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De la réception au renversement de la rhétorique dans le Gorgias de PlatonDott, Philippa 18 October 2019 (has links)
"Thèse en cotutelle : Université Laval, Québec, Canada, Philosophiæ doctor (Ph. D.) et Université de Strasbourg, Strasbourg, France" / Tableau d'honneur de la Faculté des études supérieures et postdoctorales, 2019-2020 / Si Platon a choisi d’écrire des dialogues, c’est parce qu’ils illustrent le mouvement de la pensée et de la connaissance dans l’âme. Questionner et répondre permettent de réaliser sa propre ignorance. Toutefois, l’accès au savoir par le dialogue est plus difficile dès que l’on s’adresse à des âmes récalcitrantes ou à une foule, car un tel procédé prend du temps et nécessite la bonne volonté des participants. C’est le constat de cette difficulté à transmettre la vérité en politique que pose le Gorgias et auquel Platon cherche à remédier. Si le dialogue est impossible avec la foule, alors que la politique repose sur le soin des âmes de la cité, comment dès lors éduquer la masse ? Il faudrait développer un usage légitime de la rhétorique pour transmettre la vérité en politique. On considère souvent que ce projet de fondation ne s’effectue que dans les dialogues du Phèdre et des Lois. Pourtant, le Gorgias, qui se déroule pendant la guerre du Péloponnèse, ne se réduit pas à une critique de l’enseignement du célèbre rhéteur, Gorgias de Léontinoi. Au contraire, la remise en question épistémologique et morale de son « art oratoire » est la condition de possibilité de l’émergence d’une belle dêmêgoria (503a7). Le présent travail propose d’en faire l’étude en accordant une attention particulière au mouvement du dialogue et aux différents visages de la rhétorique qu’incarnent les personnages. On discernera trois étapes fondamentales dans le dialogue : la réception, la réfutation et la refondation dialectique de la rhétorique qui sont finalement reproduites à une échelle plus réduite et métaphorique dans le mythe eschatologique qui conclut l’oeuvre. Le premier moment permet de dégager les raisons de l’émergence de l’art oratoire à Athènes par une analyse du contexte polémique dans lequel le Gorgias a été écrit en tenant compte des multiples références qui ont été transposées par Platon (l’Éloge d’Hélène de Gorgias, les Cavaliers d’Aristophane, les Traités hippocratiques, le Contre les Sophistes d’Isocrate, La guerre du Péloponnèse de Thucydide et l’Antiope d’Euripide). La deuxième étape permet de saisir le double dévoilement de la rhétorique et du dialogue. D’un côté, Gorgias se révèle incapable de définir sa propre pratique et apparaît inconscient des conséquences dramatiques qu’elle engendre sur ses disciples. De l’autre, Socrate instaure un espace discursif dans lequel il peut réduire la rhétorique à une empirie en dégonflant ses prétentions épistémologiques (celle d’être un art) et politiques (celle d’être une puissance qui vise le plus grand des biens). Cette mise en parallèle de deux manières de parler permet d’opposer la maîtrise d’un savoir dialogique par Socrate à l’incompétence de Gorgias. Cette réfutation appelle un renversement complet de la conception de la justice, de la politique, et de l’existence. Affrontant ensuite Pôlos et Calliclès, Socrate analyse à la fois les conséquences néfastes de la rhétorique sur leurs âmes et sur la Cité, mettant en parallèle leur dégénérescence morale avec celle d’Athènes. Ce faisant, il s’attaque à deux confusions majeures qui sous-tendaient la pratique gorgianique du discours : penser que faire ce que l’on veut est un pouvoir qui rend libre et prendre le plaisir pour le bien. Le maître de Platon devient ainsi historien et juge de la politique corruptrice menée par les figures illustres d’Athènes que sont Thémistocle, Miltiade, Cimon et Périclès, livrant au passage une interprétation opposée à celle de Thucydide sur l’impérialisme athénien. Ce travail de sape de l’édifice rhétorique mène finalement à sa refondation. À partir de ces réfutations, Socrate théorise une nouvelle rhétorique dont il fait par ailleurs usage sur la personne de Calliclès. Ce nouvel emploi philosophique émerge à partir d’un ordre naturel. En effet, alors que Calliclès rejetait l’égalité imposée par la démocratie et appuyait sa thèse de l’homme fort sur une certaine vision de la nature, Socrate fondera précisément son renversement politique et judiciaire sur une conception naturelle et ordonnée, en considérant le cosmos. De l’ordre et de l’harmonie mathématique, il dégagera une égalité géométrique, proportionnelle, qui permettra de redonner sa juste place à la rhétorique. Ce renversement sera ultimement réalisé métaphoriquement dans le mythe eschatologique clôturant le dialogue. / If Plato chose to write dialogues, it is because they illustrate the movement of thought and knowledge in the soul. The form of question and answer allows the recollection, beginning with the recollection of one’s own ignorance. The access to knowledge through the practice of