Dans un contexte concurrentiel et réglementaire croissant des banques, face à une crise financière qui interroge les usages de l’argent, peut-on faire de la banque autrement ? Nous tentons de répondre à cette question en centrant notre analyse sur le cas de La Nef, petite coopérative de finance solidaire fondée sur un projet alternatif. La Nef, d’abord institution financière et disposant aujourd’hui d’un agrément bancaire, en 20 ans a grandi et s’est professionnalisée. Sa trajectoire est marquée par des formes d’isomorphismes que nous identifions et qui provoquent une hybridation de son modèle coopératif. Nous construisons et analysons l’installation des banquiers itinérants comme innovation organisationnelle dans le but de la réaffirmation du projet coopératif. En apportant de l’hétéromorphisme et de l’hetéropraxisme dans l’organisation, ces banquiers itinérants ancrent l’organisation dans son territoire et les enjeux de son développement. Cette expérimentation constitue-t-elle un processus de reconquête coopérative, et qu’en est-il de sa diffusion ? Nous avons participé et suivi les processus à l’œuvre dans le cadre d’une recherche intervention sur 5 ans. Notre cadre d’analyse s’inscrit dans une perspective néo institutionnaliste et articule isomorphisme, proximité et traduction. Nos résultats montrent que l’implantation des banquiers itinérants redynamise le tissu coopératif et le sociétariat et amène une croissance de l’activité. Elle entraine un rééquilibrage des phénomènes d’hybridation favorable au projet social et à l’activité économique. Le déploiement des Banquiers Itinérants est à l’œuvre et méritera d’être analysé dans les formes de son développement. / In a context of increasing competition and international regulation in the banking system, and facing a financial crisis which questions the uses of money, is another way of banking possible? We try to answer this question through the analysis of the case study of the Nef, a little solidarity-based finance cooperative based on an alternative project. The Nef, at first a financial institution which later in 2014 got a banking agreement, grew up over 20 years and professionalised. We identify the various types of isomorphism which marked its trajectory and cause a hybridisation of its cooperative model. We build up and analyse the set up of itinerant bankers as an organisational innovation, in order to reaffirm the cooperative project. As they bring heteromorphism and heteropraxy into the organisation, these itinerant bankers anchor the organisation in its territory and the stakes of its development. Is this experiment a process of cooperative recovery, and will it spread ? We took part and followed the undergoing processes within a 5 year intervention research. Our analysis focuses on isomorphism, proximity and translation in a neo-institutional perspective. Our results show that itinerant bankers set up revitalise the cooperative system and shareholder relations as well as a business growth. Thus the experience show a rebalancing in hybridisation phenomena favourable to the social project and stimulating economic activity. The deployment of itinerant bankers is recent, and will deserve to be studied in its forms of development.

Cette thèse met en exergue les spécificités de la gouvernance des banques coopératives et du comportement financier de leurs parties prenantes (clients/employés). Le premier chapitre montre que les banques coopératives européennes (Allemagne, Autriche, Danemark, France, Italie) ont un pouvoir de marché plus faible que les banques commerciales. Les différences s’expliquent par des prix plus faibles pour les banques coopératives. Ces résultats suggèrent que les banques coopératives contribuent à améliorer la concurrence et le bien-Être des clients.Le second chapitre montre que les clients des banques coopératives (Allemagne, France et Italie) supportent des « switching costs » moins élevés que les clients des banques non-Coopératives. Ces résultats corroborent la spécificité de la gouvernance des banques coopératives. Cette étude montre que les « switching costs » ont un effet négatif sur la concurrence bancaire. Le troisième chapitre trouve que les motifs financiers expliquent l’achat des parts sociales. Ces résultats contredisent les « explications officielles » avancées par les instances représentatives des banques coopératives qui indiquent que les parts sociales sont achetées par les clients dans un but non-financier.Le quatrième chapitre montre que les employés des banques coopératives sont sujets au biais de familiarité et investissent dans les actifs financiers de leur banque (actions, parts sociales, obligations). Nos résultats suggèrent que la connaissance financière ne réduit pas ce biais comportemental. / This dissertation deals with the characteristics of cooperative banks’ governance and the financial behavior of their stakeholders (clients/employees). Chapter 1 shows that European cooperative banks (Austria, Denmark, France, Germany, and Italy) have a lower market power than commercial banks. Differences are explained by lower prices for cooperative banks. These results suggest that cooperative banks contribute to enhance competition and customers’ welfare.Chapter 2 stressed that clients of cooperative banks (France, Germany, and Italy) have on average lower switching costs than clients of commercial banks. This result is in line with the governance of cooperative banks. In addition, this study shows that switching costs impact negatively banking competition.Chapter 3 shows that financial motives explain cooperative member shares purchases. These results contradict the official reasons given by the representative institutions of cooperative banks which indicate that non-Financial motives dominate when clients decide to become member of their cooperative bank. Chapter 4 shows that employees of cooperative banks are prone to familiarity bias and invest in financial assets of their own bank (Bonds, member shares, stocks). Our results suggest that financial literacy does not reduce familiarity bias.