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L’évaluation du risque de récidive des agresseurs sexuels : vers une approche centrée sur les construits psychologiquesBrouillette-Alarie, Sébastien 08 1900 (has links)
Cette thèse a été faite sous la tutelle de Jean Proulx et R. Karl Hanson. Elle a évaluée par un jury composé de Franca Cortoni, Jean Proulx, R. Karl Hanson, Jean-Pierre Guay et Howard E. Barbaree. Suite à la soutenance, la thèse a reçu la mention "exceptionnelle", a été recommandée à la liste d'honneur du doyen et a été soumise pour le prix de la meilleure thèse de la FESP 2017. / Les outils actuariels servant à évaluer le risque de récidive criminelle des agresseurs sexuels ont souvent été critiqués pour leurs fondements « athéoriques ». En effet, ces derniers ont été constitués en rassemblant les caractéristiques les plus fortement associées à la récidive, sans qu’une théorie ne les unisse à priori. Si cette méthode a assuré une bonne validité prédictive à ces instruments, elle leur a insufflé très peu de résonnance clinique; plusieurs professionnels n’y voient qu’une liste de corrélats statistiques vides de sens. La présente thèse a entrepris de relativiser ces critiques en appliquant des modèles de facteurs latents aux différents items des outils actuariels. Les modèles de facteurs latents postulent que les comportements manifestes (observables) d’un individu renseignent sur ses caractéristiques psychologiques latentes (non observables) – de la même manière que les symptômes d’une maladie permettent d’inférer sa présence chez un patient. Puisque les items des outils actuariels correspondent à divers comportements ou caractéristiques criminogènes manifestes, il devrait être possible de les rassembler en dimensions pour identifier les principaux construits psychologiques latents associés à la récidive des agresseurs sexuels. Les articles de la présente thèse ont donc proposé d’identifier les dimensions de la Statique-99R et de la Statique-2002R, la famille d’outils actuariels pour agresseurs sexuels la plus utilisée mondialement. Trois dimensions ont été extraites par analyse factorielle : 1) la persistance dans les délits sexuels/paraphilies sexuelles, 2) la délinquance générale et 3) le jeune âge/victimes sexuelles non familières. La première dimension était exclusivement associée à la récidive sexuelle, tandis que les deux dernières étaient associées à tous les types de récidives. Leur validité convergente a ensuite été explorée afin d’évaluer à quelles caractéristiques psychologiques ces dernières référaient. La persistance/paraphilie a convergé avec des indicateurs d’intérêts sexuels déviants non coercitifs, alors que la délinquance générale a convergé avec une constellation de traits antisociaux. Finalement, le jeune âge/victimes sexuelles non familières a convergé avec l’intention claire de blesser ses victimes. Ces résultats ont mené au développement d’un modèle tridimensionnel du risque de récidive des agresseurs sexuels ayant plusieurs implications pratiques pour le domaine. D’une part, les outils actuariels gagneraient à utiliser des scores dimensionnels plutôt que des scores totaux. Par exemple, en retirant la dimension de persistance/paraphilie de la Statique-99R/2002R, il est possible de prédire efficacement la récidive violente non sexuelle et non sexuelle non violente des agresseurs sexuels, ce que l’instrument ne permettait pas précédemment. D’autre part, la connaissance des grandes dimensions de facteurs de risque est susceptible d’aider les évaluateurs à choisir et intégrer plusieurs mesures actuarielles. Cela se révèle particulièrement pertinent lorsque deux mesures du risque divergent, malgré qu’elles aient été conçues pour la même population. Finalement, nos résultats indiquent que les facteurs de risque statiques sont susceptibles de renseigner (imparfaitement) la pratique clinique quant aux besoins criminogènes des agresseurs sexuels. Bien que nous ne suggérions aucunement de substituer cette pratique à la cotation d’outils actuariels de troisième génération, elle pourrait se révéler pertinente pour les établissements n’ayant pas les ressources nécessaires pour coter de tels instruments. Au plan théorique, le modèle tridimensionnel comporte plusieurs avantages par rapport aux modèles à deux dimensions, traditionnellement constitués de la déviance sexuelle et de la délinquance générale/psychopathie (ex. : Doren, 2004). D’une part, les données empiriques supportent clairement la présence de trois dimensions du risque de récidive des agresseurs sexuels, et non deux. D’autre part, la troisième dimension permet d’intégrer une nuance importante au modèle, soit la distinction entre les intérêts sexuels déviants par leur objet de désir (ex. : pédophilie) et les intérêts sexuels déviants par leur aspect coercitif (ex. : sadisme sexuel). Cette distinction est primordiale, dans la mesure où ces intérêts sexuels ne prédisent pas les mêmes types de récidives. Finalement, notre modèle s’intègre