles a donné lieu le cinquantenaire du Krach de 1929, permettront sans doute de lever un peu le voile sur cette époque. C'est afin de collaborer à l'approfondissement d'un domaine longtemps négligé que nous avions choisi de consacrer notre thèse à l'histoire des chômeurs au Québec de 1929 à 1939. Nous espérions alors analyser les conditions de vie des chômeurs, les mesures sociales adoptées et appliquées, les revendications mises de l'avant, l'action tant idéologique que politique des gouvernants tout comme celle des divers groupes ou organismes intéressés dans l'élaboration ou l'application des politiques sociales. Cependant, l'ampleur de la tâche à accomplir nous est apparue rapidement : mener une étude d'une telle envergure aurait nécessité des énergies débordant largement le cadre d'un travail de maîtrise. Afin de revenir à un projet plus réaliste, nous avons concentré nos efforts sur l'impact de la crise dans la ville de Québec de 1929 à 1939. Ainsi, tout en réduisant notre recherche documentaire d'une façon notable, nous abordions un sujet encore inexploité. Ces paramètres établis et notre recherche circonscrite, nous pouvions entreprendre l'analyse des effets de la crise sur une municipalité comme Québec. Immédiatement, bien des questions étaient soulevées : quels moyens la cité allait-elle mettre en oeuvre pour atténuer les effets de la crise? Quelle serait la part de sa participation à l'élaboration des politiques sociales? Quelle serait la fonction des politiques mises de l'avant? La crise allait-elle influer sur la politique municipale? Allait-elle amener une remise en question de l'idéologie dominante? Afin de répondre à ces interrogations ainsi qu'aux nombreuses autres questions portant tout aussi bien sur l'évolution du chômage que sur les conditions de vie du chômeur, nous avons choisi de diviser notre thèse en trois chapitres consacrés respectivement à l'analyse des politiques sociales, à l'étude de la politique municipale et à l'évolution du chômage à Québec et à ses conséquences. Dans notre premier chapitre, nous nous pencherons sur l'impact de la crise dans les pratiques d'assistance de la ville de Québec. Précisant tout d'abord le sens de l'évolution du rôle des politiques sociales, nous chercherons à dégager les réaménagements entraînés au niveau du partage des pouvoirs. Ensuite, conscient de la prédominance des secours directs proportionnellement aux autres formes d'aide sociale, nous nous attarderons à l'administration desdits secours par la ville ainsi qu'aux divers changements perceptibles en ce domaine. Le deuxième chapitre sera consacré à la politique municipale au cours de ces années de crise. Bien qu'il n'entre pas dans nos intentions de couvrir tous les aspects des campagnes électorales, nous avons cru bon, pour évaluer l'importance de la crise, de faire l'analyse des enjeux électoraux. Nous verrons ainsi à dégager les préoccupations politiques principales des édiles locaux, S analyser les thèmes les plus importants et à en faire ressortir les implications idéologiques. Aussi, nous compléterons ce chapitre par une analyse de l'administration Grégoire, confirmant ainsi son importance comme représentant du courant petit-bourgeois. Enfin, le troisième chapitre traitera non seulement de l'évolution statistique du chômage à Québec mais de la pertinence des moyens utilisés. Nous chercherons à illustre r les lacunes du système d'aide sociale et à mettre en lumière, quoique de façon incomplète, les conditions de vie des sans-travail. De nombreuses questions resteront toutefois sans réponse. Les sources consultées n'ont en effet pas toujours comblé nos attentes. L'ensemble de la documentation disponible (contenu principalement dans trois dépôts d'archives : Archives nationales du Québec, Archives de l'Université Laval et Archives de la ville de Québec) s'est parfois avéré décevant. Par exemple, les Rapports et Dossiers du Comité administratif déposés aux Archives de la ville de Québec, bien que nombreux et volumineux, ne donnent bien souvent que le texte des résolutions prises par cet organisme sans nous livre r les informations nécessaires à la compréhension de ces mécanismes ou des raisons qui ont motivé ces décisions. Trop fréquemment, nous avons dû nous contenter de bribes d'information sur des sujets aussi importants que la gestion des secours directs, bribes desquelles il était parfois ardu de dégager une vision d'ensemble. Deux autres fonds d'Archives nous ont cependant permis d'étoffer notre travail : le fonds Grégoire, conservé aux Archives de l'Université Laval et le fonds de la Société Saint-Vincent de Paul, déposé aux Archives nationales du Québec. Du premier, nous avons dépouillé la correspondance et les discours portant sur la politique municipale de même que certains documents non classés^ . La richesse de ce fonds a permis de cerner avec précision, les idées véhiculées par le maire de Québec de 1934 à 1938. De tel - les sources étaient malheureusement inexistantes pour l'étude des autres maires et nous avons dû nous satisfaire de comptes rendus de journaux. Enfin, le fonds de la Société Saint-Vincent de Paul nous a permis d'étudier les problèmes auxquels étaient confrontés certains organismes dans la gestion de l'assistance et de compléter notre étude des modifications apportées par la crise dans les pratiques traditionnelles d'assistance. La consultation de certaines autres sources aurait pu contribuer à étayer notre thèse. Le dépouillement de dix années de journaux nous aurait peut-être permis d'approfondir notre critique des mesures sociales et de replacer dans un contexte plus global l'analyse des campagnes électorales. De plus, ce dépouillement, allié à une analyse des rapports de police, nous aurai t sans doute permis d'aller plus à fond dans notre étude des mouvements contestataires, étude dont nous admettons les limites au troisième chapitre. Une recherche d'une telle ampleur, recherche dont les résultats demeuraient d'ailleurs incertains, dépassait cependant le cadre d'une thèse de maîtrise et c'est à regret que nous y avons renoncé. A ces limites imposées par certaines lacunes documentaires, s'ajouteront celles inhérentes à la délimitation du sujet. En concentrant notre étude sur la seule ville de Québec, nous nous sommes imposé des limites qui peuvent être lourdes de conséquences. A l'époque de la crise, les municipalité s n'avaient souvent que bien peu de prise sur la situation. L'élaboration des politiques sociales dépendant davantage des autres paliers de gouvernement, le débat politique au niveau municipal, ne faisait souvent que refléter localement un débat plus important. C'est pourquoi un focus sur une seule municipalité ne peut nous permettre de saisir globalement les implications de la crise. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2012
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