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"Tempus edax rerum" ("Le temps rongeur dévore tout", Ovide) : le voyage sur ses propres pas dans les écrits du prince Henryk Lubomirski / "Tempus edax rerum" ("Time devours everything", Ovid) : the journey on one's own steps in the writings of prince Henryk LubomirskiChlanda, Dorota 11 December 2015 (has links)
La thèse intitulée « Tempus edax rerum » (« Le temps rongeur dévore tout », Ovide). Le voyage sur ses propres pas dans les écrits du prince Henryk Lubomirski aborde la question d’un second voyage et les incidences du retour dans les mêmes endroits sur la perception de l’auteur. Cette problématique est étudiée à partir de documents manuscrits méconnus jusqu’à présent : le journal de voyage du prince Henryk Lubomirski, la correspondance avec sa mère adoptive la princesse Izabela Lubomirska, et d’autres témoignages conservés dans des archives en Pologne et en Ukraine. Pour entamer nos études, il a fallu définir le phénomène du second voyage qui, pour nous, relève de l’expérience réelle du déjà-parcouru. Cette répétition de l’itinéraire permet de constater les divergences dans la perception des mêmes paysages, sites, monuments dues à divers facteurs, entre autres le vécu et l’histoire personnels qui forment, modifient, varient la sensibilité et la susceptibilité du voyageur. Nous cherchons donc à déterminer la spécificité du regard redoublé, voire renouvelé indépendamment des motifs du déplacement, de sa destination et de la biographie du voyageur. Dans la première partie de la thèse, nous présentons l’histoire du second voyage à partir du Moyen Âge, l’époque où le phénomène est très rare, jusqu’à la Révolution qui marque une rupture, qui met un terme à un certain type de périple et donne naissance à une pratique viatique liée à la nouvelle sensibilité issue de ce grand bouleversement. Nous essayons de démontrer ce qui est particulier et ce qui est universel dans cette expérience. Le second voyage est analysé à partir des pérégrinations de Goethe à travers l’Italie et des retours de Chateaubriand à Londres et à Rome. Chez ces grands écrivains la répétition évoque des émotions différentes. Goethe est déçu, les nouvelles impressions chassent les anciennes, la valeur associée au second voyage se fonde sur l’effacement. Chateaubriand, par contre, tente un rapprochement entre différentes périodes de sa vie et il constate une accumulation des sensations. Les deux exemples des voyageurs polonais qui ont effectué un second voyage complètent ce parcours historique. Dans la deuxième partie, nous exposons la biographie du prince Henryk Lubomirski et les circonstances de son second voyage. Nous parlerons de sa formation et de l’influence décisive de sa mère adoptive qui sera la compagnonne de son Grand Tour dans les années 1789-1790, ainsi que de son activité à l’âge mûr, à savoir la protection du patrimoine culturel polonais. En 1811, le prince et sa famille quittent Genève à cause de problèmes de santé de son épouse. Le séjour dans le Midi devait l’aider à se remettre et à retrouver l’équilibre mental. Cette pérégrination se déroule à travers la France postrévolutionnaire, partout les traces des bouleversements historiques se laissent percevoir. Le prince Lubomirski décrit minutieusement leur itinéraire, le logement, les moyens de transport et les manifestations culturelles auxquelles il assiste. Il note aussi les prix et donne d’autres renseignements pratiques. Ce qui l’intéresse, c’est le paysage qu’il perçoit avec une nouvelle sensibilité si caractéristique pour cette époque charnière. La recherche du sublime et les réflexions sur la relation entre la nature et l’état de l’âme ainsi que sur la fragilité du destin humain se multiplient dans le récit. La troisième partie est consacrée à la question de la mémoire et à ses différentes apparitions : individuelle, collective, nationale. Nous observons qu’aucun regard n’est « innocent », il est toujours chargé de l’histoire personnelle du sujet. La mémoire permet d’opérer une relecture des endroits déjà visités et déclenche des souvenirs. Grâce à son activité affective, elle transforme des lieux neutres en emblèmes de l’agréable, le voyageur récupère le monde disparu et se retrouve soi-même. / The purpose of the thesis « Tempus edax rerum » (« Le temps rongeur dévore tout », Ovide). Le voyage sur ses propres pas dans les écrits du prince Henryk Lubomirski is to approach the question of the second journey and the repercussions of the comeback to the same places on the author's perception. These problems are undertaken through the careful lecture of a number of up-to-date unknown manuscripts: that is, prince Henryk Lubomirski's travel diary and the correspondence with his adoptive mother Izabella Lubomirska, as well as others testimonies.In the preliminary part of the research, it was necessary to define the second journey, which for the purposes of this study, is a real experience of the already-visited. The very repetition of the itinerary allowed to discern the differences in the perception of landscapes, places of interest and historic monuments, all due to different factors; among which are someone's real life experience which form, modify and vary the traveller's sensibility. This in turn made possible an attempt to investigate the specificity of the doubled or renewed look apart from the underlying reasons, such as journey destination, motivation of the traveller, and the biography of the latter.The first part presents the history of the second journey, tracing it back to the Middle Ages, when it was a very uncommon phenomenon, and concluding with the French Revolution which is the moment of a sudden change, putting an end to one kind of travelling and giving way to another experience related to new sensibility, deriving from revolutionary upheaval. Thus, the study attempts to reveal particularity and universality of the second journey in the post-revolutionary era.This in itself is looked at through the lens of Goethe's peregrination across Italy and Chateaubriand's comebacks to Rome and London. In their texts the repetition evokes different emotions. Goethe being disappointed, in his account the new impressions drive away the old ones. Thus, for him the value of the second journey is based on erasing. Chateaubriand, on the other hand, draws a parallel between different times of his life as he observes the accumulation of sensations. The accounts of two Polish travellers from the period complete this historical section.In the second part are approached prince Henryk Lubomirski's biography and the circumstances of his second journey. In particular, his cultural background is taken into account as well as his adoptive mother's influence on his upbringing. She accompanied him in his Grand Tour in 1789-1780 and later on, in his maturity, assisting him in the task of the Polish cultural heritage protection.In 1811 he and his family leave Geneva because of his wife health problems. The stay in the South of France was planned to help her in her recovery and finding mental equilibrium. The journey takes place across post-revolutionary France where traces of atrocities are still clearly visible. The prince describes meticulously itinerary, means of transport, accommodation and events he attends. He writes down prices and practical information. He is particularly fond of landscapes he looks at with new sensibility, characteristic for the period. The sublime search, reflexions on the relation between nature and the states of soul and the fragility of the human fate multiply in the relation.The third part is related to memory and its different dimensions: individual, collective and national. We note that there is no innocent perception, it is always tinged with author's personal history. The memory lets the traveller read again places already visited and triggers memories. Thanks to its affective activity it converts neutral places into symbols of the pleasant, allowing the traveller to succeed in his perennial quest of recovering the world that no longer exists and finding himself back.
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