Cette recherche a été menée dans le but de mettre en lumière le sens attribué par des intervenant.e.s haïtien.ne.s à leurs expériences dans des projets de développement promus par des ONG du Nord dans le domaine de l’enfance en Haïti. L’étude repose sur le constat fondamental que le point de vue des intervenant.e.s est absent des écrits scientifiques en Haïti et également que le contexte prévalant autour des projets de développement en Haïti est truffé d’injonctions des acteurs.rices internationaux.ales. Pour mettre à nu le point de vue de ces intervenant.e.s, nous avons adopté une posture décoloniale à travers les concepts de colonialité de l’être et de subalterne. Nous avons fait le choix de l’ethnographie institutionnelle comme approche méthodologique. Nous avons interviewé 15 intervenant.e.s haitien.ne.s locaux.ales. Nous avons aussi réalisé 4 observations participantes et analysé des documents institutionnels tels que des documents de projets de développement. Nos résultats montrent tout d’abord que ces intervenant.e.s, en dépit de leur altruisme, sont utilisé.e.s par les acteurs.rices de développement du Nord pour que ceux.celles-ci atteingent leur objectif. De leur côté, ces acteurs.rices développent des rapports de pouvoir asymétriques, subtils et préjudiciables aux intervenant.e.s locaux.ales qui s’expriment par une violence symbolique sur ces intervenant.e.s. Ceux.celles-ci se retrouvent ainsi confronté.e.s à de multiples contraintes dans leur travail quotidien. De ce fait, certain.e.s développent une vision distorsionnée d’elles.eux-mêmes et des bénéficiaires auprès de qui elles.ils interviennent. Cependant, malgré ces situations vécues comme des injustices, les intervenant.e.s sont créatif.ves. Ils.elles créent des espaces de résistance et de résilience et proposent des solutions pour des interventions plus respectueuses du contexte social haïtien et de la vision locale.