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Société civile, une réalité à l'étroi [sic] dans son concept / Société civile, une réalité à l'étroit dans son concept

Théberge, Antoine 17 April 2018 (has links)
Pourquoi une réflexion sur la société civile? Parce que depuis quelques années on assiste à un retour du concept. Presqu'oubliée au long du XXe siècle, elle est maintenant porteuse de grands espoirs; se présentant sous ces nouvelles formes de solidarité qui émergent, elle révèle une importante force de démocratisation. Deux causes viennent rapidement à l'esprit pour expliquer son retour: d'un côté la chute des régimes totalitaires communistes à laquelle ont participé les sociétés civiles des pays de l'Est; de l'autre, le phénomène des grandes mobilisations citoyennes qui poussent leurs causes sans passer par les canaux politiques traditionnels et sans égards aux frontières des États. Par contre, malgré le rôle politique de premier plan qu'on lui attribue, malgré que plusieurs l'appellent, l'interpellent ou s'y réfèrent, trop souvert le concept est utilisé sans qu'il sort défini. Et même lorsqu'il l'est, les définitions proposées diffèrent et les désaccords conceptuels demeurent. Bref l'objet reste flou: représente-t-elle un phénomène de génération spontané ou la manifestation récente d'une tendance ancrée dans l'histoire? Est-elle une simple marchandise politique ou le terreau démocratique du XXIe siècle? La réflexion proposée cernera d'abord l'ampleur du phénomène et les difficultés liées à la notion avant de s'attarder aux événements ayant ramené l'expression. Nous cheminerons en puisant autant dans la politique, l'économie que dans la sociologie comme telle mais également dans la philosophie puisque trouvant son fondement dans le riche héritage qu'ont légué ceux qu'on peut appeler les pères du concept, l'essai s'intéressera de phis près aux contributions de Rousseau, Smith, mais Hegel surtout, pour ensuite interpeller Gramsci, ce penseur marxiste de la modernité qui, partant de Hegel, a repris et réactualisé la catégorie. C'est par ce détour que notre réflexion se donnera les assises lui permettant de s'attaquer à la théorie phare de la société civile qu'Andrew Arato et Jean L. Cohen ont développée dans leur ouvrage, devenu référence, Civil Society and Political Theory (1992). Suivant leur réflexion nous répondrons à trois questions structurelles fondamentales pour la catégorie. Premièrement, à ceux qui le remettaient en question, nous verrons que, malgré quelques ajustements, Hegel fourni toujours un cadre conceptuel adéquat à la compréhension de notre objet. Puis nous réfléchirons à la place de la société civile par rapport au marché, et finalement aux liens qu'elle entretient avec la société politique. / Cette démarche sera bienvenue puisque trop souvent sont esquivées les prémisses conceptuelles, références théoriques et bases historiques indispensables. C'est pour y remédier que nous prendrons ainsi le temps de mobiliser autant les théoriciens plus anciens du XVIIe, XVIIIe et XIXe qui ont forgé le concept, que les auteurs modernes et contemporains. Empruntant ce détour par les "anciens", nous éclairerons les multiples significations dont le concept a été dépositaire, puis dégagerons, à l'aide des recoupements et filiations trouvés entre auteurs, les acquis les plus fermes. Proposé comme effort de synthèse, ce mémoire qui explorera autant les racines que les nouveaux aspects du concept, aspire évidemment à mieux en cerner les contours et à faciliter la compréhension de sa théorie mais plus encore, à penser adéquatement cette "chose nouvelle". Catégorie particulièrement équivoque en théorie politique et sociale, nous chercherons ce dénominateur commun qui permettra d'ériger un pont entre ce que le concept traîne avec lui et ce qui s'y colle aujourd'hui Au-delà du produit composite des cheminements militants, il devrait être possible d'élaborer une réflexion pouvant ancrer ce qui finalement reste une discussion commune outrepassant les frontières temporelles et physiques. Quel intérêt et quelle pertinence sociologique cette démarche peut-elle avoir? Descriptive, théorique et analytique, elle permettra d'abord en s'attardant principalement au concept de dissiper le flou l'entourant, de mieux en saisir et en apprécier l'immense potentiel, puis... de prendre position. Voilà, serait-il possible que ce nouveau phénomène ne soit ni tout à fait un phénomène de génération spontané, ni non plus entièrement la manifestation récente d'une tendance ancrée dans l'histoire? Serait-il possible que dans un certain sens cette "chose nouvelle" soit mal nommée? Clair auparavant, le concept utilisé pour la désigner, où nouveauté et continuité bataillent, devient flou. Et justement, le phénomène récent de mobilisation que nous observons s'y empêtre. Comment penser adéquatement cette conscience globale s'attaquant au problème local, ce phénomène d'influence économique qui n'est pas marchand, ce nouveau rapport au politique qui ne fait phis l'arrêt par la politique? En établissant un cadre commun entre les différentes réalités nationales, nous dépasserons l'image de simple marchandise politique que d'aucuns collent au concept et la présenterons comme véritable force démocratique, mais pour lui redonner toute sa valeur nous devrons libérer la chose du mot qui la défini en travaillant cette asymétrie révélée entre ses racines historiques et la forme qu'elle prend à désigner ce monde d'alternatives. Pour outrepasser les frontières physiques autant que temporelles du concept nous devrons mettre en lumière la dimension communautaire et dégager ces nouvelles formes de solidarité qui apparaissent maintenant mais qui se situent à un autre niveau que celui décrit par Hegel d'une totalité citoyenne vécue à l'intérieur de l'État. Bref, à travers ces nouveaux phénomènes d'opposition ou de résistance c'est l'aspect de mobilisation, la dimension de la solidarité, de ces nouvelles formes de solidarité, qui garantira une cohésion conceptuelle et qu'il faudra mettre en valeur.

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