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Inflation Forte et Transition à l'Est

Hueber, Olivier 12 December 1996 (has links) (PDF)
Cette thèse analyse les périodes de transition vécues par les économies anciennement planifiées de l'Europe Centrale et de l'ex-URSS. Compte tenu de la grande diversité qui existe entre tous ces pays -quant à la culture, les institutions politiques et sociales, l'histoire, la coordination des capacités productives - il est nécessaire de trouver un fil directeur grâce auquel il devient possible de mettre de l'ordre dans tout ce désordre, de tirer un enseignement de toute cette diversité. En d'autres termes, il s'agit de trouver un dénominateur commun à tous ces pays. Le choix du «fil» s'impose naturellement. Depuis le démarrage de la transition, toutes les économies auxquelles nous nous intéressons ont subi, ou subissent encore une considérable instabilité monétaire. Cette dernière a pu être observée au travers de fortes, persistantes et erratiques augmentations de prix. Les épisodes d'inflation forte, voire d'hyperinflation ont constitué et constituent encore pour de nombreux pays un puissant frein à la mise en place des réformes structurelles visant à instaurer des mécanismes de marché. Les pressions sur les prix ont contribué à une incertitude économique, à une instabilité, à l'appauvrissement de certains groupes vulnérables, à l'évasion de capitaux et à une période d'ajustement prolongée. Ainsi, pour comprendre les mécanismes économiques activés par l'écroulement du système de planification centralisée, cette thèse étudie les phénomènes monétaires car ils sont à la fois au coeur de tout système d'échange et constituent la clef permettant un retour à un sentier de croissance. L'analyse de la monnaie et des prix représente un «angle d'attaque» pour la compréhension des mutations économiques et sociales vécues par les ex-pays membres du COMECOM. Etudier la transition au travers l'étude des phénomènes monétaires est une entreprise qui vise d'une part, à comprendre les modes de fonctionnement réels des économies concernées et d'autre part de fournir des recommandations en terme de politique économique. Il apparaît nettement que les pays anciennement socialistes qui ont réussi peu ou prou à stabiliser leur monnaie obtiennent des résultats économiques réels (en terme de PIB, de taux de chômage, de commerce extérieur, de niveau de vie, de santé, d'éducation...) bien meilleurs que ceux qui ne parviennent toujours pas à contenir les pressions fortement inflationnistes. Aussi, les aspects monétaires et réels de la transition à l'Est sont étroitement imbriqués. Cette constatation vient renforcer le choix méthodologique de départ. L'étude des pressions inflationnistes permet celle des différents modes de coordination des économies étudiées car c'est à ce niveau que l'enjeu se situe. L'inflation forte a un impact direct sur la coordination des activités et la question qu'il convient de se poser est celle de savoir si cet impact est bénéfique ou non, en d'autres termes s'il menace la viabilité des réformes économiques décidées par les gouvernements des pays qui cherchent à introduire des mécanismes d'échanges marchands performants. Selon la réponse obtenue à cette question, il devient alors possible de mesurer la portée des politiques économiques, de comprendre si elles permettent l'aménagement d'un changement structurel favorisant le développement. Ainsi, l'objectif de la thèse est double. Premièrement, il est d'améliorer notre compréhension des processus fortement inflationnistes en eux-mêmes. Les économies de l'Est traversant des périodes de fortes instabilités monétaires réalisent une mauvaise coordination des activités économiques et il est nécessaire de comprendre pourquoi. Deuxièmement, il est de savoir quelles sont les mesures de politiques économiques et monétaires que doivent prendre les gouvernements confrontés à de fortes inflations. Le chemin à parcourir pour atteindre ces deux objectifs exige le franchissement de plusieurs étapes, lesquelles correspondent respectivement aux quatre parties de ce travail. La première partie (I.) présente les mécanismes économiques et monétaires qui ont été activés par la dissolution du système de planification centralisée. Afin de placer l'analyse dans son contexte historique et géographique, le premier chapitre (I.1.) décrit les principaux problèmes qui se sont posés tant aux gouvernements qu'aux agents privés. Il apparaît nettement que les inflations fortes et les hyperinflations sont un facteur commun auquel est confronté l'ensemble des Etats de l'ex-URSS et de l'Europe