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Lectures cycliques : le réseau inter-romanesque dans les cycles du Graal du XIIIe siècle / Cyclical Readings : thirteenth-Century Grail Cycles as Narrative NetworksMoran, Patrick 07 May 2011 (has links)
Les cycles arthuriens en prose du XIIIe siècle (principalement la trilogie dite de Robert de Boron et le Cycle Vulgate ou Lancelot-Graal) sont des ensembles au statut singulier. Définis à la fois par l’autonomie et l’interconnexion des romans qui les constituent, ils se distinguent des romans en vers individualisés qui les précèdent et des proses amples mais plus homogènes qui les suivent. À leurs caractéristiques formelles s’ajoute le projet de construire des univers de fiction cohérents, susceptibles d’instaurer un canon arthurien définitif. La brièveté de la période de production (1200-1240 environ) est contrecarrée par le succès durable que ces textes connaissent pendant tout le Moyen Âge ; la cyclicité est une forme romanesque expérimentale qui crée un rapport neuf à la matière de Bretagne et génère surtout des modes de lecture nouveaux. Caractérisés par des tendances aussi bien centrifuges que centripètes, les romans cycliques génèrent un réseau que le lecteur peut explorer à sa guise, de manière partielle ou complète, ordonnée ou désordonnée ; mettant en relation des romans aux visées parfois disparates mais assumant leur interconnexion, le cycle offre au lecteur un parcours sans cesse renouvelé, où les grands effets de cohérence l’emportent sur les contradictions de détail. C’est ce réseau inter-romanesque qui est l’objet privilégié de la présente étude : les romans cycliques, loin de développer leur sens en autarcie, vivent de la mise en lien de leurs récits et construisent ensemble, par le biais de la lecture organisatrice, des mondes narratifs multipolaires. / The thirteenth-century Arthurian prose cycles (mainly Robert de Boron’s trilogy and the Vulgate or Lancelot-Grail Cycle) are groupings of a peculiar nature. Defined both by the autonomy and the interconnection of their constituent romances, they differ from the individualised verse romances which precede them as well as from the massive yet more homogenous prose narratives which follow. These formal characteristics go hand-in-hand with a coherent world-building project, which aims to formulate a definitive Arthurian canon. The brevity of the production period (ca. 1200-1240) is counterbalanced by the lasting success of these texts throughout the Middle Ages; cyclicity is an experimental form which creates a new take on the matter of Britain, and most of all, gives birth to new modes of reading. Defined by centrifugal as well as centripetal tendencies, cyclical romances generate a network which the reader may explore at will, either partially or completely, in an orderly or disorderly manner. By linking romances which may have different aims yet accept their basic connectivity, cycles allow their readers to navigate them in constantly renewed ways, while at the same time preserving their coherence in spite of localised contradictions. This cross-romance network is the subject of the present study: cyclical romances, far from existing in isolation, thrive in an interconnected narrative environment; in conjunction with the reader’s own structuring powers, they interact to build multifarious narrative worlds.
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