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Modalités d’expression de la géophagie et mise en évidence de son rôle dans l’écologie alimentaire du singe laineux à queue jaune du Pérou (Lagothrix flavicauda ;Humboldt, 1812): Geophagy behaviors and their role in the feeding ecology of the Peruvian yellow-tailed woolly monkey (Lagothrix flavicauda ;Humboldt, 1812)

Fack, Vinciane 03 June 2020 (has links) (PDF)
La géophagie désigne l’ingestion volontaire de terre et est répandue à travers le règne animal, l’Homme inclus. Cette large distribution souligne la longue histoire évolutive du comportement et suggère que la terre ingérée confèrerait des bénéfices adaptatifs aux consommateurs. L’Homme possède une longue histoire de la géophagie. Depuis deux dizaines d’années, la géophagie chez les primates non-humains connaît un intérêt scientifique croissant. Elle a été observée chez 27% des espèces de primates reconnues actuellement. Deux hypothèses majeures expliqueraient la géophagie chez les primates :la supplémentation et la protection. Dans le premier cas, la terre ingérée procurerait des éléments essentiels que l’individu ne trouve pas dans d’autres ressources. Dans le second cas, la terre consommée protègerait son tractus gastro-intestinal contre les endoparasites et/ou contre les effets néfastes des composés secondaires contenus dans les items végétaux ingérés. Toutefois, le manque de recherches multidisciplinaires ne facilite pas la compréhension du comportement et de son rôle chez les primates. Cette thèse s’intéresse à la géophagie chez le singe laineux à queue jaune (Lagothrix flavicauda), espèce pour laquelle ce comportement n’avait pas encore été décrit. C’est un des plus grands et un des plus rares primates néo-tropicaux. Ce primate peu étudié est endémique du Pérou et en Danger Critique d’extinction. Il est arboricole et principalement frugivore. Un groupe de singes habitués à la présence de chercheurs a été suivi au site d’étude de La Esperanza, afin de dresser les premières caractéristiques de la géophagie (Chap. 4) :i) toutes les classes d’individus (âge/sexe) consomment de la terre ii) en de rares et brefs événements (15 ± 9 secondes), iii) principalement pendant la saison sèche. Les singes semblent développer des stratégies pour gérer les risques de prédation liés à la terrestrialité qu’implique la géophagie :ils sélectionnent les sites de géophagie selon des paramètres qui pourraient promouvoir leur sécurité ;ils sont plus vigilants ;ils consomment souvent de la terre ex situ, sur une haute branche. La géophagie nécessite donc acquisition de connaissances particulières et nos observations mettent en évidence que l’apprentissage débute très tôt dans la vie de l’individu, la mère jouant un rôle crucial dans le processus de transmission du comportement. Ce travail s’est aussi focalisé sur l’échantillonnage et l’analyse de la composition des terres consommées et contrôles (Chap. 5) :la terre ingérée contient plus d’argile et moins d’éléments essentiels (e.g. Ca, Mg, K, Fe), supportant davantage l’hypothèse de protection, l’argile étant connue pour ses propriétés d’adsorption et d’évacuation des toxines. Enfin, les patterns temporels de la consommation de la terre et des items végétaux ont montré que la géophagie est directement associée à l’augmentation de la consommation de feuilles pendant la saison sèche (Chap. 6). Nos résultats suggèrent que ces primates ingèrent de la terre pour se protéger des composés secondaires pouvant être plus abondants dans les feuilles en saison sèche. Cette étude souligne que des données comportementales détaillées ainsi que des recherches comprenant plusieurs axes d’investigation sont essentielles pour comprendre la façon dont les individus acquièrent les connaissances liées à une pratique si rare. / Geophagy, i.e. the deliberate ingestion of earth, is largely described across the animal kingdom, including in human and non-human primates. Its widespread distribution highlights its long evolutionary history and its widely hypothesized selective benefits. Humans have a long history of geophagy. Since two decades, scientific interest in non-human primate geophagy is growing. The behavior has been described in 27% of the known primate species. In non-human primates, two major adaptive hypotheses are proposed to explain geophagy. The supplementation one argues that earth provides micronutrients individuals cannot find in their diet. The protection one argues that earth protects the gastrointestinal tract from secondary plant compounds and/or parasites. However, multidisciplinary research is lacking to fully understand the geophagy behavior in primates.I studied the geophagy behavior in the yellow-tailed woolly monkey (Lagothrix flavicauda), for which there was no earth consumption data. This monkey is one of the largest and rarest neotropical primates but remains little studied. Yellow-tailed woolly monkeys are Critically Endangered and endemic to northern Peru. They are arboreal and have a primarily frugivorous diet. Their simple gastro-intestinal tract makes digestion of cell walls and secondary plant compounds difficult.One habituated group of yellow-tailed woolly monkeys was studied at La Esperanza study site, allowing to provide the first descriptions of (Chap. 4) i) individuals of all age/sex classes consumed earth ii) in rare and very brief events (15 ± 9 seconds), and iii) mainly occurring during dry seasons. We also examined how these arboreal primates deal with the higher predation pressure linked to this terrestrial behavior: yellow-tailed wooly monkeys selected sites according to some parameters that may ensure their safety; they showed increased vigilance; and they often consumed earth ex situ, on a branch. Geophagy therefore requires the acquisition of specific knowledge and our observations show that learning begins very early in the individual's life, the mother playing a crucial role in the behavior transmission process. This research also focused on sampling and analyzing the composition of consumed and control earths (Chap. 5): earth consumed was richer in clay and poorer in micronutrients (e.g. Ca, Mg, K, Fe), better supporting the protection hypothesis, as clay is known to adsorb and evacuate toxins. Finally, temporal patterns of earth and vegetal items consumptions was also examined and showed geophagy was directly associated with the increased leaf consumption during the dry season (Chap. 6) and, through a geophagy day, earth and leaves consumption were synchronized. This study suggests that these primates eat earth to protect themselves against gastro-intestinal disorders caused by an increased ingestion of secondary compounds that might be more abundant in leaves and during the dry season. It also underlines that detailed behavioral data and multiple axed research are necessary to understand how a rare practice implying specific knowledge and aptitudes emerge in the behavioral repertoire of an individual. / Doctorat en Sciences / info:eu-repo/semantics/nonPublished

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