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La condition des femmes dans la société manosquine (1290-1369)

Courtemanche, Andrée 25 April 2018 (has links)
S'inscrivant dans un courant historiographique, l'histoire des femmes, qui souhaite rendre les activités et les gestes des femmes historiquement significatifs, ce travail s'est fixé comme objectif de montrer que les femmes de Manosque au XlVe siècle, grâce à leurs apports multiformes à la richesse du ménage et de la famille, participaient aux stratégies familiales - foncières, matrimoniales et successorales - qui modifiaient les structures des patrimoines et, de ce fait, collaboraient à leur gestion. D'emblée, le cadre de cette analyse s'impose. Lieu de la reproduction biologique et culturelle, la sphère familiale, c'est-à-dire le ménage conjugal enserré dans un vaste réseau de solidarités, est également un espace d'échanges économiques auquel le matrimoine permet aux femmes d'imprimer leur marque. Cette fortune personnelle se compose d'éléments disparates dont la dot est sans contredit la pierre angulaire. Prévue comme participation féminine aux charges du ménage, son usage est limité par un ample appareil juridique destiné "à la protéger et qui donne à l'épouse des droits sur les biens patrimoniaux. De ces droits découle, en partie, leur rôle lors des modifications apportées aux patrimoines. Outre la dot, les épouses ont des avoirs personnels, en numéraire ou en biens-fonds, dont elles organisent la mise en valeur. Si la matérialité du concours des épouses aux stratégies familiales et à l'administration des patrimoines est indubitable, les modalités de leurs actions varient selon les transactions. Lors des mutations foncières, elles achètent ou vendent seules les biens paraphernaux. Pour les avoirs patrimoniaux, elles s'associent à leur époux pour la vente mais la présence féminine se fait moins pressante au moment d'agrandir le domaine foncier du ménage. La conclusion des ententes matrimoniales joue sur un registre plus complexe qui laisse place à une grande diversité d'interventions, surtout de la part de la mère. De leur vivant, certaines apparaissent aux côtés du chef de famille lors de la rédaction du contrat de mariage accroissant parfois la somme ou le capital foncier promis. À l'heure de la dictée des dernières volontés, un legs - sous forme d'augment de dot ou non - ou une participation au partage final de l'héritage maternel procure un apport financier supplémentaire aux jeunes filles. Par leurs questions posées en public, leurs remarques parfois acerbes, les ainées, souvent des mères, pourchassent Ia faute qui se cache derrière des conduites jugées repréhensibles pour une jeune célibataire. Ainsi, se sont développées des pratiques féminines touchant au social qui leur permettent de contrôler Ia morale sexuelle des plus jeunes en attente d'un mariage. L'analyse des pratiques foncières et matrimoniales illustre un trait fondamental: Ia symbiose régnant entre matrimoine et patrimoine. Elle engendre l'association conjugale. Par Ia solitude du geste, le testament éclaire une facette différente: Ia rupture de l'osmose financière du couple par le retour du matrimoine a son lieu d'origine ou consécration de son intégration au patrimoine. En règle générale, la présence d'une descendance directe implique l'agrégation définitive du matrimoine au patrimoine par l'institution d'héritage en faveur des enfants. Dans le cas contraire, par un dernier geste d'autonomie, le matrimoine est soustrait à l'emprise maritale pour réintégrer le patrimoine de la famille d'origine de la testatrice. Cette collaboration des épouses à Ia gestion des patrimoines apparait souvent en étroite relation avec Ia défense de leurs droits sur ces biens. Toutefois les fonctions qui leur sont dévolues par le testament de leur conjoint montre que l'association conjugale a une réalité bien tangible. En effet, dans Ia majorité des cas, le mari assure Ia continuité de Ia vie familiale en désignant son épouse comme tutrice des enfants mineurs et/ou administratrice des biens; à l’extrême elle est instituée légataire universelle. Chef de famille, elle détient "une véritable délégation de puissance paternelle" et assume Ia pérennité des stratégies familiales. En partageant les responsabilités de l'administration des patrimoines, en agrandissant - mais aussi en morcelant - le capital foncier, en nouant des alliances matrimoniales souvent porteuses de capital symbolique, les femmes, mariées ou veuves, participent à un pouvoir valorisant et valorisé socialement. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2013
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Préserver et partager : la reproduction familiale en terroir plein : la paroisse du Château-Richer au XVIIIe siècle