au modèle étiologique du risque de Beech et Ward (2004), qui, lorsque complètement validé, pourra donner lieu à des efforts de prévention – une denrée rare dans le domaine. / Actuarial scales for the prediction of sexual violence have been criticised because they are purely based on atheoretical correlates. Therefore, they are unlikely to provide clinical and theoretical insight on the psychological traits and mechanisms that underlie criminal recidivism. However, according to latent variable models commonly used in psychology, patterns of behavior, thought, and emotion are caused by latent psychological constructs, such as extraversion and neuroticism. Because static and stable risk factors in actuarial scales are mostly behavioral, it should be possible to use them to infer the major psychological constructs responsible for recidivism risk. The current thesis applied latent variable models to nonredundant items from the Static-99R and Static-2002R, the two most commonly used risk tools for sexual offenders. Three dimensions were identified: 1) persistence in sexual crimes/paraphilia, 2) general criminality, and 3) youthful stranger aggression. To understand the psychological meaning of these dimensions, convergent and predictive validity analyses were conducted. Results indicated that persistence/paraphilia was related to dysregulation of sexuality towards atypical objects, without intent to harm, while general criminality was related to antisocial traits. Finally, youthful stranger aggression was related to a clear intent to harm victims. All three constructs predicted sexual recidivism with similar accuracy, but only general criminality and youthful stranger aggression predicted nonsexual recidivism. These results suggest that a tridimensional model of sexual offender risk is viable. That model has numerous practical implications. First, actuarial scales should sort items by constructs rather than rely on total scores. Total scores focus the predictive utility of risk scales to the specific outcome for which they were developed (usually sexual recidivism). When constructs are known, it is possible to improve the prediction of other outcomes by removing constructs unrelated to each of these new outcomes (e.g., removing sexual criminality items to improve the prediction of nonsexual recidivism). Second, construct-level approaches facilitate the integration of potentially conflicting risk scales. By understanding the constructs assessed by each scale, an evaluator can deduce which measures should be combined, and which should not. Finally, static risk constructs significantly correlate with psychological features that are found in dynamic risk scales. Consequently, scales composed entirely of static risk factors could – albeit imperfectly – inform the treatment needs of sexual offenders. These results could assist settings lacking the resources to implement dynamic risk tools. The tridimensional model also has theoretical implications. First, our model showed better statistical fit than classical two factor models based on sexual deviance and psychopathy (e.g., Doren, 2004), suggesting that there are more than two substantive dimensions related to sexual offender recidivism risk. Second, the presence of a third factor enabled an important distinction between noncoercive (e.g., fixated pedophilia) and coercive (e.g., sexual sadism) deviant sexual interests. Such a distinction is particularly relevant in the field of risk assessment, because they do not predict the same types of recidivism. Finally, our model can be integrated in Beech and Ward’s (2004) etiological model of risk, which, once fully validated, could enable primary and secondary prevention efforts.
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Housing trajectories of individuals found not criminally responsible on account of mental disorderSalem, Leila 04 1900 (has links)
Au Canada, les Commissions d'Examen des Troubles Mentaux de chaque province ont la responsabilité de déterminer les conditions de prise en charge des personnes déclarées Non Criminellement Responsables pour cause de Troubles Mentaux (NCRTM) et de rendre, sur une base annuelle une des trois décisions suivantes: a) détention dans un hôpital, b) libération conditionnelle, ou c) libération absolue. Pour favoriser la réinsertion sociale, la libération conditionnelle peut être ordonnée avec la condition de vivre dans une ressource d’hébergement dans la communauté. Parmi les personnes vivant avec une maladie mentale, l’accès aux ressources d’hébergement a été associé à une plus grande stabilité résidentielle, une réduction de nombre et de la durée de séjours d'hospitalisation ainsi qu’une réduction des contacts avec le système judiciaire. Toutefois, l’accès aux ressources d’hébergement pour les personnes trouvées NCRTM est limité, en partie lié à la stigmatisation qui entoure cette population. Il existe peu d’études qui traitent du placement en ressources d’hébergement en psychiatrie légale.
