Titre de l'écran-titre (visionné le 24 juillet 2023) / L'objectif de ce mémoire est de tester la rigidité et la cohérence théorique du sentimentalisme constructif que le philosophe américain Jesse J. Prinz présente dans son ouvrage The Emotional Construction of Morals. Pour ce faire, nous commençons par exposer les multiples thèses métaéthiques qui structurent son sentimentalisme et surlignons ensuite celles qui méritent à notre avis une analyse et un regard critique plus amples. Parmi les thèses sélectionnées figurent le naturalisme, l'émotionisme et, finalement, le relativisme moral. Ainsi, notre analyse débute par la remise en question de la portion naturaliste, de la validité de son origine, de la justesse de son interprétation et si oui ou non Prinz l'utilise correctement afin de justifier sa théorie des émotions. Nous concluons que Prinz a une utilisation plutôt radicale du naturalisme empirique, et ce, parce qu'il interprète de manière erronée la pensée naturaliste du philosophe écossais David Hume. De plus, nous jugeons que les recherches empiriques autour des émotions morales sont encore dans leurs balbutiements et qu'il est trop tôt pour dire qu'elles supportent ou non l'émotionisme. Nous déplaçons ensuite notre regard critique sur la portion relativiste du modèle prinzien. Nous concluons que le relativisme culturel et le subjectivisme moral sont des thèses largement incompatibles qui mènent à des contradictions insoutenables. Plus encore, nous croyons que Prinz est incapable de démontrer l'admissibilité et l'existence du progrès moral d'un point de vue relativiste. Les critères extra-moraux, l'explication généalogique nietzschéenne ou le darwinisme moral qu'il élabore sont des remèdes inaptes à résoudre les problèmes de la progression morale et du « nihilisme de l'abondance sans direction ». Finalement, nous proposons que Prinz abandonne l'émotionisme en faveur de l'émotivisme, et qu'il accepte le nihilisme moral comme une conséquence inévitable (quoique valable) de son relativisme moral.