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Que reste-t-il de leurs amours ? : étude exploratoire, clinique et projective de patients traités pour un cancer de la prostate / What has left of their loves ? : exploratory, clinical and projective study of patients treated for prostate cancerVan Doren, Anne-Sophie 14 November 2017 (has links)
Maladie de l'homme mûr, le cancer de la prostate nécessite des traitements qui rendent le patient impuissant, parfois de manière irréversible. Cela fait écho psychiquement à l'appréhension d'une castration qui n'a pas attendu l'avènement de cette quasi-réalité pour s'avérer l'un des moteurs psychiques de l'angoisse des hommes et de leur dynamique identificatoire, narcissique et objectale. Le cancer de la prostate se révélant être tabou dans notre société, ces hommes sont sommés de souffrir en silence. À l'appui d'une double méthodologie composée d'entretiens et d'épreuves projectives auprès de 17 patients atteints d'un cancer de la prostate (et, dans une visée comparative, de 2 patients atteints d'un cancer du rein et de 2 patients venant pour un simple dépistage), nous nous sommes proposée de discerner comment cette détresse interdite pouvait expliquer en partie la mise en avant d'une position hyper phallique ("même pas peur, même pas triste, même pas mal"). Revendiquer de n'être ni touché ni ébranlé par ce qui arrive permettrait ainsi à ces hommes de pallier une décompensation dépressive, peut-être pire que tout pour eux, car "anti-virile", dans le sens où un homme n'est censé ni chuter, ni s'effondrer, ni se plaindre. C'est pourquoi, dans la filiation des travaux de C. Chabert et de F. Neau, nous avons proposé l'idée d'un "masculin hypomane" ; il serait une défense contre le mouvement mélancolique (à entendre comme traitement narcissique de la perte) insupportable et comme retournement de la passivité en activité contre l'être pénétré (par la maladie, les explorations médicales), l'être traversé (par l'angoisse, le temps qui passe) et l'être excité (par l'autre, son désir). Portée par un faux masculin abritant le genre neutre dans le latent et durcie par un hyperinvestissement narcissique, cette solution serait à la fois coûteuse et mortifère, mais aussi salvatrice et trophique pour le sujet, déplaçant alors les frontières entre normal et pathologique. En effet, elle protégerait le sujet contre les affres de l'effondrement dépressif dans le manifeste, soutiendrait son identité virile déjà bien malmenée. Elle lui permettrait de se défendre contre le mouvement mélancolique qui infiltre le latent et, enfin, elle contiendrait l'excitation désorganisatrice de la pulsion sexuelle derrière les remparts de la pulsion de mort dans sa valence anarchiste. La dimension performative de la virilité nous a ainsi permis d'envisager la clinique de la passation (mais également la relation clinique et les mouvements transférentiels pendant les entretiens) comme un espace potentiellement traumatique (car elle peut, certes, mettre en lumière et révéler une sensibilité à la castration à travers l'implicite de performance) mais aussi, comme un espace transitionnel et thérapeutique. Ce qui semble très important pour la construction future de projets thérapeutiques concernant ces patients. / A disease affecting older men, prostrate cancer requires treatment that renders patients impotent, sometimes permanently. Psychically speaking, this resonates with the fear of castration, which does not await the advent of this quasi-reality to emerge as one of the psychic driving forces of men's anxiety and of their identity-related, narcissistic and objectal dynamic. In today's society, prostrate cancer is a taboo subject; men suffering from the condition are thus forced to suffer in silence. We met 17 patients with prostate cancer and, in a comparative way, 2 patients with kidney cancer and 2 healthy patients. Using projective methods and semi-directive interviews, we attempted to discern how this forbidden distress could partly explain why patients chose to adopt a hyperphallic stance ("Ain't scared, ain't sad, doing just fine !"). Claiming to be neither affected nor shaken by unfolding events would allow these men to mitigate depressive decompensation, which might be the worst thing for them because it would be unmanly insofar as a man must never fall, collapse or complain. Drawing from the studies undertaken by C. Chabert and F. Neau, we thus put forward the notion of "masculine hypomania". This would not only be a defense against unbearable melancholia (construed as the narcissistic treatment of loss), but would also be the reversal of passivity into action against the penetrated being (by disease and medical explorations), the permeated being (by anxiety and the passing of time) and the excited being (by the other and his desire). Driven by narcissistic hyperinvestment, this solution would be costly and mortifying on the one hand, and life-saving and nourishing on the other, moving boards between normality and pathology. Indeed, it would enable patients to defend themselves against depressive decompensation, to support shaken male identity, to defend themselves against melancholic movement and, at last, to contain excitation of the sexual drive through the death instinct in its anarchist valency. The performative dimension of manhood allowed to consider the clinical perspective of test administration (but also clinical relationship and transference during interviews) as a potentially traumatic space (because it could reveal a sensitivity to castration behind the implicit of performance), but also as a transitional and therapeutic space, which seems very important for the construction of therapeutic projects for these patients in the future.
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