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Le « vieux magasin » de Jean de La Fontaine. Les Fables, les Contes et la tradition européenne du récit plaisant (XVe-XVIIe s.) / Jean de La Fontaine’s « old warehouse ». The Fables, the Tales and the European tradition of merry narratives (XVth-XVIIth centuries)

Rolland, Tiphaine 25 November 2017 (has links)
Bien que La Fontaine ait explicitement placé ses Contes dans la lignée de grands recueils de narrations plaisantes, comme le Décaméron, les Cent Nouvelles Nouvelles ou l’Heptaméron, cette filiation assumée masque deux énigmes. La première concerne la transmission de ces modèles prestigieux jusqu’au poète ; ceux-ci ont en effet connu une diffusion européenne par le biais de compilations anonymes mal connues, agissant comme autant de filtres qu’il faut mieux évaluer. La seconde est celle de l’influence, sous-estimée, de cette production récréative multiforme sur l’autre versant de l’œuvre de La Fontaine, rédigé parallèlement aux Contes : celui des Fables. Il est donc nécessaire de confronter ces deux œuvres du poète, abordées de manière solidaire, à un corpus d’une centaine de recueils de narrations brèves à visée divertissante, écrits entre le XVe et le XVIIe siècle, pour cerner ce que les Contes et les Fables doivent précisément à cette tradition plaisante. L’enquête, fondée sur des investigations archéologiques minutieuses, conduit à mesurer, dans les textes lafontainiens, les reprises (directes ou médiatisées) de canevas facétieux, les modalités d’adaptation stylistique de cet héritage ancien, et les nouveaux mécanismes de différenciation générique entre vis comica et vis gnomica. La relation entretenue par La Fontaine avec ce patrimoine pluriséculaire, associé à une Renaissance gaillarde, permet, plus largement, de mieux comprendre les rapports ambivalents de l’âge classique avec un passé perçu comme plus rieur. Sont ainsi posés les fondements d’une esthétique de l’influence, articulant les recherches génétiques, les micro-analyses littéraires et l’histoire des représentations. / Although La Fontaine claimed that his Tales were deliberately imitating some famous collections of amusing stories, such as The Decameron or French Cent Nouvelles Nouvelles and Heptaméron, two questions remain unresolved. The first one deals with how those prestigious models were passed on to the poet; little-known, anonymous compilations that both spread those narratives throughout Europe and influenced the way they were read, are to be taken into consideration in this process. The second one is about the undervalued influence of these protean entertaining texts on the other part of La Fontaine’s works, written at the same time as his Tales: the Fables. Those two works, tackled as a coherent whole, must therefore be collated to a corpus of about one hundred books collecting short, funny narratives, mainly written between the XVth and the XVIIth century – in order to define the precise debt of the Tales and Fables to this merry literary tradition. Thorough archeological investigations are the basis of this survey that determines, within La Fontaine’s texts, how the poet rewrote some jokes he knew directly or indirectly ; which stylistic devices he invented to adapt this ancient legacy ; how he renewed the way the didactic genres are differentiated from the comic ones. The view La Fontaine had of this long-aged heritage, seen as the product of a saucy Renaissance, entails a broader and better understanding of the ambiguous relations between the classic era and a past supposed to have been more cheerful. This lays the foundations of an aesthetics of influence, which links together genetic research, close-reading of literary texts and history of cultural representations.
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Jean de La Fontaine et la fable ésopique. Genèse et généalogie d'une filiation ambiguë / Jean de La Fontaine and the AEsopic Fable : genesis et genealogy of an Ambiguous Filiation

Biscéré, Antoine 29 November 2018 (has links)
Au seuil de ses Fables, La Fontaine affirme qu’il « chante les héros dont Ésope est le Père ». Souvent prise pour argent comptant, cette généalogie affichée a conduit la critique à envisager la composition des Fables dans le cadre d’un face-à-face schématique entre le « Père » supposé du genre et son Fils incarné dans la France du Grand Siècle. Cette thèse se propose de reprendre sur nouveaux frais la question des sources de l’inspiration « ésopique » de La Fontaine : « chante[r] les héros dont Ésope est le père », qu’est-ce à dire exactement ? À quelle figure auctoriale et à quels ouvrages le nom d’Ésope pouvait-il être associé dans l’esprit d’un poète du XVIIe siècle ? Au travers de quels filtres la « matière ésopique » était-elle passée avant que La Fontaine ne se l’approprie ? Après un examen approfondi de l’origine et de la nature du corpus des fables dites d’Ésope et de la biographie fictive du fabuliste grec (Vie d’Ésope), l’enquête se porte sur la réception et la transmission de ces textes aux XVe, XVIe et XVIIe siècles. Elle révèle que la filiation apparemment directe, évidente et sans médiation entre l’inventeur légendaire de l’apologue et son héritier majeur demande une révision de nos préjugés critiques, à la lumière de l’archéologie d’un modèle, d’un genre et d’une tradition qui s’avèrent d’une complexité et d’une diversité que La Fontaine lui-même ne soupçonnait peut-être pas, mais qui promet à l’analyste moderne la révélation d’un mode d’invention et de réception du genre fable beaucoup plus ouvert, fluide, voire confus, que ne le laisserait supposer l’annotation des éditions du fabuliste français. / At the beginning of his Fables, La Fontaine claims that he « sings the heroes whose father is Æsop ». Because it was often accepted at face value, this self-styled genealogy led the critics to consider the composition of the Fables as a « tête-à-tête » between the so-called « father » of the genre and his spiritual son. In this dissertation, I try to renew the study of the Æsopic sources of La Fontaine. What does « singing the heroes whose father is Æsop » really mean ? Which books could be related to the name of Æsop in the mind of a 17th-century French poet ? After a carefull examination of the origin and nature of the so-called Æsop’s fables as well as the fictionnal biography of the Greek fabulist, the present investigation analyses the reception and the transmission of both Æsop’s life and fables in Early Modernity (15th, 16th and 17th centuries). In the light of this archeological research, the belief in an obvious and direct relationship without any mediation between the legendary inventor of the fable and his most gifted heir turns out to be completely deceptive. The Æsopic tradition proves to be far more various and complex than one might think after reading the comments and footnotes of the critical editions of La Fontaine’s Fables choisies mises en vers.

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