Réalité à la fois humaine et culturelle, la peur enfantine naît de la fragilité de l'être psychologique et de son incapacité à distinguer les espaces et les manifestations réels, possibles et imaginaires. Observées en milieu rural et à travers les témoignages de gens dont l'enfance (6 à 11 ans) est liée au passé – soit à la vie traditionnelle — ou au présent — c'est-à-dire aux temps modernes —, les frayeurs avouées révèlent des thèmes et des motifs multiples, des formes et des figures diverses. Lié à la hantise d'une suppression de l'intégrité physique et mentale, ce phénomène témoigne de la survie de sa nature et de l'évolution de son imagerie réelle et symbolique. En fait, ces craintes s'inspirent de la charge émotive que libèrent les éléments suivants: la structuration humaine et affective qui façonnent la cellule familiale; les mouvements démographiques qui imprègnent et marquent le milieu "socialisateur" et ses paysages; la soumission au sacré et à ses symboles à laquelle a succédé une appropriation idéo-culturelle de la science et de la fiction; et enfin, les règnes successifs de la parole et de l'image, qui initient au monde des adultes et, ainsi, manipulent les frontières de l'enfance. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2013