Légaré, Karine 25 April 2018 (has links)
Dès la fin du XVIIe siècle, la paroisse du Château-Richer montre des signes évidents d'une congestion imminente de son espace agraire. Alors que les terres originelles comprennent des dimensions plus que généreuses, les exploitations subissent au cours du XVIIIe siècle une réduction de superficie de l'ordre moyen de 50%. Néanmoins, la taille de celles-ci demeure au-delà d'un seuil minimal de viabilité. La nature des pratiques successorales des familles du Château-Richer explique ce maintien. De manière générale, une partie importante du patrimoine familial est dévolue par donation ou par vente à un seul enfant, ce qui n'exclut pas toutefois une compensation des enfants écartés (argent, meubles, etc.). Par ailleurs, des partages successoraux, le plus souvent consécutifs à un décès, font aussi partie intégrante des transferts fonciers des ménages. L'implantation dans la paroisse des héritiers privilégiés, quoique plus assurée, ne se solde pas toujours par leur établissement permanent. Les départs définitifs de plus de la moitié des enfants vers différents territoires d'accueil, la ville de Québec en premier plan, illustrent parfaitement les limites de capacité de rétention du Château-Richer au XVIIIe siècle. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2013
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Avant "l'État-juge" : pratique juridique et construction politique dans la société valaque au XVIIe siècle

Rizescu-Dragotoniu, Nicoleta-Oana 11 April 2018 (has links)
Cette thèse a deux objectifs : celui de décrire les pratiques juridiques en Valachie au XVIIe siècle—en se concentrant sur celles qui concernent la transmission du patrimoine, qui ont laissé le plus de traces documentaires ; et celui de comprendre comment ces pratiques juridiques contribuent au processus de construction politique. L'idée centrale du travail est que la subordination politique de la Valachie envers l'empire ottoman contribue d'une manière décisive à la séparation entre la fonction publique et l'ensemble de la société et à la constitution d'un corps de fonctionnaires avec un plus haut degré de professionnalisation et de continuité. En même temps, on montre comment l'extension des attributions de l'État dans le domaine juridique contribue au déclin des communautés traditionnelles et à la naissance de la société contractuelle. La première partie présente les caractéristiques générales du pouvoir politique et des structures institutionnelles. Également, on analyse la classe des boyards autant du point de vue de sa base sociale, que du point de vue des relations qu'elle entretient avec les structures bureaucratiques de l'État. On montre comment les rapports du pouvoir entre le prince et la noblesse sont transformés par l'intervention d'un troisième acteur politique, la Porte ottomane. Le jeu politique qui en résulte, a deux conséquences : d'une part, la consolidation de la noblesse comme classe sociale ; d'autre part, la consolidation de l'État comme administrateur de la justice. Enfin, on montre aussi comment les innovations juridiques introduites par le pouvoir central utilisent à des fins nouvelles des institutions, spécifiques aux communautés traditionnelles, comme celle des « jureurs ». La deuxième partie traite des pratiques juridiques proprement dites. On présente la manière dont l'Etat réglemente le problème des dettes fiscales, ainsi que la façon d'intervenir dans le règlement des dettes privées. Dans deux chapitres séparés, sont présentées les techniques spécifiques de règlement des dettes : celle qui concerne la reprise des dettes par les garants et celle qui concerne l'exécution des débiteurs, avec la résolution des problèmes qui découlent de la succession — les problèmes du bénéfice d'inventaire et de division. Un dernier chapitre traite des relations contractuelles, en commençant par leurs antécédents traditionnels, notamment les pratiques de la fraternisation. Ce chapitre se clôturera par une analyse de la manière dont se constitue le domaine princier, analyse qui fournit l'occasion de voir en action le plus important acteur des relations contractuelles privées, le prince, et en même temps, d'insister sur la séparation progressive entre les sphères publiques et privées. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2014
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Au coeur du patrimoine familial : stratégies matrimoniales et coutumes successorales à Brignoles de la fin du XIVe au milieu du XVe siècle