Centrale (I.2.). A ce propos, à l'appui des travaux de Daniel Heymann et Axel Leijonhufvud une définition de nature comportementale de l'inflation forte est adoptée. L'inflation est à un niveau modéré lorsque les agents la mesurent en pourcentage annuel et forte lorsqu'ils la mesurent par mois. Selon cette même logique, une économie atteint un état d'hyperinflation lorsque l'horizon temporel des agents pour coter les prix descend au -dessous du mois. Une fois établie la place prédominante des inflations fortes dans les mécanismes économiques et monétaires activés par les périodes de transition, il est très instructif d'observer les différentes réponses qui ont été apportées par plusieurs pays de l'Est pour rétablir une certaine stabilité monétaire (I.3). La présentation de la réalité économique à laquelle est confrontée l'Europe de l'Est depuis le début de la décennie, serait incomplète si elle n'était mise en parallèle avec celle des différents épisodes d'inflation forte et d'hyperinflation qui ont marqué le vingtième siècle. Cette préoccupation fait l'objet du dernier chapitre de cette partie (I.4.). Une fois présentés les principaux mécanismes économiques et monétaires en présence dans les pays de l'Est de l'Europe et montré que les pressions inflationnistes se situent au coeur des problèmes posés par la transition vers l'économie de marché, il devient indispensable de chercher quels sont les apports et limites de la théorie de la monnaie et de la finance pour l'étude des périodes d'inflation forte et d'hyperinflation. Ainsi, l'objectif de la deuxième partie est de mettre en lumière les principaux développements de la littérature économique cherchant à expliquer les causes et conséquences de telles périodes (II.). Les deux premiers chapitres de la deuxième partie sont mis en opposition de façon à pouvoir observer les processus d'inflation forte de la même manière que l'on observerait les deux côtés d'une même médaille. Ce choix est motivé par le souci de fournir une présentation, la plus complète possible, de l'ensemble des questions théoriques posées à quiconque cherche à comprendre les périodes d'instabilité monétaire. En conséquence, le premier chapitre présente les théories «standard» appréhendant l'expansion de monnaie comme une cause de l'augmentation des prix - modèle de Cagan, Lelièvre, Sokic (II.1) tandis que le deuxième chapitre explicite les théories concevant l'expansion de monnaie comme la conséquence de l'augmentation des prix - littérature germanique des années 20: Von Mises, Bortkiewicz, Hellferich (II.2.). Ces deux courants sont complémentaires et de leur confrontation peut être dégagé un certain nombre d'enseignements théoriques. La littérature sur les inflations fortes et les hyperinflations a connu un renouveau certain depuis l'apparition d'une grande instabilité monétaire dans tous les pays en transition de l'Est de l'Europe. Aussi, ce panorama ne serait pas complet sans une présentation détaillée des récents développements de la modélisation économique traitant des pressions inflationnistes dans les pays anciennement planifiés. Le dernier chapitre de la deuxième partie vise donc à réaliser cet objectif (II.3.). Il apparaît que la plupart des analyses portant sur les périodes fortement inflationnistes se résume à un simple raisonnement de «cause à effet» allant généralement de la création de monnaie (M) vers l'inflation (P), via le déficit budgétaire. Certes, il ne vient à l'idée de personne de remettre en question le fait qu'une création excédentaire de monnaie provoque in fine une variation du niveau général des prix. Les économies de l'ex-CAEM n'échappent pas à cette règle, mais pour comprendre la réalité et lui donner une explication, il est nécessaire de sortir de la simple causalité monnaie-inflation. Il est impossible au travers de telles constructions d'expliquer les origines, les conséquences et les influences «non monétaires» des inflations fortes. Pour positionner l'analyse au niveau du fonctionnement des économies confrontées à de forts et persistants taux d'inflations, il convient de se placer dès le départ dans une conception résolument hors équilibre des mécanismes d'instabilité monétaire (III.). L'enjeu est de taille. L'inflation forte est l'archétype d'une situation économique extrême (III.1.) La vraie question n'est pas tant de connaître l'impact de l'offre de monnaie sur les revenus de la création monétaire (le seigneuriage) mais plutôt de définir quels sont les mécanismes économiques à la source du vaste mouvement d'émission de nouvelle monnaie. Il s'agit donc d'étudier les différents effets de