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La présente thèse en création littéraire comporte deux parties. La première partie propose un roman qui met en scène une narratrice à un âge, l'adolescence, où la volonté de changement se fait de plus en plus pressante. Martine souhaite plus que tout quitter son village natal pour vivre en milieu urbain. Elle sent (elle sait!) que si elle ne s'évade pas de son lieu d'origine, elle sera happée par lui, contrainte d'accepter une vie désespérément previsible. Ce qu'elle refuse de tout son être. L'arrivée de Nadine, "l'étrangère", celle venue "d'ailleurs", lui permettra de réaliser son rêve, mais au prix fort d'une redéfinition de sa relation avec Antoine, le complice depuis l'enfance, l'ami qui soudainement fait naître en elle les signes confus du désir. La deuxième partie constitue une réflexion sur le métissage générique à partir de l'autobiographie et de la fiction. Dans le premier chapitre, j'examinerai la capacité du roman à accueillir d'autres genres, en particulier l'autobiographie. Le deuxième chapitre présentera deux genres de nature autobiographique: l'autobiographie et l'autofiction. Enfin, dans le dernier chapitre, je ferai un retour sur À grandes gorgées de poussière. Trois catégories d'éléments auto-biographiques seront à l'étude: les lieux, les personnages et le thème de l'écriture. Cette réflexion me permettra de mieux cerner les enjeux de mon roman et, par le fait même, "de comprendre comment la biographie a nourri l'oeuvre pour édifier un espace imaginaire irremplacable 1". 1Jean-Philippe Miraux, L'autobiographie. Écriture de soi et sincérité, Paris, Nathan, 1996, p. 118.

Le théâtre québécois a trouvé son acte de naissance dans l'invention d'une langue, le joual. Qualifié pendant longtemps de langue naturaliste, étudié plus récemment pour sa littérarité, le joual est au nombre des langues poétiques québécoises qui font parler le corps du comédien et vibrer celui du spectateur, de l'exploreen de Claude Gauvreau à la "langue parolique" de Daniel Danis. La présente thèse examinera les procédés poétiques exploités par Michel Tremblay, Claude Gauvreau et Daniel Danis pour faire parler le corps du comédien, faire vibrer celui du spectateur et mettre en relief la langue "pour son propre compte (Roman Jakobson)": jeux de sonorités, variations rythmiques, compositions musicales, images.

D'aucuns s'accordent à dire que l'écriture correspond à la mise en discours des idées d'un auteur. Or, nous ne pouvons que constater que le corps écrit et vit lui aussi à travers les romans, la poésie, les essais et le théâtre. À l'occasion, nous pouvons parler "d'écriture du corps" pour certains de ces textes dans lesquels la chair, plus qu'un simple thème, se fait langage et devient littérature. C'est le cas notamment de l'oeuvre d'Alain Bernard Marchand. Chez cet écrivain, il apparaît que le corps constitue à la fois l'objet et le sujet de l'écriture---constat qui forme le noeud de notre étude. C'est ce que nous révèle notre analyse du mode de construction du corps dans les textes, analyse qui nous montre que celui-ci s'inscrit dans l'interaction qu'il entretient avec autrui. Cette révélation nous transmet l'image d'un corps en situation. Les corps ludique, lecteur, amoureux et malade qu'il nous est possible d'observer dévoilent une enveloppe charnelle en constante évolution qui trouve son ultime transformation dans le voyage initiatique qu'entreprennent certains personnages. Bref, il apparaît que le corps, tant par son rôle de médiateur que par la place qu'il occupe dans l'écriture, constitue véritablement le pivot de l'oeuvre.

Cette étude cherche à déterminer le fonctionnement des inscriptions narratives, discursives et thématiques de l'intertextualité botanique dans les oeuvres de Jacques Ferron et de Réjean Ducharme. Ces deux écrivains, par ailleurs très différents l'un de l'autre, partagent cependant une même pratique, celle d'insérer dans leurs écrits des citations et des emprunts tirés d'un traité botanique très célèbre au Québec: la Flore laurentienne (1935) du frère Marie-Victorin. L'oeuvre scientifique de cet ecclésiastique de renommée mondiale---fondateur, durant les années 1930, de l'Institut Botanique et du Jardin Botanique de Montréal---se trouve transformée dans son nouveau contexte fictionnel. À la lumière de l'éco-critique (nouvelle méthode d'approche du texte littéraire qui s'inspire de la critique intertextuelle et de la science de l'écologie), notre projet cherche à decouvrir comment Jacques Ferron et Réjean Ducharme, qui appartiennent à deux générations différentes d'écrivains, ont tous deux manifesté le même désir d'employer et de renouveler un herbier particulier. Nous étudierons les multiples moyens par lesquels Ferron et Ducharme ont donné à l'ouvrage de Marie-Victorin le statut de texte sacré, comme s'il s'agissait d'un herbier "de force".

Le tabou opère comme une instance d'interdiction. Il frappe de prohibition toute activité susceptible de remettre en question des pratiques et des images que la société sacralise. Paradoxalement, la parole littéraire ouvre des espaces de représentation ou diverses formes de transgression sont dévoilées. L'objet principal de cette thèse est d'interroger les conditions qui rendent possible la représentation du tabou dans le cadre de la littérature francophone contemporaine. Comment représenter quelque chose qui par sa nature exige le secret, le non-dit, l'occulte pour se constituer? Dans l'impossibilité d'analyser toutes les figures de l'interdit, cette thèse privilégié les trois types suivants: l'inceste, la nécrophilie et la prostitution. L'analyse des textes de Ma mère de Georges Bataille (1967), du Nécrophile de Gabrielle Wittkop (1972) et de Putain de Nelly Arcan (2001) découvre les différentes stratégies d'écriture sous-jacentes à une représentation subversive du tabou en littérature.