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Police et politique dans la gestion des foules : un cas d’étude

Tuzza, Simone 08 1900 (has links)
Cette thèse propose un regard nouveau sur la relation entre police et politique afin de combler un manque de connaissance sur la tâche la plus « politique » du travail de police : la gestion des foules. Pour ce faire, l’objectif de la recherche vise donc à répondre à une problématique principale que l’on peut synthétiser ainsi : comment la police perçoit-elle les demandes des autorités gouvernementales et dans quelle mesure les policiers adhèrent-ils à leur rôle lors de la gestion des foules ? Pour répondre à cette question centrale, des sous-questionnements ont été formulés visant à comprendre : a) le fonctionnement de la chaine de commandement lors la gestion des foules en Italie, b) en ce qui concerne la chaine de commandement et au niveau du terrain, comment la police interprète son mandat face au maintien de l’ordre public; c) si la police (cadres dirigeants et agents sur le terrain) et les autorités gouvernementales partagent la même vision de la gestion de l’ordre public (ou non); d) et, si les attentes des autorités politique sont satisfaites par la police dans le mandat de la gestion de l’ordre public. Il s'agissait donc, non pas de définir le phénomène analysé, mais de mettre en évidence certaines de ses dimensions, ou plutôt, celles qui apparaissent moins explorées dans la littérature sur le sujet. Afin de répondre à ces questions, ce travail avancera une lecture de la police qui s’éloignera à la fois du critère de l’autonomie et de celui de la filiation de la police au pouvoir étatique (Brodeur, 1984). Selon la perspective interprétative de ce texte, les institutions policières font partie intégrante de la société, participent à ses tentatives d'organisation politique et de gouvernance (Palidda, 2010 ; 2000) et agissent en tant qu’« entrepreneurs moraux », en accord et de concert avec les institutions politiques (Becker, 1966). Du point de vue méthodologique, cette étude s’appuie sur 14 entrevues individuelles avec des membres des forces de police italiennes et des politiciens, 189 transcriptions de témoignages de policiers et politiciens dans le cadre du procès contre les manifestants No Tav, ainsi que sur 77 articles de presse. Traitant du rapport entre police et pouvoir politique qui semble être présent lors du policing protest, cette recherche a pour but ultime de comprendre comment la police résout les multiples tensions qui parcourent sa profession et qui sont particulièrement prégnantes dans le cadre de mobilisations citoyennes d’envergure, entre maintien de l’ordre et respect de la liberté d’expression ; mais aussi entre une police au service des citoyens et une police politique. En d’autres termes, cette étude essaye de mettre en lumière la complexité et les interconnexions du rôle de la police face à la gestion des foules, et en rapport à la politique. Le fil rouge que ce texte fera progressivement apparaître est celui du lien privilégié II que le pouvoir politique instaure avec l’institution policière ainsi que le processus à l’origine de cette interaction. Pour ce faire, l’étude partira d'une analyse des différentes fonctions au sein de la chaîne de commandement de la police et en poursuivant la recherche de points de connexion avec l’univers politique – non seulement à l'intérieur des institutions policières, mais aussi à l'extérieur dans le cadre politique de référence où le lien entre police et politique trouve un terrain fertile, se nourrit et vienne se concrétiser –, axera l'analyse sur les aspects critiques que ce rapport amène au niveau opérationnel de la police. On constate que les exigences du pouvoir politique ont une influence directe dans les choix technico-opérationnels de la police, bien supérieure à ce que l’on aurait imaginé au départ. Cette étude dévoile une image relativement méconnue d’une police italienne qui doit se confronter aux enjeux des autorités gouvernementales afin de mener son mandat de maintien de l’ordre public. Autrement dit, la prétendue indépendance et la professionnalisation de la police italienne se révèlent inachevées et constituent un point sensible, surtout lorsqu'il s'agit d'analyser le fonctionnement du maintien de l'ordre public. Il s'ensuit que l'image de la police comme un organisme professionnel, indépendant et maître de ses propres choix opérationnels, doit être remise en cause, du moins en ce qui concerne le cas italien en question. / In order to fill a lack of knowledge about the most “political” task of police work: policing protest, this thesis proposes a new perspective on the relationship between police and politics. In order to do so, the objective of the research is to answer a main problem that can be summarized as follows: how do the police perceive the demands of governmental authorities and to what extent do police officers adhere to their role during policing protest? To answer this central question, sub-questions have been formulated to understand : a) the functioning of the chain of command during policing protest in Italy; b) with regard to the chain of command and at the field level, how the police interpret their mandate in relation to the management of public order; c) whether the police (both management and field agents) and government authorities share the same vision of public order management (or not); d) and, if expectations of the political authorities are met by the police in the mandate of public order activities. The aim was therefore not to define the phenomenon being analysed, but to highlight some of its dimensions, or rather, those that appear less explored in the literature on the subject. In order to answer these questions, this work will put forward a reading of the police which will move away from both the criterion of autonomy and that of the police's filiation to State power (Brodeur, 1984). According to the interpretative perspective of this text, police institutions are an integral part of society, participate in its attempts at political organization and governance (Palidda, 2010; 2000) and act as “moral entrepreneurs”, in agreement and in concert with political institutions (Becker, 1966). From a methodological point of view, this study is based on 14 face-to-face interviews with members of the Italian police force and politicians, 189 transcripts of testimonies of police officers and politicians in the trial against the No Tav demonstrators, as well as 77 press articles. Discussing the relationship between the police and political power that seems to be present during policing protests, the ultimate goal of this research is to understand how the police resolve the multiple tensions that run through their profession and which are particularly prevalent in the context of large-scale citizen mobilizations, between policing and respect for freedom of expression; but also between a police force at the service of citizens and a political police force. In other words, this study attempts to highlight the complexity and interconnections of the role of the police facing policing protest, and in relation to politics. The common thread that this text will gradually reveal is the privileged link that the political power establishes with the police institution and the process at the origin of this interaction. In order to do so, the study will start from an analysis of the different functions within the police IV chain of command and by continuing the search for points of connection with the political universe - not only within the police institutions, but also outside in the political frame of reference where the link between police and politics finds fertile ground, is nourished and comes to fruition -, the analysis will focus on the critical aspects that this relationship brings to the operational level of the police. It can be seen that the demands of political power have a direct influence on the technical-operational choices of the police, much more than one would have imagined at the outset. This study reveals a relatively unknown image of an Italian police force which must face the challenges of government authorities in order to carry out its mandate of maintaining public order. In other words, the alleged independence and professionalization of the Italian police is unfinished business and is a sensitive issue, especially when it comes to analysing the functioning of policing protest. It follows that the image of the police as a professional body, independent and in control of its own operational choices, must be called into question, at least as far as the Italian case in question is concerned.
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Penser les transitions d’engagements militants : comprendre l’évolution des trajectoires militantes au sein des mouvements protestataires