l'inflation forte sur le fonctionnement réel des économies de l'Est de l'Europe. Cette préoccupation fait l'objet du deuxième chapitre de la troisième partie (III.2.). Une nouvelle méthode d'analyse permettant d'intégrer les aspects non monétaires de l'inflation forte est donc nécessaire. Le troisième chapitre de la troisième partie présente donc une nouvelle approche (III.3.). Cette dernière est construite puis développée sur la base des recherches d'Alex Cukierman, d'Axel Leijonhufvud et de Nicholas Goergescu-Roegen. Ces trois auteurs visent à répondre à la même question, à savoir: pourquoi des gouvernements choisissent d'émettre de la monnaie à un taux inflationniste? Posée en ces termes, il convient d'opérer un changement de perspective afin de remonter en amont de la traditionnelle chaîne causale: déficit - création de monnaie - inflation. Un tel renversement de méthodologie requiert l'adoption et le développement d'un cadre d'analyse initié par Leijonhufvud et dénommé «bottom up». Cette nouvelle approche endogéneise les variables à l'origine des émissions de nouvelle monnaie c'est-à-dire celles qui contraignent les gouvernements à faire appel au seigneuriage comme source de financement public. En conséquence, elle se base sur une connaissance approfondie de l'environnement économique des pays qu'elle se propose d'étudier. Aussi, la compréhension du fonctionnement des sociétés subissant de fortes et erratiques augmentations de prix doit passer par une caractérisation précise du régime monétaire. Le recours au concept de régime permet d'étudier comment les agents publics ou privés, vivant dans une situation d'extrême instabilité monétaire, sont capables de prédire les conséquences de leurs actions. L'analyse focalise alors sur l'attitude des agents, ce qui à ce propos, est cohérent avec la définition de nature comportementale des inflations fortes et des hyperinflations adoptée dès le début de cette thèse. La méthodologie élaborée dans cette troisième partie est donc de type «bottom up» et son champ d'application est le régime monétaire. Il devient alors possible d'établir une typologie des différents régimes et de distinguer entre les régimes fiables (c'est-à-dire ceux favorisant une bonne interaction entre les agents) et les régimes non viables (détruisant les mécanismes de coordination au sein des économies étudiées). L'intérêt d'une telle distinction est de permettre à l'analyse de donner un contenu autonome à la politique économique. En présence d'un régime monétaire non fiable, la politique économique doit réduire la complexité des stratégies suivies par les agents et à définir des règles de décision transparentes. En d'autres termes, il s'agit de forger un environnement propice à une bonne coordination des activités. L'étude des différentes politiques à mettre en oeuvre pour mettre fin, à ce que Georgescu-Roegen nomme, un «état d'inflation» fait l'objet du dernier chapitre de la troisième partie (III.4.). Cette nouvelle méthodologie ne doit pas se résumer à un pur exercice de réflexion théorique. A cet égard, l'approche de type «bottom up», ancrée sur le concept de régime monétaire, est élaborée pour donner une interprétation et des solutions à l'instabilité monétaire frappant encore aujourd'hui plusieurs économies anciennement planifiées. Aussi, la dernière phase de ce travail (IV.) cherche au travers l'étude d'un cas concret à tester le pouvoir actuel de la démarche élaborée dans la partie précédente. Le champ d'application en est l'Ukraine et ce choix est motivé par le fait que l'inflation forte a constitué le handicap majeur de la transition dans ce pays situé au coeur de ce que l'on appelait le «bloc de l'Est». Comme l'approche «bottom up» le préconise, l'analyse doit se fonder sur une solide connaissance des mécanismes de coordination à l'oeuvre dans l'économie étudiée. Cette préoccupation fait l'objet du premier chapitre (IV.1.). Il devient alors possible d'utiliser une approche «bottom up», via la caractérisation du régime monétaire (IV.2.). Une telle entreprise autorise alors d'une part à proposer plusieurs mesures de politique économique et monétaire et d'autre part à évaluer les chances de succès de la très récente réforme monétaire introduite par le gouvernement de ce pays (IV.3.). La suppression de l'instabilité monétaire exige des réformes visant la structure même de l'organisation industrielle, la fiscalité et le régime des changes. Enfin, le dernier chapitre de la quatrième partie présente un test statistique, lequel vient confirmer un certain nombre de conclusions obtenues au travers l'étude du cas Ukrainien (IV.4.).
