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Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus: Military Conscription in French Literary Representations of the Algerian WarJanuary 2020 (has links)
This dissertation offers readings of novels by Pierre Guyotat, Georges Perec, Patrick Modiano and other lesser-known French authors of the twentieth and twenty-first century, analyzing the representation of the “appelés d’Algérie,” the last citizens of France to be mobilized in a wartime draft. Dating back to the Third Republic, military service played a key role in turning both metropolitan and colonial populations into Frenchmen, though clearly not under the same conditions or in the same way. A historically informed account of military service’s role in citizenship formation can provide a useful analytic frame for clarifying literary engagements with contemporary French “identity-talk,” i.e. political and discursive deployments of identity and identity politics, as well as debates around laïcité, universalist assimilationism, and “communautarisme.”
In early literary responses to the Algerian War, the character of the conscript serves to criticize the rising tide of consumerism and Americanization in postwar France. In novels by Daniel Anselme and René-Nicolas Ehni, draftees participate in a homosocial republicanism in which “fraternité” trumps both atomized individualism and the normative heterosexual couple, a locus of consumption. In novels by Perec and Modiano, resistance to conscription enables a critique of universalist citizenship, as the figure of the insubordinate or ambivalent conscript provides an opportunity to reckon with Jewish identity and French anti-Semitism. My analysis addresses the unequal and uneven distribution of political rights based on “identity” factors as well as the asymmetrical deployment of the term “communautarisme.” Certain of Guyotat’s texts are perceived to respond politically and aesthetically to the Algerian War, even though they refuse the conventions of realism, verisimilitude, and even representation. Using Foucault to read Guyotat, my analysis of his work provides an opportunity to address twentieth-century French debates concerning engaged and autonomous art, as well as the relationship of radical politics to radical form.
I turn in my last chapter to recent novels by the prize-wining French novelists Alexis Jenni, Laurent Mauvignier, Jérôme Ferrari, and Alice Ferney. Set in part during the Algerian War, these novels draw explicit parallels between colonial violence and race-based violence in France today. These rhetorical parallels can obscure historical contingency and complexity, such as the evolving construction of the concept of “race.” Likewise, these novels contrast a virile, homogenous military and an effeminate, fractured republic and can be read as parables for the rise of the Front National in contemporary France. My analysis shows how these works can both participate in and critique particular racialized and gendered views of the French republic.
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Pierre Guyotat devant l'histoire : politique du sujet autobiographique dans Coma, Formation et Arrière-fondLefort-Favreau, Julien 12 1900 (has links) (PDF)
Cette thèse de doctorat vise à identifier la politique de la littérature dans la trilogie autobiographique de Pierre Guyotat formée par Coma (2006), Formation (2007) et Arrière-fond (2010). L'œuvre de Pierre Guyotat s'articule autour d'une scène originaire d'affrontement entre exploiteurs et exploités qui se présente à la fois comme une poétique et une pensée politique. Selon les moments de l'œuvre, elle prend la forme d'une opposition entre putains et proxénètes, entre généraux et soldats, entre violeurs et violés, entre maîtres et esclaves. Les amis et les ennemis y sont toujours divisés et le vivre-ensemble n'y est pas fondé sur des rapports idylliques entre les sujets, mais plutôt sur un partage, entendu ici au sens de division. Cette inégalité fonde une communauté littéraire peuplée d'un ensemble hétérogène de figures à la fois héroïques et réversibles. À partir de ce noyau, Guyotat met en place un univers où s'expriment les injustices du monde et les rapports de domination qui le traversent. La première partie de la thèse propose une présentation de l'œuvre de Guyotat. Entre la fin des années soixante, où Éden, Éden, Éden est considéré « libre de tout sujet, de tout objet, de tout symbole » par Michel Foucault et comme un texte sans héros qui se résumerait à « l'aventure même du signifiant » par Roland Barthes, et la trilogie