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Le Ventre de Vingtras. Nourritures terrestres et langagières dans la Trilogie de Jules Vallès / Vingtras’ Belly : earthly nourishment and the nourishment from language in the Trilogy of Jules VallèsKhelil, Mourad 14 December 2016 (has links)
La Trilogie de Jules Vallès accorde une part significative à la question alimentaire et à la vie digestive de son héros, Vingtras. Dans cette perspective, chaque roman du triptyque se charge d’une signification : L’Enfant devient le roman de la maltraitance alimentaire ; Le Bachelier, celui du diplômé affamé ; L’Insurgé, celui de la révolte des Maigres contre les Gras. De manière plus précise, la nourriture dans la Trilogie se trouve constamment liée à la langue, à l’écrit et à l’oral. La nourriture vallésienne apparaît ainsi autant terrestre que langagière : un va-et-vient constant s’opère entre ces deux faces de la même pièce. Les productions langagières permettent de se nourrir ; la nourriture permet d’écrire, de produire du texte et donc de survivre. Un cycle fragile s’instaure : à chaque moment, un aléa scolaire, littéraire ou journalistique peut remettre en cause le pain durement gagné ; et, parallèlement, à chaque moment, l’écrit peut se révéler incapable de « nourrir son homme ». La précarité alimentaire de l’homme de lettres s’avère bien proche de celle de l’ouvrier. Cette particularité de la Trilogie – l’omniprésence de la nourriture, sous toutes ses formes – nous invite donc à nous interroger sur les interprétations possibles du thème alimentaire dans l’œuvre. Relève-t-elle d’un traumatisme familial et scolaire ? Renvoie-t-elle à une métaphore de la création littéraire ou à une question sociale qui concernerait un prolétariat mal nourri dont Vallès partagerait les souffrances ? Ou est-ce que la question alimentaire permet à Vingtras de dresser son propre « autoportrait en mangeur » ? / Food and the digestion of its hero, Vingtras, play a significant role in the Trilogy of Jules Vallès. In this respect it can be said that each novel in the triptych takes on a distinctive meaning : L’Enfant is the novel about maltreatment dealing with food, whereas Le Bachelier treats the undernourished graduate. L’Insurgé deals with the revolt of the Thin against the Fat. Even more specifically, food in the Trilogy is always linked to the question of language, both written and spoken. Food for Vallès can thus be something literally produced by the soil or it can be related to language, with a constant shift between these two sides of the same coin. What one produces with language makes it possible to feed oneself. With food, one can write, produce texts and thereby eke out a living. A very fragile cycle emerges : an unforeseen event at school, in one’s writing or journalistic efforts can call into question one’s hard-earned bread. At the same, and at each instant, one’s writing might not be enough for one to be able to eat. The writer’s precarious relation to food turns out to be close to that of the manual worker. This feature of the Trilogy – the omnipresence of food in all it forms – leads us to examine possibile interpretations of the theme of food in the work. Is there a reference to some personal or academic traumatism ? Does it refer to a metaphor for literary creation or to a social question dealing with the undernourished proletariat whose suffering Vallès identified with ? Or is the subject of food a means for letting Vingtras reveal to the reader his self-portrait as an eater ?
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