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L'intégration monétaire et les pays émergents : application au Maghreb / Monetary Integration in Emerging Countries : the case of the Maghreb

Belhadj, Aram 06 January 2014 (has links)
Cette thèse s’intéresse à l’option de création d’une union monétaire entre les trois pays du Maghreb, àsavoir l’Algérie, le Maroc et la Tunisie. Elle essaye de répondre aux interrogations suivantes : quelles sont lescaractéristiques des régimes monétaires des pays du Maghreb et comment leurs choix sont-ils justifiés ? Les structures et lesinstitutions de ces pays les rendent-ils éligibles à une union monétaire ? Quelles conséquences macroéconomiques ces payspourront-ils supporter s’ils décident de créer cette union ? Existe-t-il des régimes monétaires alternatifs plus appropriés leursfacilitant in fine la transition vers l’étape ultime de l’intégration monétaire ?Afin de répondre à ces questions, nous avons opté pour la présentation de quatre chapitres. Nous avons décritdans un premier chapitre les fondements théoriques de l’intégration monétaire à travers l’étude de la théorie desZones Monétaires Optimales (ZMO), ses développements, ses lacunes, ses prolongements et ses applicationsempiriques. Nous avons tenté dans un deuxième chapitre de spécifier les mécanismes structurels et institutionnelssusceptibles de garantir la viabilité du processus d’intégration monétaire et de faire recours à quelques expérienceshistoriques. Nous avons essayé dans un troisième chapitre de décrire les régimes monétaires pratiqués par lespays du Maghreb et d’expliquer l’origine de leur hétérogénéité avant d’expliciter les possibilités de création d’uneZMO en présence de cette hétérogénéité. Enfin, nous avons cherché dans un quatrième chapitre à évaluer lesconséquences de la création d’une union monétaire entre les trois pays. Nous avons aussi proposé les régimesmonétaires envisageables qui leur permettent in fine une transition réussie vers cette union monétaire.Nos principaux résultats montrent que la création d’une union monétaire -et son corollaire la mise en place d’unerègle monétaire commune- n’est pas bénéfique, surtout pour l’Algérie du fait que la variabilité de l’inflation et del’activité est beaucoup plus importante qu’au Maroc ou en Tunisie. D’autre part, il a été convenu quel’harmonisation des cibles d’inflation dans le cadre d’un taux de change quasi-flexible ou l’instauration simultanéed’une caisse d’émission pourraient être des régimes monétaires appropriés permettant à ces trois pays unetransition réussie vers l’unification monétaire. / This thesis focuses on the option of the launching of a monetary union across three Maghreb Countries, notablyAlgeria, Morocco and Tunisia. It tries to answer the following questions: What are the characteristics of monetaryregimes in the Maghreb Countries and what are the underlying factors for their choices? Do the countries’ structures andinstitutions constitute a favourable environment for the creation of a monetary union between these countries? What would bethe macroeconomic consequences for these countries if they decided to create a monetary union? Are there any alternativemonetary regimes which would enable them to move toward the final steps of monetary integration in a more appropriate way?In order to answer these questions, we opted for a presentation of four chapters. In a first chapter, we describedthe theoretical foundations of monetary integration through the study of Optimum Currency Area Theory (OCA),their theoretical developments, their drawbacks, their extensions and their empirical applications. We tried in asecond chapter to present the structural and institutional mechanisms that insure the viability of the monetaryintegration process and to recourse to some historical experiences. We attempted in a third chapter to describe themonetary regimes currently in use in the Maghreb Countries and to explain the origin of their heterogeneity beforeanalyzing the possibility of setting up an OCA in this context of heterogeneity. Finally, in a fourth chapter, weassessed the consequences of the creation of a monetary union across the three countries. We also suggest possiblemonetary regimes which, in fine, might allow these countries to successfully move toward monetary union.Our main results show that the creation of a monetary union –and its corollary the implementation of a commonmonetary rule- is not beneficial, especially for Algeria where the variability of inflation and activity is moreimportant than in Morocco and Tunisia. On the other hand, we came to the conclusion that the harmonization ofinflation targets within a quasi-flexible exchange rate or the simultaneous setting up of a currency board in thesecountries could represent an appropriate monetary regime which would allow a safe move to monetary union.

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