La présente thèse cherche à démontrer que, face aux limites de l’approche abolitionniste dans l’appréhension du travail de l’enfant, approche véhiculée principalement par l’Organisation internationale du travail (OIT), il est possible d’explorer d’autres voies en vue de la protection des droits de l’enfant travailleur, au nombre desquelles figure l’application d’une approche basée sur les droits de l’enfant et du travail décent adapté à l’enfant. Cette démonstration repose principalement sur deux points. Dans un premier temps, il s’est agi de démontrer que l’approche abolitionniste, fondée essentiellement sur une définition négative du travail de l’enfant et sur le seul critère de l’âge, présente des limites parmi lesquelles le confinement de l’enfant travailleur dans l’illégalité et le risque d’abus d’une part et, d’autre part, la non implication de ce dernier dans la mise en œuvre de ses droits notamment par le biais de la participation comme le stipule l’article 12 de la Convention relative aux droits de l’enfant. Dans un second temps, la combinaison de l’approche basée sur les droits de la personne et du concept de travail décent s’est avéré une avenue prometteuse en ce sens que cette approche, proche de la théorie de droits de l’enfant, est susceptible de permettre une participation efficience de l’enfant travailleur dans la mise en œuvre de ses droits tant substantifs que procéduraux grâce à un travail reconnu et adapté à sa condition. L’ensemble de ces éléments de démonstration est basé sur l’analyse de diverses sources, dont les instruments internationaux portant sur le phénomène de travail de l’enfant et sur les droits de l’enfant, la doctrine pertinente, les pratiques et politiques des institutions internationales, les commentaires généraux des organes de mise en œuvre des droits de la personne en général et des droits de l’enfant en particulier, etc. En conclusion, il est possible d’affirmer qu’une approche basée sur les droits de l’enfant, supportée par un travail décent adapté au travail de l’enfant, est à même de contribuer efficacement à la protection de l’enfant travailleur.

La présente thèse porte sur les groupes d’activités scolaires en tant qu’intervention de groupe en service social et leur contribution dans le renforcement des droits de l’enfant en Égypte. L’objectif général de la recherche est d’explorer la situation de la pratique du service social de groupe en Égypte à travers l’expérience des groupes d’activités scolaires. Il s’agit d’évaluer comment les travailleurs sociaux égyptiens utilisent la méthode de groupe en service social et dans quelles conditions ils interviennent. Pour atteindre cet objectif général, trois questions de recherche ont été formulées: comment se caractérisent les pratiques des travailleuses et travailleurs sociaux dans les groupes d’activités scolaires dans les écoles égyptiennes? Quels sont les éléments qui soutiennent, d’une part, et freinent, d’autre part, la mise en application des groupes d’activités scolaires en tant qu’intervention en service social dans les écoles égyptiennes? Selon la perception des travailleuses et travailleurs sociaux, dans quelle mesure les groupes d’activités scolaires contribuent-ils au renforcement des droits de l’enfant en Égypte? Pour atteindre ces objectifs, une collecte de données a été réalisée auprès de 200 travailleurs sociaux œuvrant auprès de groupes d’activités scolaires (GAS) dans les écoles secondaires des secteurs urbains et ruraux de Elzagazig. Le questionnaire utilisé pour la collecte des données comportait trois sections, chacune étant en rapport étroit avec une question de la recherche. La première section s’intéresse à l’étude des pratiques d’intervention et à la nature du service social de groupe. La deuxième aborde les facteurs qui influencent l’utilisation de groupe. Enfin, la troisième section porte sur la notion de droits de l’enfant. Les résultats mettent en évidence les observations suivantes : le groupe de voyage est le GAS le plus représentatif de la pratique professionnelle des répondants; les objectifs les plus fréquemment mentionnés sont la promotion de la libre expression et la socialisation; dans près de trois groupes sur quatre, les objectifs du groupe sont déterminés par le travailleur social; dans une très forte proportion, les GAS sont des groupes fermés dans lesquels il y a des normes formelles établies par l’intervenant. Par ailleurs, les données indiquent que la coopération et la participation démocratique sont des valeurs importantes pour les intervenants. Pour ce qui est des facteurs d’influence sur la réalisation des GAS, les facteurs organisationnels (ressources financières et matérielles, soutien des pairs et de la direction, temps disponible) apparaissent avoir plus d'influence sur les pratiques que les facteurs personnels. En ce qui a trait aux résultats relatifs à la dernière question de recherche, selon les répondants, les GAS contribuent au renforcement des droits de l’enfant, particulièrement en ce qui concerne le droit au développement social. Les résultats de cette recherche font ressortir, entre autres, l’importance de réfléchir aux mécanismes à mettre en place en milieu scolaire pour favoriser le respect des droits de l’enfant et la nécessité d’intégrer la question des droits de l’enfant, et de façon plus globale celle des droits de l’homme, dans les programmes de formation en service social.