autobiographique, il y a un immense fossé. C'est cet écart qui justifie l'analyse de la trilogie selon une méthode à rebours : partir des textes récents pour mettre en place un cadre qui permet de repenser les œuvres anciennes et, inversement, considérer l'ensemble de l'œuvre pour mieux saisir la spécificité de ses manifestations contemporaines. La première partie expose également les fondements théoriques qui gouvernent notre réflexion sur les rapports entre littérature et politique. Notre travail s'appuie principalement sur les théories de Jacques Rancière qui envisagent l'art dans sa portée émancipatrice hors des paramètres de l'engagement littéraire ou d'une téléologie avant-gardiste. La deuxième partie expose d'abord la constitution du sujet en établissant une typologie des différentes modalités énonciatives et représentatives qui en balisent l'action. Nous observons la construction d'un sujet autobiographique, notamment par le dévoilement d'un intertexte critique avec certains textes canoniques, mais aussi en envisageant la trilogie comme une scène d'aveu. Coma et Arrière-fond sont orientés vers une utopie du Verbe et, pourtant, ils sont écrits dans une « langue normative ». La trilogie témoigne de l'échec du projet absolu du Verbe, avouant l'impuissance de la littérature. Ce clivage entre le contenu de la représentation et la forme de l'énonciation met en lumière les limites et la puissance du Verbe. Nous exposerons finalement la manière dont le sujet est captif de son propre corps, tout comme il est sous le joug des mots. Si les mots sont aussi des outils d'émancipation, il en est de même pour le corps, qui devient un lieu potentiel de résistance. Lorsque Guyotat représente un corps individuel assujetti à des dispositifs collectifs, il place en effet le sujet sur une scène historique. La biopolitique, terme issu de la théorie de Foucault, désigne bien le geste de Guyotat qui fait de la massification des corps à la fois une pratique disciplinaire et une découpe de l'histoire. Chacun des nouages exposés met en jeu des formes spécifiques de subjectivation, tendues entre identification et désidentification. Trois modes de subjectivation sont mis au jour : le retour réflexif du sujet à soi, l'assujettissement du sujet au langage et le rapport problématique du sujet à son corps et au monde. La troisième partie concerne d'abord la mise en œuvre d'une temporalité spécifique à la trilogie. L'énonciation au présent qui caractérise ces trois récits impose un regard singulier sur l'histoire. L'idée de messianisme du présent, que Walter Benjamin élabore dans ses ultimes fragments, nous aide à penser les réminiscences du passé dans le présent qui structurent la trilogie. L'interprétation figurative analysée par Erich Auerbach dans Figura nous éclaire quant à elle sur le temps déployé dans la trilogie. Comme les Pères de l'Église qui voient dans la figura une trace de l'événement historique dont l'énonciation dans la Bible a un caractère à la fois préfiguratif et commémoratif, liant le passé à l'avenir, Guyotat décrit des « figures » de l'histoire, dont l'énonciation au présent revêt un caractère à la fois prophétique et mémoriel. Nous analysons par la suite les figures de Jeanne d'Arc, de Charles de Gaulle ainsi que des membres de la famille qui incarnent un certain patriotisme, mais également une politique de la résistance qui complexifie souvent le sentiment d'appartenance à la France. Ces figures sont gouvernées par les lois d'alternance et de réversibilité qui infléchissent leur récupération mémorielle. La transmission de l'histoire par ses personnages révèle également son caractère sensible. Le « paysage » et la « géographie » manifestent une spatialisation de l'histoire, qui inscrit le passé dans différents lieux. Guyotat circonscrit les traces que l'histoire laisse dans le présent, déployant un rapport aux lieux de mémoire qui n'est pas strictement patrimonial. Il assimile l'histoire par les détails qui la composent et rend ses matériaux appropriables, perceptibles, disponibles. Le partage entre l'histoire légitime et l'histoire illégitime est sans cesse remis en question, l'écriture de Guyotat oscillant entre l'histoire et la mémoire, entre son expérience subjective et la présence fantomatique de la « masse historique des corps exploités ».
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Pierre Guyotat, politique de la littérature, littérature française contemporaine, société, langage, corps, histoire, mémoire, sujet, subjectivation, Jacques Rancière, Tel Quel, textualisme.
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