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De la notation à la fiction dans l'écriture de la mémoire d'une expérience concentrationnaire : récit inédit d'un ancien prisonnier français du Vietminh, L'Elimination de R. Panh, Etre sans destin d'I. Kertesz / From inscription to fiction in the writing of the memory of a concentration camp experience : unpublished story by a former french prisoner of the Vietminh, The Elimination by Rithy Panh, Being without destiny by Imre KerteszDujon, Odile 15 January 2018 (has links)
Hériter d’un récit inédit d’expérience concentrationnaire revient à accepter le devoir moral de l’interpréter. Le comparer avec deux œuvres littérairement consacrées portant sur le même thème permet alors de réfléchir sur l’inéluctable transformation que subit un vécu traumatisant lorsque l’on tente de le verbaliser. Il s’agit en effet de dire et de transmettre une aporie. C’est pourquoi le recours réussi à la métaphore apparaît comme le moyen le plus efficace de doter ce morceau de vie par nature indicible d’une rhétorique convaincante. Par conséquent, il faut transposer le vécu pour parvenir à le dire, mais aussi donner à voir un passé qui ne remonte à la conscience qu’en images, tout en affirmant ses références à un réel inscrit dans l’Histoire. Pour faire aboutir une telle entreprise, il s’agit donc d’élaborer une fiction à partir d’une réalité vécue, de la doter d’un mode d’écriture au pouvoir visualisant, et enfin d’y introduire une dialectique interne susceptible de déclencher chez le lecteur une réflexion éthique. En effet, la vérité du témoignage reste tributaire d’une identité qui ne se construit qu’à l’occasion de la mise en récit. De plus, le texte est confectionné au présent et à partir de simples traces mémorielles. Enfin même si l’historiographie en valide les références, il en demeure une part obscure qui échappera toujours au langage articulé. Ce questionnement sur ce qui peut donner au témoignage concentrationnaire sa force d’impact conduit ainsi à suggérer que, le camp ayant été vécu comme expérience de la défiguration, seule son inscription dans une poétique de l’incarnation susceptible de rendre à la lettre morte sa puissance explosive aidera le rescapé à reconquérir un visage. / Inheriting the unpublished story of a concentration camp experience implies accepting the moral duty of its interpretation. Comparing it with two others literary works on the same topic allows to build a reflection about the inevitable transformation undergone by a traumatic experience when you attempt to verbalize it. In effect, that comes down to say and convey an aporia. That is why resorting successfully to metaphor seems to be the most efficient way to endow this piece of life, unspeakable by itself, with a convincing rhetoric. Therefore, it is necessary to transpose the experience in order to manage to tell it, but also to make visible a past that comes back to conscience only in the form of pictures, while asserting its references to a reality inscribed into History. To succeed in such an attempt, the method consists first in elaborating a fiction from a lived reality, then in giving its writing a power of visualisation, and eventually in introducing into it an internal dialectic capable of causing in the reader the uprising of an ethical reflection. In fact, the truth of any testimony remains tributary of an identity that is built only at the occasion of a storytelling. Moreover, the text is written in the present and from mere memorial marks. Finally, even when History gives validation to its references, a dark part remains, which will always escape the articulated language. This questionning about what may give the concentration camp experience its strenght of impact then leads to suggest that, since the camp has been lived as an experimentation of defiguration, it is only by inscribing it into a poetic of incarnation, capable of restituting to the dead letter its explosive power, that the survivor will be able to reconquer a human face.
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