Guénette, Maryse 16 April 2018 (has links)
Pour faire l'histoire de Brignoles à la fin du Moyen Age d'une façon aussi féconde et intéressante que possible, une démarche s'imposait. Il fallait combiner les avantages des deux grandes approches adoptées par les historiens de la récente production d'études historiques concernant les villes du Sud (Provence ou régions limitrophes). C'est donc dire que cette étude s'est intéressée à la fois à l'insertion de la ville dans son terroir, à la composition de la propriété collective et individuelle, au partage de la richesse et à son lien avec le pouvoir, mais aussi aux comportements sociaux, c'est-à-dire aux stratégies matrimoniales et aux pratiques successorales mises en oeuvres pour assurer la continuité du patrimoine. Grâce à la mise en série des données tirées de sources abondantes et diversifiées (cadastres, délibérations communales, registres de comptes, contrats de mariage et de versements de dot, testaments et codicilles, actes de séparation de biens), des phénomènes et des attitudes ont pu être mis en relief, qui viennent nuancer l'impact catastrophique qu'on a trop souvent prêté aux événements perturbateurs de la fin du Moyen Age. Les aléas de la conjoncture que connaît le Moyen Age finissant sont bien connus; conflits politiques, disettes, famines, récessions économiques et épidémies jalonnent les XIVe et XVe siècles et laissent des traces plus ou moins profondes dans les sociétés qu'ils touchent. Mais sont-ils nécessairement générateurs de ruptures? Comment la société brignolaise réagit-elle pour sa part? Qu'est le cheminement de cette petite communauté urbaine au fil de ces années troublées? Un fait est incontestable: Brignoles à la fin du Moyen Age est une ville qui n'échappe pas aux effets parfois dévastateurs des malheurs qui frappent l'Europe et la Provence, sans pour autant abriter une société profondément désorganisée. Mais ces temps furent difficiles pour la communauté, ils laissent une impression d'instabilité, et s'il convient de nuancer, et parfois fortement, cette impression, l'étude révèle un fait important: l'histoire brignolaise du XIVe siècle finissant et de la première moitié du XVe siècle s'inscrit dans une continuité, mais une continuité qui n'exclut pas les changements lents, les adaptations. Basée encore et toujours sur la terre, la richesse est mouvante, mais les déplacements dans l'échelle des fortunes ne sont que relatifs. Il n'y a pas de mutation économique ni sociale prononcée, mais l'élevage connaît un essor considérable, même si la terre demeure l'élément fondamental de la richesse des hommes et de l'espace urbain. Quant à l'ordre social, il reste traditionnel. Et nulle surprise ici, les deux groupes qui y prédominent, tant du point de vue économique, social que politique, sont les nobles et les bourgeois-marchands. Par ailleurs, la chute de population provoquée par les crises, de même qu'un coefficient familial bas obligent à recourir à l'extérieur pour assurer le renouvellement de la population et des familles. Mais si l'appel à "l'étranger" demeure essentiel jusqu'à la fin des années 1460, cela n'entraîne pas à Brignoles de véritable mobilité sociale. La majorité des mariages unissent des conjoints d'un rang social et économique comparable, ou presque; que l'un d'eux soit étranger n'y change rien. La gestion des patrimoines s'inscrit pour sa part dans une continuité, marquée toutefois d'aménagements. Ces derniers changent parfois de mains, mais les règles de dévolution et de transmission demeurent stables dans l'ensemble. Les biens se transmettent d'abord et avant tout aux enfants, et plus encore aux fils, habituellement privilégiés et tous égaux devant l'héritage. Le fiait ne va pas toujours sans créer de tensions. Malgré l'obligation imposée par le père de maintenir les biens en indivis, il n'est pas toujours possible pour les héritiers de vivre dans la concorde; après un certain temps, diviser et reconstruire est parfois la seule solution envisageable. Le détenteur du patrimoine peut cependant être confronté à un problème plus immédiat. Si la situation familiale est telle qu'un fils doive être écarté de l'héritage, ou encore lorsque tous les fils sont décédés, un gendre est alors accueilli comme fils adoptif. Mais c'est à la fille, continuatrice de la famille à défaut du patronyme, que l'héritage est transmis. La cohésion de la famille et du patrimoine, raison d'être des stratégies matrimoniales et successorales mises en oeuvre, demeure, pour un temps au moins, assurée. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2013

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