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La polyphonie agnostique dans L'idiot de Dostoïevski : la parole réconciliatrice versus le regard chosifiant, deux systèmes de représentationMousseau, Benjamin January 2007 (has links) (PDF)
Dans ce mémoire, nous tentons de cerner l'esthétique formelle et thématique de L'Idiot de Dostoïevski, que nous appelons la « polyphonie agnostique ». La polyphonie de Bakhtine, en elle-même, s'est révélée inapte à tenir compte de la dimension sacrée du roman, considérée tel un discours idéologique parmi d'autres, selon un principe d'équipollence. Si la polyphonie est ouverte à la multiplicité des voix dans le texte, elle en néglige néanmoins le tragique, soit la crise du sacré orthodoxe marquant la fin du XIXe siècle en Russie. À l'opposé, Ivanov donne un plein sens à cette crise spirituelle, sans toutefois insister suffisamment sur l'aspect formel (désacralisant) de l'écriture dostoïevskienne. Tels sont les deux pôles qui divisent généralement les critiques littéraires: la polyphonie formelle versus le monologisme thématique. Dans l'esprit de concilier ces deux interprétations, nous avons remanié le concept de polyphonie de façon à ce qu'il puisse reconnaître la possibilité de Dieu dans le roman, c'est-à-dire la réalité potentielle du sacré (Bataille). Ainsi, L'Idiot illustre un ensemble de mondes possibles, à l'intérieur duquel le personnage et le lecteur sont appelés à choisir entre les perspectives du regard chosifiant (profane/extérieur) et de la parole réconciliatrice (sacrée/intérieure), soit deux systèmes de représentation en lutte pour s'approprier l'essence du personnage principal -le prince Mychkine -déchiré entre la modernité d'une image et la tradition d'une parole, entre la figure de don Quichotte et celle du Christ. L'esthétique de L'Idiot exprime une tension, jusqu'au point de rupture, entre la polyphonie relativiste et le monologisme orthodoxe. Dans le but de respecter autant la nouveauté formelle, mise en lumière par Bakhtine, que l'enjeu thématique du roman, le
« tragique » d'Ivanov, la solution qui s'est imposée a été de fondre ensemble la polyphonie bakhtinienne et le perspectivisme de Deleuze et Guattari, ce qui a donné naissance à la polyphonie agnostique. La contingence des valeurs, telle que conçue par les deux philosophes, nous autorise à interpréter les « idées/valeurs » comme des mondes virtuels au seuil de leur actualisation. Sous cet éclairage, la potentialité générale des idées respecte la diversité formelle de la polyphonie, tandis que l'actualisation inégale des Vérités alimente la tragédie. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Dostoïevski, L'Idiot, Polyphonie, Regard, Parole.
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Le moment décisif dans l'oeuvre romanesque de DostoïevskiRacine-Poulin, François 02 1900 (has links) (PDF)
Dans le présent mémoire, nous tentons de démontrer que la poétique de Dostoïevski, dans sa période de l'après-bagne, s'articule essentiellement autour du concept-clé de « moment décisif ». Celui-ci renvoie notamment à l'ensemble des procédés narratifs inspirés du mélodrame auquel l'auteur a recours lors des scènes de rencontres extraordinaires et théâtrales qui foisonnent dans son œuvre et que nous qualifions de « conclaves polyphoniques ». Ces passages d'une importance cruciale rassemblent toutes les caractéristiques du moment décisif : le temps y devient élastique, les événements s'enchaînent de façon incohérente et imprévisible, et les personnages, souvent malades ou délirants, s'y trouvent livrés à des forces inconnues qui marqueront pour toujours la fracture de leur destinée en un avant et un après. Du point de vue formel, ces passages sont caractérisés par une dynamique de rupture, de fracas et d'incohérence, modalité propre au moment décisif. Ce dernier tient également lieu de complexe situationnel dont dépend tant la mise en intrigue que la caractérisation des personnages. En effet, l'intrigue dostoïevskienne se joue à coups de brisure, et les héros y passent d'une crise à une autre, ce qui mène à la redéfinition complète de leur conscience de soi. Ces accès d'extrême lucidité qui leur permettent de poser un regard nouveau non seulement sur eux-mêmes, mais sur leurs semblables et sur le monde, sont accompagnés d'une altération des sens ou sont carrément causés par la maladie. Cette dernière joue d'ailleurs un rôle d'une importance capitale dans le discours de certains des personnages les plus marquants de l'œuvre de Dostoïevski. Comme l'auteur, ils ont connu le moment décisif de la révélation par le biais de la maladie; ils ont vacillé sur le seuil entre deux mondes et, comme le condamné à mort ayant survécu à l'exécution (ce qu'a également connu l'auteur), ils ressentent le besoin d'en livrer un témoignage à leurs semblables. Le moment décisif représente ainsi beaucoup plus qu'un simple motif thématique ou encore qu'un strict procédé formel. Chez Dostoïevski, il est à la base même du discours philosophico-religieux qui sous-tend toute son œuvre de l'après-bagne.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Dostoïevski, Crime et châtiment, Le Joueur, L'Idiot, Les Démons, Les Frères Karamazov, temporalité, polyphonie
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