Aigoin, Manon 08 1900 (has links)
À l’ère du militantisme digital, il est fréquent d’apercevoir des militants se placer en tant que porte parole sur différents champs de bataille au fil du temps. Dans ce contexte, la légitimité de leurs prises de position est questionnée par le tribunal médiatique. Là où certains dénoncent un opportunisme politique, nous avançons la thèse selon laquelle une multitude d’éléments peuvent motiver les changements de champs d’action militants visibles. C’est pourquoi la recherche présentée vise à mettre en lumière les processus influençant les transitions d’engagements militants au travers des mouvements sociaux protestataires. Pour ce faire, des entretiens semi-directifs ont été menés auprès de 8 militants alors actifs au sein de la mouvance opposée aux mesures sanitaires. Dans cette démarche, le récit des participants et un calendrier de vie ont été combinés dans un protocole d’enquête narrative biographique. Finalement, les données d'entretiens collectées ont été analysées à l'aide d'une méthode de théorisation ancrée s'appuyant sur un cadre théorique mobilisant la perspective du parcours de vie. Cette méthode a permis de montrer que les expériences influençant les trajectoires militantes diffèrent selon les modalités de transitions ; c’est-à-dire selon si elle s’effectue entre des groupes contestataires au sein d’un même mouvement, ou entre des mouvements défendant des causes différentes. Les résultats ont montré que les transitions d’engagements entre groupes contestataires peuvent être influencées par des insatisfactions liées aux stratégies d’actions ; alors que les transitions d’engagement actif entre deux mouvements protestataires peuvent être expliquées, soit (a) par un cumul d’engagement survenu suite à l’apparition d’un événement imprévu induisant une priorité d’action, soit (b) par une stratégie visant à faire perdurer les rétributions de la carrière militante au moment du déclin du mouvement alors investi. Par ailleurs, ce projet de recherche contribue plus généralement à expliquer les expériences ayant motivé des transitions d’engagements militants selon les propos des acteurs de cet objet d’études, dont 5 leaders du mouvement opposé aux mesures sanitaires. / In the age of digital activism, it's common to see activists positioning themselves as spokespersons on different battlefields over time. In this context, the legitimacy of their positions is questioned by the media tribunal. Where some denounce political opportunism, we put forward the thesis that a multitude of elements can motivate visible changes in activist fields of action. For this reason, the research presented here aims to shed light on the processes influencing transitions in activist commitment through social protest movements. To this end, semi-directive interviews were conducted with 8 activists then active within the movement opposed to health measures. In this approach, the participants' narratives and a life calendar were combined in a biographical narrative survey protocol. Finally, the interview data collected were analyzed using a grounded theorizing method based on a theoretical framework mobilizing the life-course perspective. This method enabled us to show that the course influencing militant trajectories differs according to the modalities of transitions, i.e. whether they take place between protest groups within the same movement, or between movements defending different causes. The results show that transitions of commitment between protest groups can be influenced by dissatisfaction with action strategies ; whereas transitions of active commitment between two protest movements can be explained either (a) by an accumulation of commitment following the appearance of an unforeseen event inducing a priority for action, or (b) by a strategy aimed at maintaining the rewards of the activist career at the time of the decline of the movement then invested. In addition, this research project contributes more generally to explaining the experiences that motivated militant transitions in activist commitments according to the words of the actors in this object of study, including 5 leaders of the movement opposed to health measures.

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