dialogue, however, is made more difficult once we take on recalcitrant souls or a crowd as interlocuters, for such a practice takes time and demands the goodwill of all concerned. It is this difficulty of transmitting truth in politics that the Gorgias lays bear and that Plato attempts to remedy. If dialogue is impossible with the crowd, even though politics rests on the care of citizens’ souls, how then to educate the masses? One must develop a legitimate way of using rhetoric to transmit truth in politics. We often consider that this foundational project is carried out only in the Phaedrus and the Laws. Nevertheless, the Gorgias, which unfolds during the Peloponnesian War, cannot be reduced to a critique of the teachings of the celebrated rhetor, Gorgias of Leontini. On the contrary, by calling his “oratorical art” into question, both morally and epistemologically, one establishes the conditions for the emergence of a good dêmêgoria (503a7). This study proposes to examine Plato’s questioning of Gorgias’ art by affording particular attention to the movement of the dialogue and to the different faces of rhetoric embodied by its characters. We will set out three fundamental steps in the dialogue: the reception, refutation, and dialectical refoundation of rhetoric, which are finally reproduced metaphorically, though on a smaller scale, in the eschatological myth that concludes the work. The first moment allows us to identify the reasons for the emergence of the art of rhetoric in Athens through an analysis of the polemical context in which the Gorgias was written, taking into account the many literary references woven into the dialogue by Plato (e.g. to Gorgias’ In Praise of Helen, Aristophanes’ Knights, the Hippocratic Treatises, Isocrates’ Against the Sophists, The Peloponnesian War of Thucydides, and Euripides’ Antiope). The second step allows us to grasp the double unveiling of rhetoric and dialogue. On the one hand, Gorgias is revealed to be incapable of defining his own practice and appears unconscious of its dramatic effects on his disciples. On the other hand, Socrates creates a discursive space in which he can reduce rhetoric to set of empirical data by deflating its claims, both epistemological (i.e. that of being an art) and political (i.e. that of being a power that aims at the highest of goods). This paralleling of two ways of speaking allows us to contrast Socrates’ mastery of dialogical knowledge with Gorgias’ incompetence. This refutation calls for a complete reversal of our conception of justice, politics, and of existence itself. In his subsequent confrontations with Pôlos and Callicles, Socrates analyses both the harmful consequences of rhetoric on their souls and on the City, comparing their moral degeneracy with that of Athens. In doing so, he tackles two major confusions that underpinned the Gorgianic practice of oratory, namely, that freedom is to be found in doing what we want and that the good is to be found in pleasure. Plato’s master thus becomes both historian and judge of the corrupting policies pursued by the great figures of Athenian politics, including Themistocles, Miltiades, Cimon, and Pericles, offering an interpretation of Athenian imperialism opposite to that of Thucydides. This work of undermining the rhetorical edifice ultimately leads to its re-foundation. From these refutations, Socrates theorises a new rhetoric, one that he puts into practice in his exchange with Callicles. This new philosophical use of rhetoric emerges from the natural order of things. Indeed, while Callicles rejects the equality imposed by democracy and bases his thesis of the strong man on a certain vision of nature, Socrates founds his own reimagining of politics and justice on a natural and ordered conception of the cosmos. From order and mathematical harmony, he will produce a geometric and proportional equality that will finally allow rhetoric to be restored to its rightful place. This last twist will be realized metaphorically in the eschatological myth that closes the dialogue.
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L'orateur et le philosopheBoulet, Bernard, Boulet, Bernard 27 November 2024 (has links)
La parole et la pensée ont connu une relation incertaine depuis qu'on a eu l'Idée de les séparer. Par conséquent, dans un effort de réconcilier l'un et l'autre, la thèse examine quel avantage un homme public comme l'orateur a à fréquenter le philosophe. Elle veut résoudre une opposition entre Cicéron, Platon et Aristote, où l'orateur passe de l'égal du philosophe à son contraire, à son subordonné. Après examen séparé des trois auteurs, on conclura qu'ils ont composé leur portrait de l'orateur en mariant les traits de la dialectique à ceux de la rhétorique : la parole publique de l'orateur et la parole privée du philosophe ne vont pas l'une sans l'autre. D'ailleurs, l'histoire nous montre qu'orateurs et philosophes se sont, au cours des âges, volontiers fréquentés.
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