Pour répondre à cette question, cette thèse comporte trois volets qui seront présentés dans le cadre de deux manuscrits: 1) évaluer le rôle du placement en ressources d’hébergement sur la réhospitalisation et la récidive chez les personnes trouvées NCRTM; 2) décrire les trajectoires de disposition et de placement en ressources d’hébergement, et 3) mieux comprendre les facteurs associés à ces trajectoires. Les données de la province du Québec du Projet National de Trajectoires d’individus trouvés NCRTM ont été utilisées. Un total de 934 personnes trouvées NCRTM entre le 1er mai 2000 et le 30 avril 2005 compose cet échantillon.
Dans le premier manuscrit, l’analyse de survie démontre que les individus placés dans un logement indépendant suite à une libération conditionnelle de la Commission d’Examen sont plus susceptibles de commettre une nouvelle infraction et d’être ré-hospitalisés que les personnes en ressources d’hébergement. Dans le deuxième article, l'analyse de données séquentielle a généré quatre modèles statistiquement stables de trajectoires de disposition et de placement résidentiel pour les 36 mois suivant un verdict de NCRTM: 1) libération conditionnelle dans une ressource d’hébergement (11%), 2) libération conditionnelle dans un logement autonome (32%), 3) détention (43%), et 4) libération absolue (14%). Une régression logistique multinomiale révèle que la probabilité d'un placement en ressource supervisée comparé au maintien en détention est significativement réduite pour les personnes traitées dans un hôpital spécialisé en psychiatrie légale, ainsi que pour ceux ayant commis un délit sévère. D'autre part, la probabilité d’être soumis à des dispositions moins restrictives (soit le logement indépendant et la libération absolue) est fortement associée à des facteurs cliniques tels qu’un nombre réduit d'hospitalisations psychiatriques antérieures, un diagnostic de trouble de l'humeur et une absence de diagnostic de trouble de la personnalité.
Les résultats de ce projet doctoral soulignent la valeur protectrice des ressources en hébergement pour les personnes trouvées NCRTM, en plus d’apporter des arguments solides pour une gestion de risque chez les personnes trouvées NCRTM qui incorpore des éléments contextuels de prévention du risque, tel que l’accès à des ressources d’hébergement. / In Canada, Provincial and Territorial Review Boards are mandated to evaluate the risk and custody decisions about individuals found Not Criminally Responsible on Account of Mental Disorder (NCRMD) and render one of three dispositions: (a) custody, (b) conditional discharge, or (c) absolute discharge. To promote community reintegration, conditional discharge can be ordered with the condition to live in supportive housing. Among individuals living with a mental illness, supportive housing in the community has been associated with increased housing stability, reduced number and length of hospitalization and reduced involvement with the criminal justice system. However, NCRMD accused face great barriers to housing access as a result of the stigma associated with the forensic label. To date, there is little information regarding the housing placement for the forensic mentally ill individuals, such as those found NCRMD.
In order to address the dearth of literature on supportive housing for the forensic population, the goal of the present thesis is threefold and addressed through two manuscripts: 1) to evaluate of the role of housing placement on rehospitalization and recidivism among individuals found NCRMD; 2) to describe the disposition and housing placement trajectories of individuals found NCRMD, and 3) to explore the factors that predict such trajectories. Data from the Québec sample of the National Trajectory Project of individuals found NCRMD were used. A total of 934 individuals found NCRMD between May 1st 2000 and April 30th 2005 comprise this sample.
In the first paper, survival analyses showed that individuals placed in independent housing following conditional discharge from the Review Board were more likely to be convicted of a new offense and to be readmitted for psychiatric treatment compared with individuals residing in supportive housing. In the second paper, sequential data analysis resulted in four distinct trajectories: 1) conditional discharge in supportive housing (11%), 2) conditional discharge in independent housing (32%), 3) detention in hospital (43%) and 4) absolute discharge (14%). A multinomial logistic regression revealed that the likelihood of a placement in supportive housing compared to being detained significantly decreased for individuals treated in a forensic hospital, as well as those with an increased index offense severity. On the other hand, less restrictive disposition trajectories (i.e. independent housing and absolute discharge) were significantly influenced by clinical factors such as reduced number of prior psychiatric hospitalizations, a diagnosis of mood disorder and an absence of a comorbid personality disorder diagnosis.
The findings from this study point to the protective value that supportive housing can have on the community outcomes of forensic patients, and provides solid arguments for the development of a management strategy that incorporates contextual factors such as supportive housing.
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