C'est lorsqu'Oscar Romero assurera la charge d'archevêque de San Salvador, à l'âge de soixante ans, qu'il deviendra le défenseur des pauvres et des opprimés tel que la presse internationale le fit connaître au monde entier à la fin des années soixante-dix. Le premier chapitre de ce mémoire traite de l'histoire du El Salvador afin de permettre au lecteur de mieux situer le contexte où évolue Mgr Romero. D ès la conquête espagnole, les rapports sociaux sont établis selon une dynamique de domination et d'exclusion fondée sur la race. Afin de maintenir coûte que coûte ces rapports de domination, une force armée est constituée à partir des premiers jours de l'indépendance. Celle-ci sera chargée de maintenir l'ordre établi et se confondra de plus en plus avec l'État et le pouvoir politique. Pour cette raison, la dictature militaire demeurera longtemps le seul modèle de gouvernement en ce pays, et ce malgré de nombreux simulacres d'élections démocratiques. Le second chapitre, assez bref, est consacré à l'enfance d'Oscar Romero et à ses années de séminaire à San Miguel puis à Rome. Suivront ses 25 années de prêtrise à San Miguel, d'où il part en 19 67 pour devenir secrétaire de l'Assemblée des Évêques. Cette époque, au sein de la hiérarchie catholique, est marquée d'une forte propension de Romero au conservatisme. Ce n'est que lorsqu'il devient évêque du diocèse de Santiago de Maria en 1974, qu'il commence à s'ouvrir les yeux sur la réalité sociale de son peuple et de son pays. Le troisième chapitre, le plus important, porte sur les années tumultueuses au cours desquelles il accède au poste d'archevêque de San Salvador. Oscar Romero ne dirige les destinées de son archidiocèse que durant une période de trois ans, mais cela est amplement suffisant pour se faire craindre et haïr des riches et des puissants qui veulent maintenir leurs privilèges même au prix du sang du peuple. C'est pour avoir dénoncé l'idolâtrie de la richesse et du pouvoir qu'il est assassiné, le 24 mars 1980, au moment d'offrir le pain et le sang de la Rédemption universelle.

Oscar Romero est l'une des figures les plus marquantes de l'Église latino-américaine. Durant les trois années où il est à la tête de l'archidiocèse de San Salvador, il prononce une série d homélies qui deviennent la parole la plus libre et la plus autorisée du pays sur les questions se rapportant aux droits humains et à la justice sociale. Son assassinat, au début de la guerre civile, en fait un personnage incontournable de l'Église contemporaine. Son oeuvre, un classique, constitue un condensé des principaux thèmes de la théologie de la libération de cette époque. Les homélies d'Oscar Romero en plus d'être une chronique incontournable des événements de ces années tragiques, manifestent un point de vue original quant à l'engagement politique du chrétien face aux exigences de l'histoire. L'originalité de cette théologie provient d'un heureux mariage entre la tradition sociale de l'Église et les pratiques pastorales de libération. Romero discerne les enjeux historiques en rapport avec le Salut, mettant en lumière les lois et les limites qui régissent ces deux mondes et les exigences mutuelles qui en découlent.