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Chypre île refuge, 1192-1473 : migrations et intégration dans le Levant Latin / Cyprus, refuge island, 1192-1473 : migrations and integration in The Latin LevantFenoy, Laurent 19 November 2011 (has links)
Bien des sources chrétiennes relayées par des études des XIX et XXe siècles considèrent la domination des Lusignan en Chypre comme la manifestation d’un double affrontement interconfessionnel. Les rois latins auraient fait de l’île un refuge face à l’expansion de l’Islam avant d’avilir les autochtones Grecs en s’appuyant sur des « réfugiés conquérants », à savoir les Francs et leurs alliés chrétiens orientaux chassés du Proche-Orient. Mais à l’aune de l’écheveau migratoire de la Méditerranée orientale, sauf à exagérer l’impact de l’affrontement entre croisade et jihad, l’ampleur et la nature des migrations affectant Chypre entre 1192 et 1473 ne permettent pas de caractériser l’île par la notion de refuge chrétien: dans la continuité de migrations pluriséculaires Chypre demeure une terre d’accueil façonnée par des dynamiques réticulaires souvent étrangères aux logiques de confrontations interconfessionnelles. Le rôle de Chypre comme île refuge se lit mieux dans sa dimension de conservatoire des nations, lequel s’affirme au même rythme que s’érige une identité chypriote. La reconnaissance officielle de la singularité de chaque communauté peut parfois hiérarchiser la société au profit des seulsLatins : elle n’en fonde pas moins une organisation insulaire consensuelle, car en revêtant un tour intercommunautaire le débat social et identitaire prémunit des dynamiques assimilatrices et favorise l’intégration progressive de tous les Chypriotes aux affaires du royaume. L’île s’impose alors comme un refuge des cultures où une hyper-identité chypriote coiffe autant d’hypo-identités que Chypre compte de nations, permettant à tous les Kypriotes de vivre ensemble sans se confondre. / Many christian sources relieved by studies of the XIX and XXth centuries consider the Lusignan rule over Cyprus as the expression of a double interconfessional confrontation. Latin kings would have turned the island into a refuge in front of the expansion of the Islam before degrading the Greek natives by leaning on “conquering refugees”, namely Franks and theireastern christian allies, forced to flee the Middle East. But compared with the migratory hank of the oriental Mediterranean Sea, unless overstating the impact of the confrontation between crusade and jihad, the scale and the nature of the migrations regarding Cyprus between 1192 and 1473 do not allow to characterize the island by the notion of christian refuge: in the continuity of plurisecular migrations Cyprus remains a land of welcome shaped by reticular dynamics often extraneous to interconfessional confrontations. The role of Cyprus as refuge island is clearer in its dimension of nations conservatory, which asserts itself with the same rhythm as sets up itself a Cypriot identity. The official recognition of the singularity of every community can sometimes organize into a hierarchy the society for the benefit of the Latins only ones: but it founds a consensual island organization, because by taking on an intercommunity turn, the social and identity debate protects against assimilatrices dynamics and favours the progressive integration of all the Cypriots into the kingdom’s affairs. The island then stands out as a refuge of the cultures where a chypriote hyper-identity heads up so manyhypo-identities as Cyprus boasts nations, allowing all Kypriotes to live together without becoming confused.
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